samedi 31 mars 2007

Pierre Haski, Pascal Riché, et Laurent Mauriac dévoilent leur futur média participatif


J'ai profité d'un passage à Paris ce vendredi pour aller rendre visite à Pierre Haski, Pascal Riché, et Laurent Mauriac. Avec une poignée de confrères, les trois journalistes de Libération quittent le grand quotidien français pour se lancer dans l'aventure passionnante du média participatif : un site internet d'actualités co-écrit par les internautes, un réseau d'experts et une quinzaine de journalistes.

Prévu pour l'automne prochain, Rue89 est aujourd'hui en pleine phase de tests.
En attendant de vrais bureaux, l'affaire se monte dans la cuisine de Pierre Haski. Ambiance "back to the roots", comme aux premiers temps de Libé.
Ordinateurs portables posés en vrac sur la table en bois, au milieu des papiers et des caméras. Ici, on refait le journalisme.

Rencontre en vidéo :





(Vous pouvez suivre le making off de "Rue89" sur le blog du projet)

mardi 27 mars 2007

85% des rédacteurs en chef sont optimistes sur l'avenir de leur journal

C'est le résultat étonnant d'une enquête présentée aujourd'hui par le World Editors Forum, Reuters et Zogby, et réalisée auprès de 435 cadres dirigeants de la presse écrite dans le monde.
Selon ce premier "baromètre de la rédaction", les rédacteurs en chef ont donc plutôt confiance en l'avenir de leur titre. Même parmi les journaux qui ont vu leur diffusion diminuer au cours des cinq dernières années, 80 pour cent des journaux sondés restent optimistes."
Et même si 35% seulement "estiment que le journal imprimé conservera sa suprématie".

"51% sont convaincus que la qualité du journalisme va s'améliorer." 3/4 d'entre eux pensent que le renforcement de l'interactivité entre lecteurs et médias va dans le sens de cette amélioration.
Les 2/3 pensent "que les pages d'opinions et d'analyses prendront de l'importance", ce qui va dans le sens du web et de la conversation.
A ce propos "huit journaux sur dix considèrent le Web et les nouveaux médias comme un complément souhaitable au journal."
"40 pour cent des rédacteurs en chef pensent que le Web deviendra le moyen le plus courant pour s¹informer d'ici dix ans ." Un sur dix pensent qu'il s'agira plutôt du téléphone portable, et 7% citent le e-paper (le papier électronique).

Sur la gratuité : "les journaux interrogés sont divisés presque équitablement entre ceux qui pensent que la plupart des informations, tant imprimées qu'en ligne, seront
gratuites dans l¹avenir et les autres."

La conviction est là, reste la mise en oeuvre. Pas simple. Bonne nouvelle : les rédacteurs en chef "réalisent que le contenu est plus important que jamais et que la diminution des ressources éditoriales n'est pas du tout une solution efficace", constate Bertrand Pecquerie, directeur de World Editors Forum. "Le remodelage de l'information se fera avec les journalistes, plutôt qu'à leurs dépends."

Il faut donc former, c'est désormais une priorité des cadres dirigeants de la presse. Mais aussi recruter de nouveaux journalistes et les mettre au coeur de ces nouveaux moteurs d'information. Il ne faut plus voir Internet comme une machine à distribuer l'information du journal, mais comme une plateforme nouvelle, intégrant le papier, mais avec des modes de fonctionnement éditoriaux spécifiques.
"La grande majorité des rédacteurs en chef estime que le rôle des journalistes est de "converser" avec les lecteurs plutôt que de leur "donner des leçons"", complète Monique Villa, directrice générale de Reuters Media. On est au-delà de la conversation, je pense : converser avec l'internaute mais aussi éditer et valoriser ses contributions à l'information.

Cette étude est publiée dans le dernier numéro de l'étude annuelle "Trends in Newsrooms",qui vient de paraître.

Le Dauphiné Libéré,premier quotidien français présent sur Second Life


Je retranscris juste la dépêche AFP qui vient de tomber :

"Le Dauphiné Libéré organise un débat dans le monde virtuel de «Second Life»
"GRENOBLE, 27 mars 2007 - Le Dauphiné Libéré, qui affirme être le premier journal français à s'être installé dans le monde virtuel «Second Life», annonce qu'il organise mardi soir un débat politique autour de l'élection présidentielle, centré sur la politique étrangère de la France."
"«A partir de 19H00, et pendant une heure", les représentants des six candidats à la présidentielle "qui sont présents sur Second Life, Jean-Marie Le Pen, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Dominique Voynet et José Bové répondront aux questions de deux journalistes du Dauphiné libéré représentés par leurs avatars», explique Benoît Raphaël, responsable des projets internet du quotidien."
"«Le lendemain, nous retranscrirons les débats et nous les mettrons sur le site politique du Dauphine Libéré "Quelcandidat.com"».
"
«Sur Second Life, le nombre de participants aux débats est limité à 40 personnes, il y aura 40 invitations et ce sera une soirée privée», a précisé M. Raphaël.
"«C'est une expérience, cela nous permet de voir où sont les frontières de notre métier. Nous testons cet univers internet en 3 dimensions, qui sera sans doute l'internet de demain, on va avoir un pied dedans et on va comprendre comment cela marche», a-t-il ajouté précisant que le journal allemand Bild avait été le premier quotidien présent sur Second Life." "Le Dauphiné Libéré a lancé son site «quelcandidat.com» en février. Selon le rédacteur en chef du journal régional, Jean-Pierre Souchon, «le site est un succès, il y a eu déjà 6 millions de pages vues, et l'essentiel des visiteurs vient de la région parisienne».

vendredi 23 mars 2007

Journalisme citoyen : vrais et faux débats

Le site de journalisme citoyen Agoravox organise demain à Paris les rencontres du "cinquième pouvoir" (les internautes), et le débat citoyens contre journalistes est aussitôt relancé.
Libération tente une synthèse dans son édition d'aujourd'hui ("La presse défiée par les amateurs"), tandis que Jeff Mignon prend le débat à contre-pied, sur son blog, en évoquant l'expérience de la presse quotidienne régionale ("Il y a bien longtemps que la PQR française fait dans le journalisme citoyen") : c'est vrai, la presse locale fabrique son information depuis plus de cinquante à partir des contributions de citoyens, des journalistes non professionnels mais investis dans la vie locale, que l'on appelle correspondants locaux de presse.

J'ai moi-même souvent défendu cette idée, mais la comparaison s'arrête là. Ce que je trouve très intéressant dans la pratique de la PQR, c'est qu'elle est fondée sur la capacité des journalistes localiers à éditer et valoriser des informations fournies par des non-professionnels. La clef est là.

Après, les correspondants sont payés pour leur travail. Ce qui n'est pas le cas, à quelques exceptions près (mais qui ne marchent pas aujourd'hui), des "journalistes citoyens". Je ne suis pas certain que ce serait une bonne chose, d'ailleurs. Que l'on rémunère un non professionnel pour un document, un sccop, une information de valeur, ok (mais ce n'est pas nouveau), que l'on en fasse un système (comme celui des correspondants), ce serait dénaturer le phénomène.

Alors faut-il opposer le journalisme citoyen au journalisme ? Faut-il l'encadrer dans un statut comme le propose le rapport Teissier ? Deux faux débats.

D'un côté, nous avons des internautes qui veulent participer au média mais ne savent pas toujours comment faire, de l'autre nous avons des journalistes dont c'est le métier. La presse n'est pas "défiée par les amateurs" comme le titre mon confrère de Libé, non, la presse est mise au défi de faire rentrer les amateurs dans la fabrique de l'information. Voilà un programme passionnant pour la profession. Et qui est le mieux formé pour cela ? Peut-être bien le journaliste de la PQR...

Je reviens encore une fois à notre expérience sur Quelcandidat.com, le média participatif de la politique, lancé il y a un mois en France par un quotidien régional.
Nous recevons chaque jour une quinzaine de contributions (articles, vidéos, propositions), sans compter les centaines de commentaires.

Il n'y a pas, comme su Agoravox, de comité éditorial qui sélectionne à la façon d'un jury les oeuvres des internautes pour les intégrer au site. Sur Quelcandidat, chaque jour, deux journalistes éditent tous les articles, les corrigent, vérifient l'info si besoin, refont les titres, mettent en Une, modèrent et relancent les débats. Nous recevons parfois des contributions très mal écrites, mais nous parvenons toujours à les retravailler et à les mettre en valeur, parce qu'elles expriment toujours quelque chose d'intéressant : une opinion, même mal construite, est le reflet d'une population et d'un lectorat. Il nous arrive même d'éditer les commentaires pour les rendre plus lisibles, et d'interpeler leurs auteurs.

Ce qui est intéressant, c'est que nous nous sommes rendu compte que nous faisions ce travail très naturellement. Pourquoi ? Parce que les journalistes de PQR sont habitués à corriger la copie des citoyens depuis des années...

L'avenir n'est pas dans le seul journalisme citoyen, finalement très élitiste : quand personne ne vous aide, seuls les intellectuels parviennent à prendre la parole.
On me demandait, à l'occasion d'une conférence : à quoi ça sert que les médias traditionnels fassent du journalisme citoyen puisqu'il y a déjà Agoravox et Dailymotion ?
Justement : à animer, trier, éditer, valoriser cette nouvelle matière.
C'est un vrai métier.
... Celui de journaliste ?

mercredi 21 mars 2007

Quelcandidat.com: plus de 38.000 visiteurs uniques par jour

Des nouvelles du bébé : 5 semaines après le lancement, Quelcandidat.com fait toujours du plus sur du plus.
Alors que nous pensions avoir atteint un premier palier déjà très satisfaisant, nous avons enregistré hier une progression de +150% par rapport au mardi précédent (chiffres Xiti).
38.000 visiteurs uniques nous rendent désormais visite chaque jour ! Ils étaient encore 19.000 la semaine dernière, et 33.000 lundi. Nous enregistrons désormais 359.000 pages vues quotidiennes. Et avons cumulé 4,2 millions de pages vues depuis le lancement le 12 février, dont 2 millions la dernière semaine.

Nous avons eu la chance de bénéficier d'un passage au zapping de Canal+ ce week-end, ce qui a terminé de propulser notre audience sur une progression exponentielle...

vendredi 16 mars 2007

L'avenir des médias sur le Net est-il dans l'éthique ?


Il y a d'abord les petites phrases, polémiques, de Jim Buckmaster, CEO de la fameuse "Craiglist", accusé d'avoir volé des millions de dollars aux journaux avec son site de petites annonces gratuites : "Les journaux se sont focalisés sur la maximisation de leurs revenus, plus que sur le journalisme." Et d'ajouter, après avoir rappelé que les journaux faisaient toujours deux fois plus de profits que de nombreuses entreprises : "Finalement, prendre de l'argent aux journaux sur ce terrain là est peut-être la chose la plus saine qui leur soit arrivée, tant que le journalisme est concerné".
J'ajoute que Craiglist, à l'origine, n'avait pas pour objectif de gagner de l'argent, mais de rendre service à la communauté... En décembre 2006, Jim Buckmaster, présent à la UBS Global Media Conference à New York, a abasourdi les analystes de Wall Street en leur disant que Craigslist avait peu d’intérêt à maximiser ses profits et, au contraire, préférait se concentrer à aider les gens à trouver des voitures, des appartements, des emplois ou des rencontres (source : Wikipedia)

La petite phrase est polémique, mais Jim Busckmaster n'a pas complètement tort. La crise dans laquelle sont plongés les médias n'est pas que financière et n'est pas dûe qu'à l'émergence d'Internet. Il ne s'agit pas pour la presse de se contenter de trouver de nouveaux businesses, mais d'abord de se remettre en cause. C'est en se remettant en question qu'elle gagnera ces nouveaux marchés.

Fiefs médiatiques

Durant de longues années, de nombreux journaux, locaux notamment, ont fonctionné dans une logique de fief médiatique. Une stratégie fort compréhensible et logique de monopole sur un territoire, assurant des rentrées d'argent régulières. Presqu'une stratégie de dîme locale.

Ce qui se passe aujourd'hui avec Internet, c'est que les fiefs ont explosé. Et que pour retrouver leur place centrale, les journaux doivent d'abord reconquérir leur communauté. Ils en ont (encore) la légitimité. Mais le chemin sera long. Car les rapports économiques et surtout sociaux ont changé. L'usage du média est bouleversé. Ce n'est pas qu'une question de marché et de technique.
Il ne suffit donc pas de mettre du web2.0 dans ses petites annonces ou de la participation sur son site Internet pour gagner de l'audience. Il s'agit de reconstruire une communauté sur la base d'une nouvelle réalité sociale.

Le cinquième pouvoir

Internet a réveillé les exigences éthiques des consommateurs en leur donnant le pouvoir de les faire respecter : j'ai plus de choix, je peux comparer et partir, je n'ai plus besoin de vous pour en parler, je peux voir ailleurs si vous m'avez menti.

Steve Yelvington, le patron du Bluffton Today, le jeune quotidien local adossé à un site de journalisme citoyen, prévient les journaux qui s'attaqueraient au participatif pour de mauvaises raisons... ou de mauvaises vieilles habitudes. Ne rentrez pas dans l'arène du journalisme citoyen juste pour gagner de l'argent ou faire plus de pages vues, conseille-t-il. Parce que ça ne marchera pas.

Qu'est-ce qu'un média à l'heure d'Internet ?

Un média doit évidemment chercher à gagner de l'argent. Et si l'argent est sur Internet, il faut aller le chercher sur Internet. Encore faut-il le faire pour les bonnes raisons : rester dans son rôle de média. Etre un média plus rentable, donc plus fort.
Ce n'est pas de l'idéologie, cela tient à la valeur intrinsèque de ce que "vend" un journal : pas des boîtes de macarons (pas encore...), mais de l'information, du lien social et des valeurs. C'est à dire les éléments fondateurs d'une communauté.

Avant, on pouvait tricher. Mais à l'ère du cinquième pouvoir, celui de l'internaute tout puissant, c'est plus compliqué.

Dans cette (re)conquète les journaux devront être courageux, audacieux et oser s'interroger à nouveau sur : qui sommes nous ? Pourquoi les lecteurs se tournent-ils encore vers nous ? Qu'est-ce qu'une entreprise média au fond ?"

Parce qu'il répond à une attente bien spécifique, le média ne peut pas vendre n'importe quoi sur Internet, et doit se recentrer sur ce qu'il est aux yeux des gens.
Il serait même "commercialement" dangereux d'ignorer cette posture éthique, qui correspond précisément à l'attente des lecteurs.

Ethique et buisiness

Avec Quelcandidat.com, par exemple, nous avons construit un site sur des valeurs éthiques, sans tricher : discussion et participation libre et sans censure, environnement citoyen, mais aussi un vrai souci d'éclairer, d'informer et d'ouvrir le débat. Avec un patte ludique et légère pour assurer l'audience et conserver cette touche populaire au site.
Je suis heureux de constater que les commentaires et les articles envoyés par les internautes sont très respectueux des autres et de l'outil. Un outil qui est en train, petit à petit, de devenir communautaire.
Le site, aujourd'hui, gagne de l'argent. Sur Internet, il n'y a pas d'incompatibilité entre éthique et trafic. Voyez le succès de Wikipédia et de Craiglist.

Le média éthique n'est évidemment pas la seule voie, mais il répond à une demande, et est aujourd'hui le meilleur moyen pour un média de bâtir une communauté sur Internet. Voilà une bonne nouvelle pour les journalistes !

Nous sommes aujourd'hui à l'ère du positionnement sur l'échiquier, pas encore de l'argent facile : nous devons bâtir les communautés pour occuper un marché encore naissant et instable.

mardi 13 mars 2007

Quelcandidat.com : excellent démarrage

Techcrunch s'en fait l'écho aujourd'hui, les premiers chiffres du média participatif sur la présidentielle du Dauphiné Libéré dépassent toutes nos espérances. Entre le 12 février, date du lancement, et le 28 février, c'est à dire en à peine 15 jours, Quelcandidat.com a cumulé un million de pages vues. Une semaine plus tard, nous ajoutions un million de plus... Nous tournons actuellement à 19.000 visiteurs uniques par jour et 140.000 pages vues. Et l'audience continue de progresser.

Le pari était pourtant osé : lancer une nouvelle marque sur le marché national, sans campagne de publicité, à deux mois des élections, et dans un paysage web complètement saturé. En trois semaines, nous avions déjà explosé nos objectifs à deux mois.

Un bel exemple de progression virale : c'est en effet essentiellement le bouche-à-oreille qui est à l'origine de ce démarrage en trombe. Avec une majorité de visiteurs issus de la région parisienne, c'est à dire en dehors de la zone de diffusion du quotidien régional...

Ca vous donne des idées ?

mercredi 7 mars 2007

A lire : "les médias d'information bousculés par Internet"

A lire ou à télécharger (en pdf) le dernier numéro de l'Aquitaine numérique consacré à la révolution du web dans les médias. Les lecteurs de "Demain tous journalistes?" (l'auteur du dossier, Eric Culnaërt, en fait partie) y retrouveront un assez bon résumé des thèses développées sur ce blog depuis plus d'un an.

En voici quelques extraits :

Temps passé sur Internet :

"On observe par ailleurs des usages en consolidation: l’INSEE annonçait en 2006 que le cap était franchi des 25% de Français consultant internet quotidiennement, et le dernier état de la consommation média des Français publié par Médiamétrie//NetRatings comptabilise un temps mensuel passé en ligne en augmentation de plus de deux heures entre décembre 2005 et décembre 2006 :avec un pic à 24 heures en novembre 2006, il a été multiplié par quatre depuis 2002."

Spécificité du web :

"Les palmarès de fréquentation des sites internet placent régulièrement aufeminin.com et doctissimo.fr (sites de presse féminine et santé respectivement), tous deux des pure players sans version imprimée, loin devant tous leurs concurrents issus du papier. Leur force? des contenus spécifiquement taillés pour le web, et la place belle faite à l’expression des visiteurs sur les forums."

Vidéo :

"Un rapport Screen Digest (janvier 2007) évalue à 47% fin 2006 la part des contenus utilisateurs dans la masse explosive de la vidéo en ligne, et table sur 55% à l’horizon 2010, avec un bémol sur lequel on reviendra: cette masse ne génèrera selon les auteurs que 15% des revenus associés à la vidéo en ligne."

"De la même façon que les élections américaines de 2004 ont consacré l’influence des blogueurs, la présidentielle française est en passe de devenir celle de la vidéo en ligne."

Blogs :

"Selon Médiamétrie (novembre 2006), 8,7 millions d’internautes français consultent des blogs chaque mois (soit 30% de plus en un an); ils sont 4,5 millions à y poster des commentaires et 3,6 millions à avoir créé un blog (+60% en un an)"

Modèles économiques du journalisme citoyen :

"Les prédictions 2007 du cabinet Deloitte spécialisé dans les médias font du contenu utilisateur une tendance durable, mais le modèle économique n’est pas celui d’une rentabilité directe, plutôt celui d’un rachat ou d’un adossement à un groupe média classique, une opinion largement partagée par les acteurs les entrepreneurs de l’UGC (user-generated content) eux-mêmes."

Petites annonces :

"Les services de ce type se multiplient en France, un véritable défi pour la presse quand on sait qu’un quotidien comme Ouest France, dont le niveau de rentabilité est inférieur à 5%, en tire 20% de ses ressources"

Gratuit/ payant :

"Début février, on a vu apparaître Congoo.com: l’idée est de proposer à ceux qui désirent de temps à autre accéder en ligne à des contenus d’information payants, de rassembler en un abonnement unique et économique 300 sources exigeant d’ordinaire chacune un abonnement spécifique (...).
"Les stratégies divergent notablement, au moins peut-on observer que le modèle dominant sur internet est celui de la monétisation du trafic par la publicité. Le secteur de la pub sur internet, s’il reste derrière les médias traditionnels, croît en France 5 fois plus vite: l’étude annuelle Internet Advertising Bureau France et TNS Media Intelligence vient de mettre en évidence une croissance de presque 50% du secteur sur 2006; avec plus de 2 milliards d’euros, il atteint 10% de la pub tous secteurs confondus et le nombre de nouveaux annonceurs y a progressé de 27%."

La presse expérimente :

"Les sites d’information en ligne intègrent progressivement quelques outils technologiques, certains majeurs comme la possibilité de se créer un portail personnalisé via RSS (Time Magazine, Wall Street Journal), d’autres plus anecdotiques comme la transposition audio des articles par synthèse vocale (Washington Times, ZDNet) – le site de La Tribune permet aux abonnés d’annoter et de surligner les articles et d’en conserver une sauvegarde ainsi personnalisée. Mais l’évolution majeure réside dans l’ouverture des contenus à la communauté.
Cela se traduit en particulier par la possibilité de commenter les articles (...).
"Les plateformes de blogs s’inscrivent dans la même démarche, avec (...) un bénéfice généralement sensible en termes de contenus et d’audience: Nielsen//NetRatings vient de révéler que les blogs des dix plus grands journaux américains avaient triplé leur audience entre décembre 2005 et décembre 2006, contre une croissance de seulement 10% des sites eux-mêmes."

lundi 5 mars 2007

Ce que les médias traditionnels peuvent apprendre de Wikio


Si vous ne connaissez pas encore, Wikio est le moteur de recherche de news "web 2.0" créé par Pierre Chappaz.
La semaine dernière, Wikio a lancé Wikio Shopping. Evolution naturelle pour le fondateur du comparateur de prix Kelkoo mais aussi première pierre du modèle économique de Wikio.
Wikio Shopping est un moteur de recherche d'infos sur les produits high-tech : "il propose plus de 30 000 références high-tech, de toute l'information utile qu'il s'agisse de tests, d'avis consommateur, de news, d'infos exclusives issues des forums, de photos, de vidéos, de prix ou encore de marchands et de codes promo..."
Wikio Shopping exploite la mine de contenus éparpillés sur le Web par la communauté des blogueurs, celle des forums, ainsi que des médias et de sites marchands: "sur le Nikon D80 par exemple, ce ne sont pas moins de 38 tests, 10 avis, 135 news, 2 info forums, 19 vidéos, 34 photos et les prix de 24 marchands qui vous attendent", promet-on sur le blog de Wikio.

Enfin, last but not least : Wikio lance un concurrent à "google adsense". "Wikio affiliate" est un outil de publicité à installer sur son site Web ou son blog : "grace à (sa) technologie de catégorisation dynamique, (Wikio affiliate est) en mesure d'afficher des liens marchands en rapport avec le contenu de vos posts."
La boucle est (presque) bouclée.

Quels enseignements les médias traditionnels peuvent-ils, doivent-ils tirer de l'expérience Wikio ?

Cette dernière met en fait le doigt sur nos principaux blocages :

1- Nous avons encore du mal à nous centrer sur autre chose que ce que nous croyons être notre métier de base : la distribution de contenus.
Ce que nous apprend Wikio c'est qu'il y a également un immense intérêt à rassembler, aggréger, ce que la communauté et les autres médias produisent déjà sur le Net. Les médias traditionnels peuvent y apporter deux valeurs ajoutées : le tri et l'animation.

Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il faut prendre Internet pour ce qu'il est : un espace communautaire et interactif. Au lieu de se centrer sur la distribution de leurs contenus, les médias devraient se centrer d'abord sur l'interactivité (la richesse du site vient de ce que les internautes y font) et la communauté. Ce n'est pas (surtout pas) abandonner l'un pour l'autre, c'est fonctionner différemment.

Cette stratégie présente quatre avantages : elle coûte moins cher, elle permet la mise en valeur d'un contenu gratuit mais à forte valeur identitaire. Elle répond en partie aux craintes sur le cannibalisme papier/web. Enfin, elle participe à la création non seulement d'une communauté, mais surtout des mécanismes interactifs qui lui permettront de développer de nouveaux services et donc de nouveaux modèles économiques.
Que faire d'une communauté qui participe et donne son avis ? Wikio a trouvé une réponse avec Wikio Shopping.

Capitaliser sur la communauté et l'interactivité est difficile à comprendre pour les responsables marketing des médias, parce que ça ne rapporte pas forcément de l'argent tout de suite et/ou (les deux sont souvent liés) parce qu'on ne sait pas faire. C'est la raison pour laquelle on a tellement critiqué MySpace et YouTube. Et c'est aussi sans doute pourquoi la presse nationale (Libération) et locale a abandonné le marché des sites de rencontres à des pure-players comme Meetic.

2- Cela pose à nouveau la question des modèles économiques
du Web pour les médias, coincés dans une équation quasi insoluble : des contenus qui coûtent cher et des modèles économiques (vente de contenu ou publicité) pas encore prêts.
Se centrer sur la communauté et l'interactivité signifie également travailler sur de nouveaux modèles économiques. Or, les journaux ne disposent pas des équipes capables de comprendre et d'exploiter ces nouveaux marchés.

3- Même problème pour la publicité.
Les régies internes sont rarement calibrées pour aller chercher de la pub pour le Net : il faut travailler en spécificité, et comprendre la logique spécifique d'Internet. Il y a peu de solutions. Faire appel à une agence, ou créer une équipe dédiée, tout en travaillant sur l'intégration.
Mais je ne comprends toujours pas pourquoi la presse, et en particulier la presse locale, n'a pas encore lancé un concurrent de Google Adsense/adwords. Ce que vient de faire Wikio.
Un journal local qui créerait son propre moteur de publicité locale payée au clic et aux mots clefs aurait à sa disposition un outil qui permettrait aux petits annonceurs locaux de créer eux-mêmes, en un clic, leur publicité sur le site. La solution serait également proposée aux sites locaux, par affiliation.

Qu'en pensez-vous ?

(Sources : Blog Wikio,
Journal du Net)