lundi 22 octobre 2007

Kim Hye Won, 45 ans, femme au foyer, et journaliste citoyenne

Un vieux témoignage, mais que je découvre aujourd'hui. Et qui, je pense, replace le débat sur les médias participatifs devant leurs vrais enjeux : ne pas faire des citoyens des journalistes, mais embarquer (et donc automatiser) l'expertise et le témoignage de l'audience dans la fabrique de l'information. Pas simple.

Je sais que le parcours d'Ohmynews, le média coréen qui a ouvert la voie du journalisme citoyen en 2000, est à replacer dans le contexte politique très particulier de la Corée du Sud.
Mais je trouve ce témoignage toujours aussi d'actualité, à l'heure où l'on s'interroge encore (et parfois à raison) sur la pertinence de l'info participative:

Elle s'appelle Kim Hye Won, elle est femme au foyer. Elle a 45 ans (en 2005). Et son premier article sur Ohmynews s'intitulait : "Mon mari est déprimé, mon fils passe ses tests, et je suis inquiète"
.
En 2005, Kim Hye Won a remporté le prix du meilleur journaliste citoyen d'Ohmynews.
"Les femmes coréennes perdent leur nom après le mariage", rapporte Kim sur le site de Time magazine. "On les appelle souvent en disant 'c'est la femme de...', ou 'c'est la mère de...' J'ai finalement trouvé mon nom à travers OhMyNews."

Elle en dit un peu plus sur le site internationnal d'OhMyNews, toujours avec beaucoup d'humilité et d'émotion:
"Je suis devenue une femme au foyer/journaliste citoyen qui a fait son chemin dans le monde".

Quand elle a découvert le site Ohmynews, elle y a trouvé des "histoires de vie" :

"A travers ces articles, j'ai entendu des histoires de fleurs racontées par quelqu'un de la campagne, le retour à la terre d'un nouveau fermier, un père inquite pour l'éducation de son enfant, et une fille s'occupant de sa mère sénile. C'étaient les histoires de nos voisins, comme chacun d'entre nous peut en croiser autour de lui."

Pendant trois ans, Kim a écrit un article par semaine, puisant ses histoires dans son quotidien : son fils qui donne son sang pour obtenir un ticket gratuit de ciné, le livre de comptes familial de sa mère, à travers lequel Kim retrace l'amour d'une mère porté à ses enfants...

Kim explique qu'elle a beaucoup souffert du complexe de manquer de professionnalisme, et qu'on lui a reproché parfois le manque de profondeur de ses articles. "Je me suis sentie souovent heurtée, humiliée, mais j'ai continué".

Du coup, "plutôt que de me dire que je suis une journaliste (qui fait des interviews), je préfère me dire que j'écoute (et recueille) les conversations de mes voisins. "

Aujourd'hui, "je ne sais toujours pas ce qu'est un média", mais "je travaillerais avec les gens, comme une journaliste citoyen qui écoute leurs histoires comme une citoyenne et avec le point de vue d'une citoyenne."

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