jeudi 25 janvier 2007

Les bons conseils de Rob Curley à la presse locale


Ils sont à découvrir sur le blog de Jeff Mignon, qui restranscrit une interview donnée par le fondateur du site du quotidien américain Lawrence Journal World, une référence en matière de presse locale sur le Net, au Corriere della Serra (lire la traduction intégrale de l'interview, en anglais, sur le blog de Rob Curley).

Voici ce que dit Rob Curley :

-Ne laissez pas les autres médias donner l'info avant vous : "Dès que vous savez quelque chose, vous devez le mettre sur votre site internet. Malgré ce que peuvent penser certains journalistes "traditionnels", vous ne pouvez pas "tuer" votre propre "scoop" en le mettant d'abord en ligne."

- Local, local, hyperlocal : "C'est en "descendant" le plus bas possible, des papiers sur le sport chez les enfants de la zone de couverture jusqu'aux papiers sur la politique dans les quartiers, que les journaux gagneront.' La règle est la même sur le Net.

- Tout trouver près de chez vous : "Calendriers. Restaurants. Eglises, Impôts. Vente de maisons. PV. Crimes. Tout ce qui peut être cherché devrait être sur votre site web. Les gens veulent ce genre d'info." C'est la base d'un vrai moteur de recherche local. Les quotidiens régionaux ont un avantage extraordinaire dans ce domaine.

- Culture d'entreprise : "Si votre éditeur n'a pas entendu parler de Youtube ou iTunes, préparez votre CV."

- Contenu, contenu, re-contenu : Rob Curley fait référence au contenu "froid", qui peut rester en permanence sur votre site, et réassemblé pour le web : "Ce contenu froid peut être des choses comme : l'histoire de votre ville, toutes les infos que vous pouvez trouver à propos de quelqu'un fameux dans votre ville, peut être un résumé des meilleures saisons de vos équipes de sport locales, etc." Le web est extraordinaire pour ça.

- Mobile : "Aujourd'hui, je crois profondément que les journaux devraient se concentrer sur du contenu pour les téléphones portables." En France, la problématique est un peu plus compliquée. Le marcgé étant verrouillé par les opérateurs. Je pense de mon côté que c'est le portable qui, à terme, va s'adapter au contenu web et pas le contraire... Pas de panique, donc. Mais je me trompe peut-être.

- La conversation.

On pourrait ajouter :

- Le média social : Les internautes consomment le contenu, mais ils produisent aussi du contenu. Mieux : ils sont eux-mêmes un contenu pour les autres. Les médias de proximité n'exploitent pas suffisamment cette dimension profondément sociale du local.
Je ne vais pas sur le site uniquement pour récupérer de l'info, mais aussi pour rencontrer des gens. C'est une des clefs des modèles économiques de demain pour la presse locale en ligne : ceux de la communauté et des bases de données.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

mercredi 24 janvier 2007

Presse professionnelle : l'exemple de BMJ


Remarquable, le nouveau site de la revue professionnelle médicale BMJ. Un bel exemple pour ce secteur média. L'hebdomadaire britannique a décidé de miser sur une stratégie "web-first" pour sa partie rédactionnelle. Cela signifie que les contenus sont désormais systématiquement publiés gratuitement sur le Net avant la version papier. Le site accueille plus de contenus, tandis que l'hebdo devient un "editor's choice", c'est à dire une sélection des meilleurs articles.
Le site propose également une palette impressionnante de contenus interactifs : blogs, questions-réponses, conversations, podcasts...

Aujourd'hui, la version online enregistre 1,2 million de visiteurs uniques mensuels, les deux-tiers étant extérieurs au Royaume-Uni. Une audience supérieure à la version "print".

Très web2.0, BMJ laisse donc de côté le protectionnisme papier et joue l'info gratuite et la conversation afin de devenir le lieu d'échanges incontournable de la communauté médicale sur le Net.

Une stratégie intéressante, qui pourrait inspirer la presse professionnelle et spécialisée, confrontée aujourd'hui à un véritable défi de croissance. De plus en plus de mal à vendre les contenus du magazine sur Internet, et un lectorat trop confidentiel pour oser le gratuit.
Le web n'est pourtant ni un nouveau support pour le papier, ni un outil de promotion. C'est un nouveau marché, qui oblige à repenser la marque autour des notions de services et de communauté.
La question à se poser aujourd'hui, c'est : que peut apporter, via internet, une marque reconnue par les professionnels d'un secteur ? Quels contenus ? Mais surtout quels nouveaux services ?

Avec son nouveau site, BMJ esquisse une stratégie intéressante qui, par la création d'une audience et d'une communauté, devrait parvenir à booster la commercialisation de ses produits payants en ligne (services de ressources et d'aides au diagnostic, formations, petites-annonces...).

Qui osera suivre leur exemple ?

(Source : journalism.co.uk)
(Lire également l'édito de l'éditeur et cet article passionnant, toujours en anglais, sur "comment le Web2.0 est en train de changer la médecine")

Démocratie 2.0 : première conférence de presse avec le peuple


On ne va pas s'extasier devant l'opération de com, parfaitement orchestrée, mais quand même : il s'agit bien de l'une des premières "conférences de presse" télévisée sans journalistes d'un candidat à la présidence publiée sur Internet. Aux Etats-Unis, la candidate démocrate, Hillary Clinton, a répondu en direct et en vidéo aux questions des internautes (voir la vidéo).

C'est l'un des nombreux exemples, symbolique, de la révolution apportée par le Net dans la façon dont le public aborde aujourd'hui les médias et la démocratie.
Avec le développement des TV personnelles sur le web, les politiques et les citoyens seront de plus en plus tentés de contourner les médias pour s'essayer à la conversation directe.

(Source : Buzzmachine)

mercredi 17 janvier 2007

55% des foyers français sont équipés d'un ordinateur

C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par Gfk pour le magazine SVM ("Science et vie micro").Le taux d'équipement a augmenté de 5,5% par rapport à 2005, soit la plus forte progression en une décennie, constate l'AFP.
Aujourd'hui 55% des foyers français ont un ordinateur à domicile. Soit 1,5 millions de foyers équipés. Dont 23% en zone rurale.
Autres chiffres intéressants :
46% des foyers sont connectés à l'Internet. Une forte progression par rapport à 2005 (39%). 86% le sont en haut-débit.
Enfin, 50,8% des foyers sont équipés d'un appareil photo numérique (contre 40,9% en 2005).
La généralisation est en marche. Ce qui signifie également que, avec le développement dans les zones rurales et le vieillissement, la population internaute est en train de se superposer à la population française. Et donc au lectorat des médias classiques.

(Source : AFP)

Pour d'autres chiffres récents, lire également mes précédents posts : sur les usages, sur le nombre de Français connectés à Internet.

Une nouvelle génération de médias participatifs


A lire, le post d'Emmanuel Parody sur le lancement et l'incubation de nouveaux projets de médias participatifs.

Entre pessimisme sur la capacité des "dinosaures" de la presse à réagir à temps, et foi en l'avenir des médias d'information, ces entrepreneurs issus pour la plupart de grands groupes pensent que l'avenir se situe dans une sorte de voie médiane entre ce que l'on appelle le "journalisme citoyen", le contenu généré par l'utilisateur (YouTube, Agoravox) et le média traditionnel sur Internet. Ils ont pour eux l'analyse et l'expérience du métier. Ce n'est pas négligeable dans l'agitation ambiante.

J'en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog (ici et ici), Laurent Esposito y revient avec perspicacité sur le sien : les nouveaux médias que nous verrons émerger en 2007 ne se démarqueront pas par leur production originale mais par leur ligne éditoriale. Des médias légers, mais à forte identité, qui exploiteront les contenus générés par les utilisateurs en les éditorialisant et en encadrant les internautes.

Emmanuel évoque notamment le projet de "Laurent Mauriac de Libération qui a décidé de quitter le quotidien, accompagné de Pierre Haski et Pascal Riché (oui c’est un scoop). Tous les trois se lancent dans l’aventure 100% internet avec un projet de site d’information à vocation collaborative." On leur souhaite bonne chance.

Autres jeunes projets : Obiwi de Julien Jacob ancien DG de Cnet et Jean-Louis Amblard, et YouVox de Laurent Esposito (ancien de France 3 régions et, plus récemment, de Noos) et Christian Jegourel.
"Le point commun d’au moins trois de ces entrepreneurs: un certain pessismisme sur la capacité de réorganisation des médias traditionnels et une foi préservée dans l’avenir de l’industrie de la presse d’information."
Mauvaise nouvelle pour les médias traditionnels : les créatifs seraient-ils en train de quitter le navire ?


- A découvrir également, le projet de John Paul Lepers, ancien reporter à TF1 et France Television : "
La télé libre"
(Si vous avez d'autres projets de ce type à faire découvrir, n'hésitez pas à les mettre en lien).
- Il n'y a évidemment pas que les anciens journalistes ou cadres des médias traditionnels qui se lancent dans l'aventure presse 2.0. Les réseaux de blogs, locaux et/ou citoyens, commencent également à s'organiser en médias. J'y reviendrai dans un prochain post.

mardi 16 janvier 2007

La " Second Life " des médias : Bild lance un magazine dans un monde virtuel


Evénement : "Bild", le tabloid allemand d'Axel Springer, vient de lancer "Avastar", le premier hebdomadaire professionnel de Second Life.
Si vous ne connaissez pas encore Second Life, vous en avez sans doute entendu parler ces derniers jours dans les médias. Il s'agit d'un univers de réalité virtuelle en 3D, à mi chemin entre MySpace, Live messenger et le jeu vidéo "Les Sims". Plus de 2,5 millions d'internautes y vivent une seconde vie. Leur nombre a doublé en six mois. Ségolène Royal y a même installé un QG de campagne !

Plus intéressant, Second Life est également un jeu où l'on peut faire des affaires. Plus d'un million de dollars par jour y sont échangés en achat de terrains virtuels, vêtements et autres accessoires irréels.
Rien d'étonnant à ce que les entreprises tentent d'occuper le terrain. Et donc les médias. Première dans la place, l'agence de presse Reuters, y a installé il y a quelques mois un bureau, et dépêché un journaliste afin de bloguer quotidiennement l'actualité de ce monde virtuel.

Aujourd'hui, c'est donc un quotidien papier qui se lance dans l'aventure. On peut se le procurer moyennant la somme de 150 lindens (la monnaie locale. 1000 lindens s'échangent contre 4$ environ) ou télécharger gratuitement sa version pdf sur le site internet du média.

Au delà de son style tabloid un brin racoleur, le magazine fait penser à un journal local dans sa structure éditoriale : on y parle des gens de Second Life, des manifestations qui s'y sont déroulées, des people que l'on a croisés dans le monde virtuel (comme avec MySpace, de plus en plus de célébrités y ont leur avatar et donnent des shows sur Second Life). On y trouve également des rubriques pratiques : conseils , avis d'experts, vie quotidienne, shopping et agenda loisirs. Les lecteurs sont invités à contribuer au contenu en envoyant leurs articles, photos ou témoignages.

Alors, après le Web, Second Life peut-il être un nouveau terrain de jeu pour les médias ? Pourquoi installer un média dans un monde irréel ? Est-ce bien sérieux pour un média traditionnel ?
L'idée mérite réflexion. Parce que ces univers sont en train de devenir réels dans la vie des gens. Et qu'ils sont aujourd'hui des lieux de vie et de business. Les mondes virtuels en 3D, Second Life, mais aussi le jeu de rôle World of Warcraft (8 millions de joueurs en ligne) sont en train de s'imposer comme de véritables univers persistants où des millions d'humains vivent une seconde vie, qui prend parfois le pas sur leur vie réelle. Sur ces mondes hors du monde, ils y discutent, se battent, font de la politique, assistent à des concerts de stars, construisent, aiment, achètent... et dépensent de vrais dollars.

Il n'y a pas vraiment de business à faire aujourd'hui sur ces nouveaux mondes. Sur les deux millions de personnes inscrites, très peu parviennent à vivre de leur "métier" sur Second Life. Mais y développer des projets ne coûte presque rien. Il serait dommage de ne rien tenter. Pas pour suivre une mode, mais pour expérimenter. Parce que, demain, la 3D constituera peut-être la base du Web3.0...

- télécharger "The Avastar" en version pdf
- lire ici une présentation de Second Life sur wikipédia
- voir en vidéo la présentation faite par Jean-Paul Fritz lors des journées Internet d'Autrans
- voir également l'excellente vidéo réalisée par Mémoire Vive.

Enfin, vous pouvez moi aussi me contacter sur Second Life. Sous le pseudonyme de Benoît Acronym (oui oui, on ne choisit pas son nom de famille sur Second Life)...

lundi 15 janvier 2007

"MyDeathSpace.com" : le Web2.0 fait dans le morbide


Curieux objet que "My Death Space" (littéralement "mon espace mort"). Ce site indépendant recense les membres de "MySpace" qui viennent de passer l'arme à gauche. Et la liste est longue. Racheté par Newscorps, "MySpace" rencontre un tel succès, que sa version funèbre comptabilise environ 24 décés signalés par jour...

Il ne s'agit ni plus ni moins qu'une sorte de "Carnet du jour" comme on pourrait le trouver dans les quotidiens régionaux ou nationaux, sauf que ce carnet est collaboratif et organisé autour d'une commauté virtuelle. "My Death Space" se veut une sorte de mémorial dédié aux membres du réseau social le plus populaire du web.

Les internautes peuvent librement soumettre un décès au site. Il leur suffit d'indiquer le nom de la personne décédée, la cause de sa mort, sa photo, son site MySpace et un petit message d'hommage.Tout le monde peut commenter.
Je n'ai aucune idée de la manière dont le site vérifie les informations qui leur parviennent (s'ils vérifient...), souvent avec pas mal de détails sur les circonstances de la mort. Lles membres de MySpace étant tous très jeunes, il s'agit essentiellement d'accidents, de meurtres et de suicides. Ce qui donne une tonalité particulièrement sinistre au listing de My Death Space.

Pour ne rien arranger, l'habillage du site fait également dans le morbide. Façon Tim Burton... On flirte visiblement avec l'humour noir. Les familles des victimes apprécieront.
Mais le site ne refuse pas le débat et ouvre le site aux critiques.

Fred Cavazza, qui évoque le sujet sur son blog, reste perplexe. Quel est le but recherché par les créateurs de ce site ? Morbide business ou Carnet du jour web2.0 ?

Néanmoins, et histoire de dépasser le débat : si l'on retire l'enrobage gothique, la publication de l'état civil d'une communauté n'a rien de nouveau. Ce sont généralement les pages les plus lues dans les quotidiens régionaux. Les médias devraient-ils s'inspirer de ce type d'initiative et créer eux aussi leur propre carnet du jour collaboratif en ligne (en y ajoutant les naissances et les mariages par exemple) ?

Mais ce qui est intéressant ici, c'est son exploitation dans le cadre d'une communauté virtuelle. MySpace s'est tellement intégré dans le quotidien de millions d'Américains, qu'il faudra s'attendre à voir émerger de plus en plus de "médias" autour de l'actualité de la communauté. Ou comment un lieu virtuel devient un lieu de vie... et génère naturellement ses médias.
On retrouve le même phénomène avec le monde virtuel Second Life (j'en parlerai dans un prochain post). Ce n'est sans doute qu'un début.

dimanche 14 janvier 2007

Presse écrite : peut-on croire au retour à l'équilibre ?


Une récente étude (lire l'article ici et ici en anglais) a révélé une halte dans la dramatique chute des ventes de quotidiens aux Etats-Unis. Le lectorat régulier était passé de 47% en 2002 à 44% en 2004, mais ce chiffre n'a plus bougé depuis. Une nouvelle qui, après des années de catastrophisme, a l'air de générer, outre-atlantique, une vague inattendue d'enthousiasme...

Mais aussi en France : jeudi dernier, le président du quotidien français Sud Ouest, Jean Claude Bonnaud, s'est dit "convaincu que la baisse de la diffusion de la Presse quotidienne régionale n'est en aucun cas une fatalité" (lire l'article ici). Le journal local prépare une nouvelle formule pour 2008.

Du coup, on se prend à croire à la fin du déclin. Méthode Coué ou vraie vision ? D'un point de vue purement théorique, l'idée n'est pas complètement irréaliste. La chute relative (tous les journaux ne chutent pas) a peut-être une limite. On peut en effet imaginer que, après avoir perdu un certain nombre de lecteurs, la presse écrite finisse par atteindre un seuil en deça duquel elle ne descendrait pas. Une sorte de noyau dur. Pourquoi ?
Qu'observe-t-on aux Etats-Unis ? Le lectorat quotidien d'Internet est de 22%, contre 44% pour la presse écrite. Or, après une hausse phénoménale (on partait de zéro), la tendance sur le Net est naturellement au ralentissement. En face, la chute des ventes papier a explosé, avant de ralentir puis de stagner. On pourrait donc conclure qu'un équilibre est en train de s'opérer.
On a d'ailleurs quelques exemples de quotidiens lancés récemment sur le marché, qui semblent avoir trouvé leur public.

Tout bon produit se vend, à condition de bien cibler son lectorat, de lui offrir ce dont il a besoin et de concentrer les coûts sur ces objectifs.
Il n'y a donc pas de raison que la presse écrite échappe à cette règle. Il n'y a pas de transfert à 100% du lectorat papier vers le Net. Les usages n'y sont pas les mêmes. Par contre, avec le vieillissement de la population internaute, le lectorat a tendance à se confondre. Il faut donc aujourd'hui cerner les usages plus que les populations.

Et vous, pensez-vous que la baisse de la diffusion des journaux peut être durablement enrayée?

jeudi 11 janvier 2007

Nouvelle formule de La Provence : pas très locale

Le quotidien régional français La Provence a lancé hier sa nouvelle formule à Marseille : format berlinois, design élégant, nouveau logo en défonce (titre blanc sur bandeau lavande), quadrichromie, papiers plus courts... du grand classique.
Le journal s'organise désormais en deux cahiers : un pour l'actualité départementale, locale, institutionnelle, nationale et sportive (dans cet ordre), et un second, appelé "La Provence 2", plus magazine, consacré aux loisirs et à laa vie quotidienne. Le lundi, un troisième cahier "Sports" viendra s'ajouter au journal.

Première déception : le recul de cette nouvelle formule sur la petite locale. Souvent en noir et blanc, avec beaucoup moins d'articles d'avant, peu de visages et presque pas d'infos services. Bref, si la rédaction en chef se félicite de réhabiliter le grand reportage dans la nouvelle Provence, elle semble avoir oublié au passage les fondamentaux de la presse locale.
C'était pourtant l'un des points forts de l'ancienne formule : peu d'articles de qualité, ni de rigueur ou de fraicheur de l'info, mais une place importante réservée à la petite locale. Dans les focus groupes auxquels j'ai pu assister pour une autre entreprise, les lecteurs de la Provence attachaient beaucoup d'importance à cette petite locale populaire, un peu brouillon, certes, mais identitaire.
La nouvelle formule apporte indéniablement plus de qualité et de clarté dans les pages, et passe du journal populaire local qu'il était à un quotidien urbain plus magazine et haut de gamme. Un pari risqué.

31 millions d'euros ont été nécessaires pour lancer le nouveau bébé, dont 25 pour acheter deux nouvelles rotatives.
Le site Internet devrait suivre. L'info locale devrait y être payante. Et, selon mes infos (qui sont peut-être périmées, corrigez moi dans les commentaires), l'info service et de loisirs serait relayée gratuitement à travers une version provençale de "maville.com", le service de city news développé par Ouest France.

Lire également : la dépêche AFP sur le site de Yahoo, l'article du Figaro, et les statistiques de l'OJD sur le quotidien La Provence.

mercredi 10 janvier 2007

Cinq choses que vous ne savez pas sur moi

Vous avez sans doute entendu parler de ce petit jeu pyramidal qui tourne depuis quelques semaines dans la blogosphère française et anglo-saxonne : "cinq choses que vous ne savez pas sur moi". On liste cinq vérités nous concernant avant de passer le relais à d'autres blogueurs (théoriquement cinq) ... Tapez cette petite phrase sur Google, et vous verrez.

J'ai donc été piégé il y a une bonne semaine par Joël (que j'avais d'ailleurs oublié de glisser dans mes liens, le mal est réparé). Et, même si je ne suis pas certain que ce soit le lieu, comme je n'ai pas d'autre blog, je vous livre à mon tour cinq petites vérités sans intérêt me concernant :

1- Ma première expérience avec les médias, c'était avec un énorme haut-parleur en bois que nous avions installé avec des amis étudiants sur une vieille 2CV pour crier (à plus de 500 watts sur la place publique) nos "informations" à la communauté. Après j'ai fait de la radio... je préfère ne pas vous raconter.

2- Quand j'étais gamin, j'étais fan de Cookie Monster, le monstre bleu de Jim Henson qui mange des gâteaux.

3- Je voulais aussi devenir pilote de Formule 1. Mais il fallait avoir beaucoup de sous pour ça. Aujourd'hui, je n'arrive même pas à finir Gran Turismo sur Playstation.

4- Comme Gil Grissom des Experts, quand j'ai les nerfs, je fais du grand huit dans les parcs d'attraction (ce genre de choses...).

5- Dès que j'ai un peu de temps libre, je m'envole pour l'Angleterre, sa Cornouailles, son sale temps mouillé et ses magiciens.

Puisqu'il faut passer le relais, j'appelle à la barre Jeff, Gilles, Damien, Philippe et Ari...

mardi 9 janvier 2007

Time sort son "aggregator"


Que pensez-vous du nouveau site de Time ?

Après le média participatif né sur la vague du journalisme citoyen, l'agrégateur éditorialisé est devenu lui aussi un nouveau genre journalistique. C'est l'innovation qui m'a le plus interpellé sur le site rajeuni du célèbre magazine Time.
Très beau (sauf si le rouge vous hérisse), il met en valeur les contenus spécifiques multimédias 24/7. Essentiellement des blogs. Mais aussi des archives gratuites (enfin un média qui a compris qu'on pouvait gagner plus d'argent avec des archives gratuites que payantes). Et bizarrement pas de vidéo.

Le plus intéressant dans ce lifting classieux, donc, c'est ce nouveau produit: "The aggregator". Pas grand chose a priori. Il s'agit d'un blog. Une revue de presse multimédia, comme pourrait le proposer Google News, sauf que la sélection est éditorialisée et réactualisée plusieurs fois par heure par un journaliste basé à Cardiff, dans le pays de Galles. Le profil du rédacteur fait d'ailleurs étrangement penser à celui de l'inventeur du père des agrégateurs, automatique robotisé celui-là, Google News, : un dévoreur de presse.
Simplissime, the "AG" est devenu un concept. Où comment aller au delà des agrégateurs de news qui ont fleuri avec Google News, Yahoo Actualités et Wikio ou Digg.
Un nouveau genre éditorial, donc, intelligent, pas cher et attractif, qui tire partie de l'immense richesse des news diffusées sur le Net en éditorialisant le contenu. C'est à dire en sélectionnant, en opposant news, perspectives et analyses.
Ici, il ne s'agit que d'un blog, mais on peut construire des médias complets sur ce type de recyclage. Les thématiques et les contenus ne manquent pas. C'est le concept de la house music qui est en train de débarquer dans le microcosme des médias...

Un bel exemple de ces médias d'un nouveau genre : "Iraq Slogger". Un média total et pluraliste qui agrège toutes les informations disponibles sur la guerre en Irak, côté US ou irakien. Impressionnant. Ce métier n'a pas fini de nous surprendre.

Tout cela, avec le média participatif (lire mon précédent post), préfigure les choix de demain. La révolution digitale, ce n'est pas la fin du journalisme, c'est investir dans un autre journalisme.

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Lire également sur le sujet : Online Media Daily , Journalism.co.uk, Media 2.0

Le journalisme participatif est en marche


Deux bons exemples de la révolution qui est en train de s'opérer dans les médias :

A Libération, qui est peut-être en train de faire ce qu'il aurait dû faire depuis des années, Ludovic Blecher, qui défend le projet de journalisme participatif depuis longtemps, vient de lancer un blog avec les squatteurs du ministère du logement (ici). Les acteurs de l'événement lui transmettent les contenus ou les lui dictent par téléphone. Le journaliste les retravaille ensuite pour le blog.
Plutôt généreux, même s'il manque un peu de vidéos, le reportage nous fait vivre l'événement de l'intérieur avec ce qu'il faut de filtre journalistique pour valoriser le contenu. Ce n'est apparemment qu'un début. Libé pourrait avoir pas mal de projets en ce sens.

Dans un autre registre, Tristan Mendes-France, vient d'inventer le reportage vidéo participatif. Parti au Cambodge avec un téléphone portable vidéo (un Nokia N90), il a réalisé un reportage par jour sur la mémoire du génocide au Cambodge. Les petites vidéos étaient publiées sur un blog et commentées. Les internautes pouvaient ainsi orienter la suite du reportage. Vertigineux (Voir son interview vidéo ici. Les reportages sont ici).

Comme je l'expliquais dans un précédent post, ce type d'initiative illustre bien comment le phénomène du journalisme citoyen, qui aura toujours du mal à être accessible à tous, est en train d'évoluer de façon durable vers ce qu'on appelle le média participatif, ou le média social. C'est à dire une organisation spécifique du média qui permette de tenir compte et d'intégrer naturellement les contenus générés par l'utilisateur dans la fabrication de l'info.

Gadget journalistique ? Pas sûr. Car au delà de l'utopie participative qu'il véhicule, ce modèle a également l'avantage de répondre à une problématique économique : produire du contenu coute cher. Or, le grand avantage du contenu généré par l'utilisateur, c'est que non seulement il ne coute rien (ou presque rien, si l'on tient compte de l'encadrement éditorial), mais il apparait souvent comme plus attractif et authentique pour l'utilisateur.
La presse locale devrait aussi y trouver matière à réflexion.

- Le blog de Libé
- Le site de blogtrotters

jeudi 4 janvier 2007

Le Dauphiné Libéré lance un média Web 2.0 sur l'élection présidentielle


Le site sera bientôt en ligne et fera l'objet d'un lancement officiel. En attendant, c'est avec une certaine excitation que je vous dévoile le lien vers la page d'accueil du projet, publiée ce soir.

"Fin janvier, le quotidien régional français Le Dauphiné Libéré lancera un produit innovant à destination des internautes français, à l'occasion de l'élection présidentielle. Pour accompagner ce qui sera l'événement médiatique majeur de l'année 2007, "quelcandidat.com" donnera la possibilité aux internautes de connaître le candidat qui leur ressemble le plus."

Entièrement web 2.0, "quelcandidat.com" sera aussi un média citoyen participatif. Le site a été développé par 5W Mignon Média.

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Disclaimer : Je pilote ce projet pour le Dauphiné Libéré.

mercredi 3 janvier 2007

Le "User generated content", une chance pour la presse traditionnelle


C'est ce qui ressort de l'édition 2007 du Deloitte Trends Predictions, un rapport sur les tendances dans les médias pour cette année.
Pour le consultant newyorkais, interviewé par Reuters, l'explosion du contenu généré par l'utilisateur ("User generated content"), couronné par le rachat de YouTube par Google en 2006, ne serait pas une mode mais une tendance de fond destinée à durer. Et les médias traditionnels seraient les mieux placés pour intégrer ce contenu pour enrichir leurs sites.
Il ne s'agit pas de surfer sur l'engouement du "tout le monde peut être célèbre 5mn", dont le public se lassera comme il s'ennuie aujourd'hui de la téléréalité. Il s'agit plutôt d'intégrer cette nouvelle pratique sociale qu'est la volonté de participer.
L'avenir n'est donc pas à la création de nouvelles plateformes de "user generated content", mais plutôt à l'éditorialisation de cette participation à l'information. Une validation du phénomène dans le processus d'information. Matérialisé par un travail de mise en valeur et de conversation pour lequel les médias traditionnels, papier ou télé, ont toute légitimité (encore faut-il savoir le faire, comme le rappelle Julien Jacob).

Dans cette optique, le rachat par le groupe McClatchy (patron des quotidiens "Fresno Bee" et "Modesto Bee") de deux sites locaux de "journalisme citoyen" , FresnoFamous.com et ModestoFamous.com, semble symptomatique. Le groupe californien vient juste de revendre son quotidien régional phare "The Star Tribune", 50% en dessous de son prix d'achat en 1998.
Je vous conseille d'ailleurs d'aller visiter ces deux sites hyperlocaux particulièrement bien faits et jouant sur la communauté. On peut regretter cependant que les plateformes soient volontairement séparées des sites des deux quotidiens.

"Mix up professional and citizen reporting" (mixez les reportages pro et citoyens) conseille Steve Outing de Editor & Publisher aux petits journaux.
Avec l'intégration des rédactions web et papier (après le New York Times, le Washington Post est en train de s'y mettre) -une autre grande tendance- l'année 2007 sera bien sous le signe du contenu estampillé "YOU".