mardi 26 mai 2009

Hyperlocal: la presse hedbomadaire régionale mieux que la PQR ?


En tout cas, elle commence à bouger. Et à jouer l'union sur le web plutôt que de tirer chacun dans son camp (vieille habitude de la Presse quotidienne régionale...).

J'ai rencontré ce matin des représentants de l'AEPHR (l'association pour l'étude et la promotion de la presse hebdomadaire régionale), récompensée récemment pour son esprit d'innovation sur le Web.
Je les croyais loin derrière, avec peu de moyens, et j'ai été (agréablement) surpris: par leur dynamisme évidemment, mais surtout par leur volonté d'avancer vite et simplement sur Internet.

La PHR, c'est 250 hebdos locaux en France et 7 millions de lecteurs. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont les vrais champions de l'hyperlocal. La plupart de ces journaux couvrent des bassins de population très réduits.
Quand je co-pilotais Vaucluse Matin (qui est un quotidien régional), je me suis beaucoup inspiré du dynamisme du "petit hebdo" régional, la Tribune de Montélimar, qui faisait du +5% par an avec une mise en page absolument abominable, mais avec un vrai sens de l'info de proximité, beaucoup d'intelligence et, surtout, tous les fondamentaux de l'info hyperlocale.

L'hyperlocal est l'avenir de l'info sur le Net, sans doute le secteur média où il y a le plus d'espoir de bâtir des modèles économiques sérieux (proximité, communauté, utile...).

Aujourd'hui, sur les 250 magazines, une quarantaine bénéficie aujourd'hui d'un site internet hyperlocal construit comme un gros blog. Comme celui du "Journal de Millau" ou "Le pays Briard".

Les journalistes ont transformé leur média hebdo en site 24/7, avec entre 5 et 6 infos par jour. Ils font de la vidéo postée sur Dailymotion (plus rarement, ce sont les correspondants locaux qui les envoient), leurs contenus sont géolocalisés (avec une google map) et tagués.
On peut commenter les articles (pas tous, ce sont les journalistes qui décident).
Les sites proposent un agenda participatif où chaque internaute peut proposer son info.

Ce n'est pas révolutionnaire, l'écriture web est encore inégale selon les sites, mais c'est simple et efficace. Et comme tout ce qui est simple, ça ouvre des perspectives.

Pour avancer plus vite, l'AEPHR (qui semble avoir une certaine autonomie dans ses projets) a créé un modèle de sites hyperlocaux prêts à l'emploi qu'elle propose aux hebdos depuis 2008 (pour une toute petite somme : 5000 euros, avec la plateforme de petites annonces!).
Mieux : une animatrice est chargée d'accompagner et de conseiller les journalistes dans leur passage au "live news", au tagage et à la vidéo.

Une version 2 est en chantier et devrait sortir l'année prochaine. L'évolution est clairement communautaire (c'est ce qui manque aujourd'hui sur les sites de la PHR). Un site inspiré de Facebook ou chacun pourra partager ses infos et ses photos.

Quelques chiffres:


L'audience des 40 sites est encore assez faible avec 200.000 visiteurs uniques par mois. Mais les sites viennent à peine d'être lancés. Et la progression d'audience est de 15 à 20% chaque mois.

Les vidéos ont cumulé 600.000 visites sur Dailymotion.

Ce qui marche le plus ce sont les faits divers, bien sûr. Et la vidéo e faits-divers.
Mais pas seulement: une opération sur l'élection online de la personnalité locale de l'année a également fait bondir le trafic.

Pour l'instant, pas de régie pub web. Mais c'est en cours...

A noter que la diffusion papier de la PHR est positive: 1,27% en 2008.

Que retenir de cette expérience plutôt encourageante ?

- Que l'hyperlocal, c'est l'avenir. Que la communauté hyperlocale, ça l'est encore plus.
- Que la PQR devrait s'en inspirer: créer des petits projets hyperlocaux, pas chers, légers, où l'on peut impliquer les rédactions en douceur.

8 commentaires:

DesNouvellesDuMonde a dit…

Etonnant, moi non plus je ne pensait pas que la PHR était si connectée. La PQR a en effet un train de retard, pour le coup. Trop peur de cannibaliser le lectorat print en offrant gratuitement l'info sur internet...

Unknown a dit…

Exact c'est une belle initiative que celle de la PHR qui a finalement compris plus vite que la PQR que la microlocale est peut-être l'avenir. En terme de monétisation du site, il sera intéressant de voir si ces sites vont attirer ou non des annonceurs. Je pense que beaucoup d'annonceurs potentiels qui avait renoncé à investir dans la presse papier (notamment pour l'inadéquation cible/coût) pourraient être attirés pour communiquer sur le web. En tout cas, je commence à le voir sur mon site gaillacinfo.fr qui lui aussi tente cette expérience de la microlocale.

Benoit Raphael a dit…

Pour modérer l'enthousiasme :

- il y a encore beaucoup de progrès à faire. J'ai noté que peu de journalistes taguaient leurs contenus par exemple.

- il y a des initiatives intéressantes en PQR et de l'innovation. Mais elle est souvent ponctuelle et, proportionnellement, la vitalité est plutôt du côté de la PHR en ce moment.

ProXiti a dit…

Pour avoir eu la chance de les rencontrer, je peux confirmer que l'équipe de l'AEPHR est en effet très pro active sur le sujet.

Comme je l'ai déjà écrit, la PHR a également plus d'atouts à jouer dans la stratégie d'approche du numérique que la PQR, parce qu'elle a moins à y perdre.

Par contre, l'une et l'autre auront un mal incroyable à changer de modèle pour une raison simple : une composante essentielle de leur business model consiste à vendre du PAPIER.

Comment pourraient-elles demain mettre à disposition de tous l'information locale dont elles ont encore une partie du monopole tout en continuant à vendre leur support physique papier ?Là est la clé.

Pour eux, le passage au numérique implique des choix qu'ils ne pourront jamais assumer.
En effet, dans tout choix il y a un renoncement et ils ne seront probablement jamais capables de le faire car le papier est pour eux un véritable boulet que n'ont pas à trainer les nouveaux outsiders "pure players" qui émergent.

@jeff :
un site local isolé, même très bon (comme celui de christophe par exemple) aura en effet beaucoup de difficultés à atteindre le point mort économique et à durer.

Pour cette raison, on ne peut pas appliquer la méthode classique du puzzle par reproduction à laquelle
tu fais allusion. Non pas qu'elle soit mauvaise, mais il faut plus d'innovation et une vraie stratégie de rupture pour gagner le marché de l'information locale, ou plutôt hyperlocale en ligne.

Le mouvement de fond sur ce terrain est déjà amorcé aux USA, il émerge seulement en France, mais c'est sûr : il arrive.

Coquis a dit…

Un petit calcul :
200000 visiteurs pour 40 sites cela fait en moyenne 5000 visiteurs par site et par mois soit en gros 160 visiteurs par jours... Déjà cela fait moins sexy comme fréquentation. Après il faut voir la zone géographique que couvre le site.
Enfin sur le nombre de visiteurs, combien viennent (de google très souvent)et repartent avant 10 secondes. Soyons honnêtes, facilement 1/3 tiers (combien sur le Post ;)
Pour Info, pour Gaillac Info, sans pub, sans soutien d'un support papier (et de son poids en tant que marque), j'arrive à mes 5000 visiteurs uniques /mois pour une zone de 20000 hab. après 4 mois d'existence.
@Proxiti : clairement le modèle éco de Gaillac Info n'est pas d'en vivre complètement mais d'en faire un revenu complémentaire. Après les charges pour créer un site d'info locale sont dérisoires... Et on est pas à l'abris d'un succès ;)

Anonyme a dit…

Attention, je les ai rencontré aussi (et je trouve d'ailleurs qu'ils sont originaux et dynamiques dans leur démarche), mais je crois que la plus grosse partie des 40 sites qu'ils annoncent ouverts le sont depuis deux ou trois mois maximum, ils doivent donc sans doute tirer la moyenne vers le bas. Ce qui sera intéressant à regarder, c'est l'évolution de leur fréquentation dans les mois à venir.

petitreporter a dit…

J’entends parler de bilan globalement positif et saluer le dynamisme de petites équipes. Celui qui écrit cela n’a jamais travaillé dans un hebdomadaire régional. Les vrais galériens de l’information, ce sont eux, et depuis longtemps. Ces collègues sont obligés de travailler sans limite, d’être disponibles jour et nuit. Ils devaient déjà tout faire, les articles, la mise en page, le démarchage publicitaire, la prise des petites annonces et des avis de décès, le standard téléphonique, le développement des pellicules avant l’arrivée du numérique. Maintenant, ils doivent aussi faire de la vidéo, du son, des brèves Internet. Tout cela en étant payé au Smic.
Ce que vous saluez comme globalement positif, c’est l’exploitation la plus éhontée de gens dont la passion pour l’information a été manipulée par un patronat bien réactionnaire. Il n’y a pas d’autre vérité.
Je constate, pour être aujourd’hui journaliste dans un quotidien régional, que cette pression sur les personnels devient la norme du métier. Le journaliste doit faire tout et plus dans l’instant, contrôlé à distance par sa hiérarchie, via son téléphone portable. Les vidéos sont floues, les sons soient bouchés, les brèves sur Internet ne sont pas vérifiées, les articles dans le quotidien sont écrits en catastrophe par des journalistes lessivés par leur journée. La crise économique vient ajouter sa pression à celle du patron. Les journalistes sont exploités et les lecteurs sont trompés. La presse quotidienne régionale n’a jamais eu grand-chose à dire, elle a surtout été le porte-parole des institutions et des hobereaux locaux, le certificat d’authenticité et de respectabilité des médiocres puissances en place. Mais son inorganisation, ses moyens humains, la liberté que le terrain offrait, permettaient qu’un miracle se produise épisodiquement, qu’une vraie information, qu’un vrai travail d’enquête paraisse. Ces temps-là sont révolus.
Non, la présence de la presse régionale sur Internet n’est pas globalement positive.

Dominique a dit…

5 à 6 infos par jour pour les journalistes vous dites ?
Si c'est pour les médias sur internet il n'y a jamais eu au temps d'infos. On est saturé parfois je trouve personnellement.
Maintenant je ne remet pas en cause leur travail. J'ai lu aussi à propos de l'AFP, 1 millions d'euros pour une rédaction si j'ai bien compris alors qu'il est même évoqué que les journalistes pourraient aller sur d'autres médias trouver l'info (s'ils étaient formés à Internet, Web 2.0 ?) Il paraitrait que serait même plus rentable pour les rédactions (plus à débourser 1 millions d'euros à l'AFP ).
Mais que devient alors l'AFP sans toucher ses droits?

C'est vrai que les médias sur le web peuvent aller nourrir de photos estampillées DR ou taper dans flick ou wiki média commons afin d'éviter de payer des droits d'auteur avec une photo sous licence CC)
Personnellement je trouve que serait pas logique (surtout à l'heure de l'HADOPI2)