jeudi 15 juillet 2010

Retrouvez moi sur mon nouveau blog



La Social NewsRoom, c'est le nom de mon nouveau blog, hébergé à l'adresse suivante : http://benoitraphael.com

.Une suite logique et une nouvelle aventure, que je raconte ici. C'est un nouveau média à la production quotidienne,  qui se veut riche en témoignages et en données pour réfléchir ensemble sur la monétisation digitale et les nouveaux modèles de l'info.

A tout de suite !

vendredi 28 mai 2010

Mes deux mois avec l'iPad

L'iPad sort aujourd'hui en France après deux mois d'exploitation aux Etats-Unis. Avec un peu moins d'engouement, apparemment. Tandis qu'outre-atlantique la tablette a dépassé en moins de deux mois le million d'exemplaires vendus.


Arrivée de l'ipad en france
envoyé par 20Minutes.

En attendant, j'entends et je lis encore depuis quelques jours les mêmes interrogations autour de la dernière création de Steve Jobs :

1) Est-il utile ou futile ?
2)Au fait ça sert à quoi, à qui ?
3) Va-t-il sauver la presse payante ?

J'ai fait partie des early adopters qui sont allés chercher l'iPad aux Etats-Unis le jour du lancement, début avril. Depuis, je vis avec cette drôle de bête au quotidien.

Dans le cadre de l'agence RevSquare, que je lance ces jours-ci avec un petit groupe d'excellents professionnels (RevSquare est un concept innovant d'agence de consulting, centrée sur la monétisation digitale) nous avons d'ailleurs monté la semaine dernière un petit événement autour de l'iPad.

Parmi nos premiers invités : le patron de RMC Sports, François Pesenti, Arnaud de Saint-Simon, Pdg de Psychologies Magazine, et Frédéric Siterle, ancien patron du Figaro.fr et fondateur du prometteur MySkreen.com, dont la nouvelle formule vient de sortir ce matin.


L'occasion pour nous de revenir sur les mirages et les vraies opportunités de cet outil clivant.

Voici donc quelques réflexions après deux mois d'utilisation intensive.

1- Ce n'est pas un ordinateur. Ce n'est pas un téléphone.
Inutile de le comparer à votre MacBook ou votre iPhone.

L'iPad, c'est effectivement un nouvel outil dans la chaîne ordinateur/ smartphone. Il ne remplace donc pas un ordinateur, encore moins un téléphone même s'il s'apparente à un gros iPhone. Il se place entre les deux.

En fait, si je devais aujourd'hui acheter un ordinateur, je laisserai sans doute mon MacBookPro pour acheter un iMac de bureau que je laisserai chez moi. Et je me déplacerai avec mon iPad. 

En fait, l'important pour moi serait d'avoir accès à tous mes dossiers depuis n'importe quel ordinateur ou tablette et qu'ils se synchronisent instantanément. C'est le stade ultime du cloud computing (l'accès aux logiciels et aux documents via Internet sans passer par votre disque dur), qui en est encore à ses balbutiements. 
Et l'iPad est construit pour le cloud computing.



2- L'iPad, comme les prochaines tablettes des concurrents d'Apple, est donc surtout le chainon manquant dans la panoplie d'outils qui marquera l'ère de la continuité des écrans. 
L'important, demain, ce ne sera pas d'avoir une tablette, un ordinateur ou un iPhone, mais de pouvoir être connecté en permanence avec ses données et de pouvoir interagir avec elles. 
L'iPad est une interface mobile. Pas un ordinateur.

3- Personnellement, comme la plupart des early adopters avec qui j'en ai discuté, je ne me sépare presque jamais de mon iPad. 

Je pourrais m'en passer, mais il a changé mes usages dans bien des domaines.

- Il est très léger, plus léger qu'un Mac Air, et plus petit. Je peux le tenir à la main comme un carnet de notes. J'ai accès à Internet depuis n'importe où, en 3G (via mon téléphone) ou en Wifi.

- Lors de mes rendez-vous, je peux faire une présentation powerpoint à mon interlocuteur en un clic. C'est beaucoup plus agréable et spontané que de le faire avec un laptop.

- Je l'utilise essentiellement pour : consulter et envoyer mes e-mails, lire mes flux RSS via une application qui se connecte sur mon Google Reader, surfer sur le Web, prendre des notes ou rédiger des textes, regarder des vidéos.

- Je ne prends mon laptop que lorsque j'ai besoin de faire des opérations complexes : faire un powerpoint, un tableau excel, écrire un texte sur lequel j'ai besoin de faire beaucoup d'éditing, travailler sur plusieurs documents (l'iPad n'est pas encore multitaches).

- J'utilise également mon laptop pour écrire sur mon blog parce que le navigateur Safari de l'iPad est incompatible avec Blogger, ma plateforme de blogs. De plus, gérer les photos (je ne peux pas uploader de photos sur Blogger depuis l'iPad), les liens, avec Safari n'est pas idéal.


4- L'iPad n'est pas vraiment un livre numérique. En tout cas, ce n'est pas un lecteur passif destiné à la consultation numérique de contenus papier. Dans ce sens, ce n'est pas un clone du Kindle d'Amazon (le lecteur de livres numérique dominant sur le marché). Pour plusieurs raisons.

L'écran est merveilleux pour regarder des photos ou des vidéos. La qualité est excellente. Surprenante, même. Il est également vraiment adapté à la lecture  des bandes dessinées.

Par contre:
- il est rétro-éclairé (ce qui n'est pas le cas du Kindle). Les yeux fatiguent donc très vite. Je peux lire un article sur le Net, mais pour un livre, je suis obligé de reposer mes yeux au bout de quelques minutes.
- en plein soleil ou à la lumière, il y a énormément de reflets (et de traces de doigts!), ce qui perturbe la lecture. Impossible de lire plus de 5mn au soleil.

5- Je ne l'utilise donc pas pour lire des journaux ou des magazines en e-paper.

Je les ai pourtant tous testés. LeMonde.fr, Les Echos.fr, Paris Match, GQ...

Transposer un magazine ou un journal sur l'iPad, comme s'il s'agissait de papier électronique est une erreur. Ce n'est pas fait pour ça. Même en implantant des mini-readers dans la feuille.

Les seules applications efficaces sont celles qui sont conçues pour l'iPad et proposent une vraie expérience d'utilisation: on joue avec les fonctions tactiles, on a accès au Net, à des infos en temps réel, à une mise en scène adaptée à l'écran, une mise en écran tactile plus qu'une mise en page.

6- Par contre, la meilleure application, c'est le navigateur Internet.
Ce qui change beaucoup de chose par rapport à l'iPhone.
La plupart des applications médias de l'iPhone se justifient parce que la navigation web n'est pas évidente. Il est plus facile de circuler sur l'appli du NYTimes que sur son site mobile.

Sur l'iPad, c'est le contraire. J'ai plus de contenus et de souplesse sur le site web du NYTimes, consulté via le navigateur de l'iPad, qu'avec l'application.

Pas simple pour les médias...


Lors de la rencontre RevSquare de la semaine dernière, le contraste était révélateur : 

RMC Sport, qui est structurée comme une agence multimédia, va lancer son appli iPad en juin prochain: "L'AppSport". Le résultat ressemble à un magazine nouvelle génération, mais complètement adapté à l'iPad, avec du contenu photo, vidéo et live. "Produire pour l'iPad ne nous coûte presque rien", car les journalistes de RMC Sport sont organisés pour produire en continu des contenus digitaux vidéo (pour BFM-TV), radio (pour RMC), et photo + texte (pour les médias en ligne du groupe). Ils produisent même des guides papier vendus en kiosque...



A l'inverse, Arnaud de Saint-Simon, qui avait organisé une journée iPad pour le Syndicat de la presse magazine, nous expliquait que produire pour l'iPad, sauf à reproduire l'imprimé sur l'écran, coûterait très cher aux magazines, "car il faudrait complètement modifier notre organisation". Une organisation tournée d'abord vers le print.


A lire sur Business Insider, une petite étude qui montre la différence d'usage entre les possesseurs d'iPad et d'iPhone. C'est plutôt encourageant. Elle positionne l'iPad davantage comme un reader et un outil de productivité.



 7- Mes applications favorites


- Evernote : le parfait exemple de la continuité des écrans. Je prends des notes sur mon iPhone, mon iPad, ou mon ordinateur. Je les retrouve instantanément sur tous les écrans.

- Wired: encore imparfait et un peu trop CD-Rom. Mais il y a eu un vrai effort de réalisé pour faire de l'appli du célèbre magazine américain une expérience digitale originale sur écran tactile.

- La suite bureautique d'Apple : un traitement de texte (Pages), un tableur (Numbers) et un powerpoint-like (Keynote).

- FeeG+: Un lecteur de flux RSS qui se branche sur Google Reader et propose une vraie appli média d'agrégation. Inutile de télécharger les applications de vos médias favoris, tous leurs contenus peuvent être réunis dans ce programme!

- Twitterrific: Pour l'instant, un des meilleurs clients twitter sur iPad.

- BFM-TV: une vrai télé de poche et des reportages à la demande. Avec un bon système de partage.

- Adobe Ideas: un outil intuitif pour faire des croquis.

8- Celles que j'aime le moins : 

- LeMonde.fr et Les Echos: ce sont de simples Pdf adaptés à l'iPad.

- Le Figaro. L'appli est incompréhensible: une sorte de cube que l'on manipule sans que l'on saisisse vraiment pourquoi. Tous les contenus sont payants. Alors qu'ils sont gratuits via le site Internet, accessible depuis le navigateur iPad !

(A lire également : le témoignage et l'analyse de Mémoires Vives sur l'iPad.)

mardi 27 avril 2010

Twikio et Twitter: la fin du ranking à la Google ?


Invité par l'ami Pierre Chappaz, j'ai assisté hier soir à la présentation de Twikio, la dernière innovation des labs de Wikio.
Twikio, qui signifie Twitter+Wikio, est un nouvel algorithme qui permettra au célèbre agrégateur de médias de classer les contenus des blogs non plus seulement en fonction des backlinks (c'est à dire les liens pointant vers le contenus) mais aussi en fonction des citations sur Twitter.

Le passage du système des backlinks à celui de Twitter n'est pas anodin. L'exploitation des liens pour calculer la pertinence des contenus est la base du système du PageRank de Google.
Développé en 1998 par Larry Page et Sergei Brin (à l'époque beaucoup moins célèbres et riches qu'aujourd'hui...), le PageRank a marqué le début d'une nouvelle ère. Celle du "web 1", si vous voulez, qui permettait aux utilisateurs de trouver des informations pertinentes non plus en fonction de la hiérarchisation des annuaires ou des journalistes, mais du nombre de reprises par les sites Internet ou les blogueurs. C'est à dire en fonction du nombre de liens hypertextes (backlinks) pointant vers tel ou tel contenu.
Si les gens en parlent, c'est que ça doit être intéressant... Une vraie révolution à l'époque, qui a entrainé la fameuse fragmentation de l'information. A l'origine de la chute d'un certain modèle de presse.

Jean Véronis, le responsable de Wikio Labs, est à l'origine du fameux classement Wikio des blogs. Le chercheur, basé à Aix-en-Provence, a passé ces dernières années à analyser les liens hypertextes des blogs pour en tirer des tendances et des "buzz".

Son constat aujourd'hui est qu'il y a de moins en moins de liens.

Mais surtout que ce système de "ranking" basé sur les liens est de moins en moins efficace pour évaluer la pertinence des contenus. Pourquoi ? Parce que nous sommes passés d'un web sédimenté à un web en temps réel.

En 10 ans, on est passé de la recommandation des moteurs de recherche (le PageRank de Google) à celle des médias sociaux comme Twitter et Facebook.

Certes, après un bref passage dans la "bulle" du Web 2.0, où l'on a pensé ce serait le vote des utilisateurs (le système Digg) qui permettrait de hiérarchiser les contenus.

Avec Twitter et Facebook, nous sommes véritablement entrés dans une nouvelle ère: celle de l'Internet des réseaux. Ce fameux web+mobile en temps réel que Google a tant de mal à prendre en compte.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le géant américain multiplierait les contacts techniques avec Twitter, explique Jean Véronis. Pas seulement pour afficher de vagues tweets dans les moteurs de recherche, ce qui n'a que peu d'intérêt, mais pour prendre en compte la recommandation des contenus en temps réel dans leur pagerank.
Pas simple.
Une vraie révolution, que l'on mesure mal. Sans doute "la plus importante depuis l'apparition du web", ose le patron de Wikio Labs.
Un changement de paradigme qui fait dire aux observateurs que Facebook est en train de devenir le nouveau Google. Que, désormais, nous aurons autant besoin de SMO (Social Media Optimization) que de SEO (Search Engine Optimization) pour donner du poids à nos contenus. Notamment depuis que Facebook est passé devant Google News pour l'apport de trafic dans les sites d'infos.

Nous sommes en train de passer du référencement par sédimentation à la recommandation en temps réel.

Essentiel pour les sites d'info.

La fin du lien hyper-texte ? Peut-être pas encore. Mais l'architecture dans laquelle il s'inscrit, et qu'il a lui même contribué à créer, est complètement bouleversée. Jean Véronis se souvient du vertige qui l'avait saisi lorsque, à la fin des années 80, il avait cliqué sur son premier lien hypertexte. Imaginant encore mal la révolution que cette "simple" fonctionnalité allait entraîner. On entrait alors dans la troisième dimension de l'information. Les médias sociaux en ouvrent une nouvelle, tout aussi imprévisible.
Le lancement d'OpenGraph par Facebook la semaine dernière en est l'exemple le plus fascinant. Et effrayant...

Twikio s'appuie sur cette tendance pour proposer les contenus qui buzzent en temps réel, en combinant l'ancien système de réputation à la recommandation sur Twitter, matérialisée par le nombre de "re-tweets".  C'est à dire le nombre de fois où un contenu a été repris sur Twitter. Le résultat est ensuite comparé aux nombre de liens pointant vers ce contenu sur les blogs pour créer un nouveau ranking mixte.



Le service est encore en béta privée, il ne sera en ligne qu'en juin prochain mais j'ai pu jeter un coup d'oeil aux résultats. Ils sont assez surprenants. Twikio permet de détecter automatiquement les buzz en temps réel, grâce à une analyse poussée de Twitter. En gros, plus un lien vers un article est "re-twitté", plus il fait monter le score. Le poids de chaque membre de Twitter est pondéré en fonction de la communauté à laquelle il appartient (certaines communautés, comme les professionnels du référencement ou les blogueurs high-tech, ont tendance à re-tweeter plus facilement que d'autres, ce qui brouille le baromètre).
Demain, Twikio devrait également prendre compte le nombre de followers de chaque émetteur (c'est à dire le nombre de personnes abonnées à son fil Twitter).

Et Facebook ? C'est à l'étude. "Mais pour l'instant, les informations sont encore trop verrouillées", constate Jean Véronis. Avec OpenGraph la donne pourrait peut-être changer..

mercredi 7 avril 2010

IPad: premières impressions d'un "early adopter"


Comme certains d'entre vous ont pu le voir sur Twitter, ou sur certaines chaînes de TV (je n'ai pas trouvé les liens vers BFM-TV, si vous avez..., merci RichardTrois pour le lien) et de radio, j'ai eu la chance de pouvoir me rendre à New York le jour du lancement du iPad, avec l'ami Geoffrey La Rocca de RMC.

Je ne vais pas m'étendre sur le déroulé des événements. De nombreux compte-rendus ont déjà été faits. Je retiens simplement l'étonnante capacité qu'ont les Américains de faire du lancement d'un produit un moment de fête.  Mais surtout le professionnalisme d'Apple. Il y avait certes moins de monde que prévu, mais l'excellente organisation a permis d'éviter les bousculades et l'attente (moins de 20mn pour être servi après l'ouverture des portes). On aime ou on n'aime pas, mais j'ai pris une belle leçon de marketing.





1) Sauveur de la presse écrite ?

Premier constat, après de nombreuses heures de prise en main: l'iPad ne va pas sauver la presse écrite.


L'idée que la sortie d'un e-book allait brutalement changer les usages, c'est à dire faire oublier aux lecteurs quinze ans de navigation libre sur le web pour revenir au format traditionnel du magazine dans le même environnement fermé que jadis, était évidemment naïve.

Elle parait encore plus saugrenue une fois que l'on a eu la tablette en main.

Certes, les premières applications presse que j'ai pu tester pourraient être améliorées.
Je passe rapidement sur celle du Monde, simple Pdf porté sur e-paper, ridicule et inutile. Celle de Paris Match est dans le même esprit: on reproduit le magazine, à l'identique, sur iPad. Time Magazine fait pire: chaque e-magazine est venu plus de 4$!

La plus réussie jusqu'ici, est l'application du Wall Street Journal. Les éditions du jour sont payantes, mais on peut consulter gratuitement une édition "live". L'expérience est plutôt agréable. L'appli reprend l'architecture d'un journal traditionnel, ce qui se marie plutôt bien avec le format de la tablette, et remplace généreusement les photos par des vidéos. Ce qui donne la drôle d'impression de se retrouver devant le Daily Prophet, le fameux journal papier de Harry Potter, dont les photos sont animées.

Seul hic: la navigation web avec Safari est très agréable et n'a rien à voir avec celle sur iPhone. Ce qui réduit l'intérêt de l'application. Pour l'instant, il est presque plus intéressant d'aller sur le site du NY Times...



...que sur son application iPad.



Pour nous ramener vers leurs applications, les médias devront donc sérieusement travailler leurs interfaces, afin d'offrir une expérience utilisateur vraiment compétitive.
Sans doute devront-ils envisager les applications comme des hors-séries, des packaging "jetables", plutôt que comme des médias tout en un. Et faire appel à des game designer (les professionnels du jeu vidéo).

A ce titre, l'application d'AP, présentée comme un album photo/vidéo, est déjà beaucoup plus ambitieuse (même si je la trouve est assez ratée, par ailleurs).



2) L'avenir des appli média est là:


Parmi la première livraison, les applications média les plus intéressantes étaient les agrégateurs.


- Newsrack, par exemple, se branche sur votre compte Google Reader pour télécharger tous vos flux RSS. L'interface, sans être révolutionnaire, est claire et agréable, avec des outils de partage et la possibilité de "sortir" pour aller sur Internet.



Je peux y lire mes blogs favoris, mais aussi les sections du NY Times et du Monde qui m'intéressent.
C'est devenu la première application que j'ouvre sur mon iPad.


- StumbleUpon: il s'agit de l'application du service du même nom, que vous connaissez peut-être déjà sur Internet. Ce méta-média s'appuie sur ce que partagent les utilisateurs pour proposer une sélection de news, de photos, de vidéos et de billets de blogs.



- Early Edition: présente vos flux RSS sous la forme d'un journal dont on tourne les pages.



On le voit bien, si l'ergonomie de l'écran nous ramène au format magazine, cela ne veut pas dire que les médias papier sont avantagés. Rien n'empêche de présenter une sélection de contenus venus de plusieurs médias en ligne et de les présenter dans une interface ergonomique à la manière d'un journal ou d'un livre.

L'iPad est finalement plus une nouvelle façon d'aborder les contenus qu'un e-book au sens où on le comprenait jusqu'ici.


3) Mais à quoi va servir l'iPad ?

L'expérience utilisateur de l'iPad est vraiment incroyable. Les actions sur l'écran tactile sont fluides, agréables, l'expérience est à la fois sensuelle et intellectuelle.
Alors, oui, on peut le voir comme un objet hybride, difficile à situer entre notre smartphone et notre ordinateur portable. On peut le voir comme une gadget de trop.
Mais on peut aussi le voir comme une nouvelle façon d'aborder l'ordinateur, les médias, et le réseau.
Comme l'explique très bien Steven Levy dans Wired, cela fait des années que les interfaces des ordinateurs n'ont pas évolué. Alors que le web a bouleversé nos usages, nous avons conservé notre vieille façon d'utiliser un ordinateur: un clavier, un écran, des logiciels, des fichiers, des prises de connection (USB, Hdmi...), des lecteurs de BlueRay, de DVD venus remplacer le lecteur de disquette...

L'iPad ne va sans doute pas assez loin, on peut penser que la vision de Google du cloud computing (logiciels directement en ligne) et du réseau devrait ringardiser l'écosystème des applications installées sur la tablette. Nous verrons. Mais l'outil nomade tactile révolutionne déjà l'antique ordinateur. C'est une première étape. Et c'est la principale innovation de l'iPad: Plus qu'un e-book ou un mini-lecteur de médias, la tablette d'Apple est un "ordinateur" nouvelle génération.



Très léger, nomade (10 heures d'autonomie!), proposant une qualité d'image fantastique, l'iPad me permet certes de télécharger et de consommer des médias (livres, films, photos, jeux...) mais surtout de produire et de partager. Je peux écrire des textes, travailler sur des tableurs ou des présentations, retoucher mes photos, faire ou d'écouter de la musique, dessiner, prendre des notes, partager mes fichiers, régler mes achats...

A ce titre, le clavier tactile est une merveille d'ergonomie. Zéro défaut!
Personnellement, je laisse désormais mon Macbook Pro chez moi et ne me déplace qu'avec mon iPad.


4) Un outil incomplet

Dans cette optique, d'ailleurs, l'iPad est loin d'être parfait. Et même assez frustrant.

- L'écran: Il est agréable, certes, mais il se comporte assez mal au soleil. Trop de reflets. Lire un livre en pleine lumière est assez fatiguant. Même dans l'obscurité, l'écran rétro-éclairé abime les yeux, contrairement au Kindle.

- La portabilité des applications iPhone: Elle est présentée comme un atout. En fait, vous vous rendre vite compte qu'elle ne présente pas beaucoup d'intérêt. Le clavier devient ridiculement petit, et la résolution est médiocre.

- Pas de multi-taches: Devoir jongler entre les appli est vite frustrant. C'est un vrai handicap.

- Pas de connection usb: Une lacune qui limite l'utilisation de l'objet comme un nouvel ordinateur portable (même si on peut le connecter à un ordinateur). Partager ses fichiers est possible (une fonction d'iTunes vous permet d'importer vos documents Word ou Excel par exemple), mais il est très compliqué de les faire naviguer entre les différentes appli. Encore un handicap qui milite pour le Cloud Computing.

- Le prix des applications : On tourne en moyenne autour de 9$ l'appli. Deux à trois fois plus cher que sur iPhone. Les livres sont assez cher aussi: premier prix à 9,9$. On trouve parfois la version papier pour moins cher!

- L'absence de webcam. Frustrant, à l'heure de Chatroulette!

- L'absence de flash: La lecture des sites Internet est sérieusement limitée. Même si de plus en plus de médias abandonnent la technologie flash pour pouvoir être lus sur iPhone et iPad.
Plus généralement, il y a encore des progrès à faire avec le navigation web. Je n'ai pas pu rédiger mon billet depuis l'iPad par exemple. L'interface de Blogger présente de vrais problèmes de compatibilité.

D'ailleurs, l'ergonomie particulière de l'iPad (tout sur un écran, absence de scrolling vertical, pas de flash, la dimension tactile) va certainement bouleverser la façon dont nous concevrons, demain, nos sites web.

D'ici là, j'attends les prochaines versions. Et les tablettes des concurrents. On verra alors si les 300.000 ventes du week-end se transformeront en ras-de-marée. Et si l'iPad est bien la première étape d'une révolution des usages.

- Pour aller plus loin: Je vous conseille la sélection de liens d'AFP Médiawatch.
- Les photos et les captures d'écran sont de moi.