C'est présenté comme une première. Et c'est le journal lui même qui l'annonce sur son site: le quotidien national américain "The Monitor" (nom complet: "The Christian Science Monitor") va, après 100 ans de bons et loyaux services, abandonner son édition papier pour se consacrer au web avec un nouveau site et une nouvelle organisation.
mercredi 29 octobre 2008
"Mainly web/ little print": le modèle de demain pour la presse écrite?
C'est présenté comme une première. Et c'est le journal lui même qui l'annonce sur son site: le quotidien national américain "The Monitor" (nom complet: "The Christian Science Monitor") va, après 100 ans de bons et loyaux services, abandonner son édition papier pour se consacrer au web avec un nouveau site et une nouvelle organisation.
dimanche 26 octobre 2008
La rédaction du futur? 35 personnes!
Je reviens du sommet "New business models for news" (les nouveaux modèles économiques de l'info") organisé par Jeff Jarvis à la CUNY graduate school of journalism (New York). Journée passionnante, à quelques années lumières des réflexions franco-françaises sur l'avenir de la presse.
mercredi 22 octobre 2008
Une nouvelle architecture de l'information
mardi 21 octobre 2008
Papier papier papier

J'ai participé ce matin à la première réunion de l'atelier "contenu de la presse écrite" des Etats-Généraux de la Presse Ecrite...
lundi 20 octobre 2008
Etats-Généraux: Vers la fin du papier? Quelles aides?

Je remonte ici les réponses récupérées via ce blog et celui de Mediachroniques à propos des Etats-Généraux de la Presse Ecrite, auxquels je participe.
Il nous était demandé de répondre à 5 questions concernant l'avenir de la diffusion print et les aides de l'Etat que l'on pouvait envisager pour aider le secteur.
Voici une sélection de vos réponses, auxquelles je rajoute les miennes et celles, envoyées par mail, par Jeff Mignon (qui participe également aux Etats-Généraux).
1) Doit-on s'attendre à un recul de moitié de la diffusion des quotidiens français, si oui à quelle échéance ?
Yann :
La baisse de la diffusion, n'est pas forcement inéluctable, elle est simplement le produit de la rencontre entre une inadéquation de l'offre à la demande et d'un système de distribution défaillant.Jeff Mignon (consultant 5W Mignon-media):
Le parfait exemple d'une diffusion en hausse depuis plusieurs années c'est Le Parisien / Aujourd'hui en France qui sait séduire de nouveaux lecteurs chaque année et qui dispose de son propre système de distribution.
Le Télégramme à Brest est un autre exemple du genre.
Pour les autres, la question de la baisse de moitié, pourrait être formulée sous l'angle à quel moment le point d'inflexion sera si important qu'il y aura un décrochage de 50 à 80% en 3 ans ?
Mon avis, c'est que cela devrait se produire avant 5 ans pour une grande partie des quotidiens nationaux.
J'ai bien peur qu'un simple recul de quelques % de la diffusion (et du revenu publicitaire) sera suffisant à atteindre bien des titres papier de la presse quotidienne payante nationale ou locale.- Message essentiel : Localisation ou spécialisation sont des atouts de taille pour la presse occupant ces créneaux. Pour autant, la rentabilité de l'information seule semble de plus en plus difficile à atteindre. La diversification est indispensable pour la presse quotidenne payante. Diversification non seulement des produits, mais diversification/création des services. Les généralistes payants d'opinion sont, sans aucun doute, face à un challenge immense pour faire survivre leur version papier (et même numérique). En effet, il va être difficile de leur trouver une "unique value proposition" qui sera transférable dans un monde multimédia déjà bien encombré.
Si on s'en tient à l'arithmétique et à la tendance des toutes dernières années, les échéances pourraient être de cinq à huit ans pour les titres de PQN, de dix à douze ans pour les titres de PQR les plus touchés. Mais il n'existe ni logique ni fatalité dans ces tendances, devenues "lourdes" depuis deux ans. Sans compter qu'on ne peut présager ni d'une nouvelle accélération de la consommation de l'info vers le numérique, ni de la capacité des titres print à relever le défi.Ne pas oublier néanmoins qu'à la prédiction, en 2000, d'un expert américain selon lequel la presse quotidienne payante disparaîtrait avant 2040, toute l'Europe avait crié "au fou!" Et maintenant ?..
Avec l'émergence de nouveaux lecteurs epaper/elink je pense que la diffusion ne va pas baisser tant que cela, notamment pour la PQN. Elle va changer de mode de diffusion et c'est à la santé des diffuseurs de presse qu'il faut s'inquiéter.
Le papier est là pour durer. En revanche, je ne parierait pas sur la fréquence quotidienne très longtemps.
La courbe diffusion en France devrait suivre, avec un an de retard, celle des USA, où l'on observe un décrochage dramatique. Ce décrochage semble s'amorcer cette année, mais dans une moindre mesure, pour un certain nombre de quotidiens nationaux (on parle de -7% et -9% déjà pour certains gros titres).Même si l'exemple d'Aujourd'hui en France prouve que l'on peut encore gagner des parts de marché (sur la PQR, semble-t-il) et monter la diffusion en s'appuyant sur un marketing éditorial efficace (exclusivité et proximité de l'info), et en jouant sur la transversalité des services (éditorial, marketing/distribution, commercial).La presse locale, elle, bénéficiera sans doute d'un léger sursis: elle dispose encore d'une (large) exclusivité de l'info locale et d'une (faible) marge de progression dans certains secteurs, à condition de se concentrer sur sa valeur ajoutée.Anticiper une chute de la diffusion de moitié dans les 5 ans ans pour la presse nationale payante française ne me semble pas irréaliste. C'est un rééquilibrage auquel nous n'échapperons pas, ce qui ne veut pas dire qu'il mènera automatiquement vers une extinction du format. La question, c'est donc aussi : à partir de quel seuil les journaux n'auront plus les moyens d'imprimer et de distribuer ?
Où les contenus de la presse écrite vous semblent-ils bien meilleurs?
Yann :
Dans la presse magazine US, en particulier, les titres du groupe Condé Nast
- La couverture de l'information locale aux États-Unis (mais ça ne l'empêche pas de voir sa diffusion/pénétration reculer à vitesse grand V)- L'explication/mise en perspective/analyse/info pratique/visualisation dans la presse Italienne et Ibérique.- L'infornation visuelle dans la presse d'Amérique du Sud.
Difficile d'importer des modèles d'ailleurs, en raison d'approches culturelles différentes. L'offre la plus valorisante semblait venir ces dernières années des pays anglo-saxons. Mais en Grande-Bretagne par exemple, The Guardian et The Daily Telegraph, précurseurs depuis 2004 en terme de synergies print/web, vont connaître au terme de cette année leur premier recul significatif (-5%) quant à leur diffusion papier payante...Des modèles intéressants pour la PQR: les équivalents dans les pays scandinaves, qui profitent de leurs avancées en terme de consommation du numérique pour se montrer très innovants, et créer de nouvelles sources de profit tout en enrayant le déclin du papier.Aller voir aussi du coté de l'Espagne et de l'Argentine, où l'influence d'un design intelligent rend le papier plus attractif. De toute manière, le seul vrai recours face au déclin du papier est bien dans la pertinence de ses contenus, tant sur le fond que sur la forme.
Je trouve les journaux espagnols souvent bien fait et riches en informations. A voir les journaux andalous du groupe Joly par exemple. Un exemple à suivre pour la PQR.
- La presse quotidienne aux USA, même si cela n'a pas empêché le décrochage de la diffusion papier (ce qui est « intéressant » en soi)- Les pays scandinaves, rois de la diversification (le quotidien VG en norvège, le groupe Stampen en Suède)- La presse locale autrichienne (l'exemple du Vorarlberg Nachrichten, notamment)
4) Où l'Etat oriente-t-il efficacement ses aides vers de meilleurs contenus?
La notion de "meilleurs contenus" me semble sujette à caution, en particulier, quand il s'agit d'aide d'état et de journalisme
Aucune idée. Mais la question DOULOUREUSE qu'il me semble indispensable de poser : est-ce que les aides à la presse ont vraiment AIDÉ le secteur des médias ou ont-elles ralenti l'innovation/transition indispensable à la survie de ce secteur d'activité ?Il me semble indispensable de rediriger les aides de l'État vers un soutien à l'innovation et à l'entrepreneurship. Non seulement pour soutenir l'innovation et "l'intrapreneurship" chez les actuels players mais aussi pour attirer de nouveaux entrepreneurs. Le modèle de la fondation américaine "Knight Ridder Foundation" me semble très intéressante sur le principe. Aider pour s'adapter au marché et aux nouveaux enjeux, pas aider pour faire survivre à tout prix des marques qui pour une partie ne veulent même pas changer.
On sera tous d'accord pour mettre en garde contre une association "aide de l'Etat" et "contenus". En France, le print a tout simplement besoin de se remettre en cause sur les contenus qu'il offre, toujours en toute indépendance. Et l'Etat d'offrir des solutions pragmatiques de nature à aider la presse à relever le défi qui l'attend en terme de distribution et de législation sociale (ex. droits d'auteur) notamment.
Je n'ai pas d'exemple.Il est clair qu'il reste encore quelques marges de manœuvre sur le format papier et que les groupes de presse doivent continuer à se réorganiser, rationaliser les contenus et surtout la distribution pour faire vivre un format qui continue, pour l'instant, d'être pertinent (il n'y a pas de réplique au papier), mais qui coûte encore trop cherJe vois deux types d'aides :- Aider à réduire les coûts de fabrication et de distribution pour aider les groupes de presse à respirer et à transiter vers des univers industriels où les chiffres d'affaires sont (pour l'instant) moins importants- Mais, en retour, les aides doivent essentiellement aller à l'innovation : aux projets concrets allant dans le sens de la mutation et de la diversification.
Le débat reste ouvert. Je vous tiendrais au courant de la suite... N'hésitez pas à laisser de nouvelles réponses dans les commentaires.
vendredi 17 octobre 2008
Etats Généraux de la presse: vous avez des réponses?
(Egalement publié sur Médiachroniques)
dimanche 12 octobre 2008
Presse papier: le casse-tête du contenu

Plus sérieusement, il est encore des situations où lire un journal reste pratique, même si l'arrivée des supermobiles (iPhone) et des mini-pc (on attend toujours le mini-macbook...) réduit considérablement son avantage physique, et rend d'ailleurs presque obsolète l'utilisation du e-paper.
mardi 7 octobre 2008
And now, should we kill the print ?
What's more, while the french press is working on its future at the General States of Press(since thursday morning), which want us to believe that the problem can be solved by helping the constitution of huge medias groups (but who believes it?), or that free internet is not the future of news (president Nicolas Sarkozy says thursday), we can legitimately think about this idea, which is not less serious than the first one. Just to think about it... Just to know. Just in case...
And what if, tomorrow, as the financial system today, the press industry falls down? So indebted that anyone holding a big cash pile could buy it for nothing.
Or just incapable to pay for its paper and journalists?
Impossible of course... But.. in case of... Let's say: maybe...
So while newspapers continue to fire more and more people, and lose money one the print section (-$77 millions ad lost on print vs. + $6 millions earned on the web for the Washington Post in 2007), where should they invest the money (if they still have some) ?
On which model shall we build the future medias ?
Today, most of 70% of the newspapers' budget is going to fabrication and distribution (around 40% for the only distribution!).
And we can say (if we count editorial jobs that are not useful online...) that, even if the ad incomes are 8 to 10 times bigger on the print than online, maybe we could build a healthy business (and save some money) by getting rid of paper...
There's a revolution to make, that is not made for a lot of medias (especially in France) and some courageous investments: do we have to invest in our old industry to involve the distribution for example, or should we switch definitly to the online distribution, and invest massively on the web to avoid catastrophy ? Of course it depends on each newspaper's situation
But maybe is the catastrophy nearer than we imagine (it's not me but the Deutsche bank talking) . So we have to play fast.
One of the problematic issue is still: is the online business model strong enough?
So, lets imagine: what if we decide to stop printing and invest all our money online? Would it be realistic? Short term? No? Middle term?
In his blog, Frédéric Filloux, dares to make some calculations..
A little bit unpredictable... but it helps to start the conversation about it...
Filloux asks: how could we transform a print newsroom in an only web based newsroom? How much would it cost to do that?
"I am sure we can produce good quality general news coverage with one hundred full-time equivalent dedicated journalists", Filloux says.
So: 100 journalists + technical, marketing, administrative... = €10M/ year
What trafic can generate 10 million a year?
New figures : "the average income per visitor per month appears to range from €0.10 to €0.25" A €850,000 per month income (10 million/year), "requires a hefty 8.3 million UV per month".
That is very approximative, you can earn €850,000 with less... or the contrary..., depending on the brand, on the target and on the position of the media compared to its concurrents (for exemple 20minutes.fr= 60%lemonde.fr in VU, but 10% of its ad revenues...)
In conclusion, it's very complicated.
Filloux gives 2 tips :
- Don't think packaged websites, prefer one section (like sports, politics), one site. It costs less but has more potential (ex: Huffington Post, specialised in politics makes more audience than Los Angeles Times, generalist).
- Diversify revenues: develop services on your news website. Not new, but still relevant.
Yes but...:
1- Move your print newsroom online? Theoretically, yes. But... which newsroom? Print journalists? I know no print newsroom able to push all its journalists to become online journalists (but I may be wrong). A ask a friend (who rules training sessions for print journalists in a big french newspaper): "How many of them are ready to move online?" His answer: "0".
2- And do we need a huge newsroom? 100 journalists= a hundred times bigger audience than 20 journalists? It doesn't work like that. A new journalism appears on the web, but not necessarily with a single and huge newsroom (outsourcing rise), and not necessarily with journalists...
So: 100, 50, or... 10?
3- Business on the web is always approximative...
lundi 6 octobre 2008
L'article en réseau

J'ai eu une discussion passionnante cette semaine avec Francis Pisani ("Transnets", un blog du Monde.fr) sur de la meilleure façon de couvrir la crise financière.
Ce thème de la crise financière constitue presque un cas d'école pour le web: c'est un événement majeur, persistant, hyper-présent sur la toile. Cela fait plus d'une semaine que tous les médias et les blogueurs en parlent. Et le web se remplit chaque jour d'une masse d'informations colossale: des infos, des opinions, des analyses contradictoires arrivent de partout, toutes les minutes, jour et nuit.
Quels outils offre Internet pour aider les lecteurs à mieux suivre et comprendre la crise? Et qu'est-ce que ça nous apprend sur nos pratiques?
La crise financière est l'événement idéal pour nous aider à envisager l'info non plus comme un produit, un contenu (l'article, le reportage) mais comme un flux.
Je veux dire : pas seulement un article ou un reportage vidéo que je publierais sur le web une fois écrit.
Mais un flux continu d'infos, d'infos fragmentées (des brèves qui s'enchainent, ou se répondent), apportant au lecteur les meilleurs éléments sur le sujet en temps réel.
Francis m'a expliqué par exemple comment il avait (sur un autre sujet que la crise) demandé à ses étudiants d'utiliser différents outils de micro-blogging pour travailler leurs reportages dans une logique de flux.
Ils ont créé plusieurs comptes twitter (par exemple ici) où ils postaient des mini articles (on appelle ça le micro-blogging) en temps réel, sur le sujet qu'ils couvraient. Ces mini-posts sont également des espaces de conversation puisque, sur twitter, chacun peut se répondre. Ils disposaient également de compte "tumblr" (un outil révolutionnaire et hyper simplifié de micro-blogging), comme celui d'Isabelle ici. Pour chaque événement, il suffit de créer une "room" (un espace) sur le site d'agrégation de flux Friendfeed. Vous avez un fil d'info interactif, vivant, mélant commentaires, reportages en live, citations et journalisme de liens (voir la room des étudiants en journalisme de Science-Po Paris ici. Le fil s'est un peu dégradé depuis le lancement, mais c'est toujours intéressant d'observer la mécanique)
Sur Lepost.fr, nous avons expérimenté cette semaine un bloc live mixant les derniers posts de la rédaction et de la communauté sur le sujet, et une liste de liens présentés sous forme de citation, envoyés en live sur Tumblr par une journaliste et des blogueurs éco. Voici le résultat:
De tous ces exemples je vois deux pratiques émerger, et se croiser:
1- L'info comme un flux : pas un produit, mais un process. Qu'il s'agisse de micro-blogging (via twitter par exemple) pour de gros événements (avec beaucoup de mises à jour et d'infos sur une courte durée de temps, voir par exemple ici le fil "élections USA" de Twitter), ou d'un post considéré comme un "work-in-progress", une sorte de chantier permanent avec des mises-à-jour plusieurs fois dans la journée.
Cette notion de flux, de process, va plus loin qu'on ne l'imagine. Il ne s'agit pas seulement de couvrir en direct : cela pousse les journalistes à envisager l'article comme un contenu inachevé, vivant, mais aussi une conversation: info en temps réel, fragmentée et interactive. On met à jour l'info le plus souvent possible (sur le même post, via plusieurs posts éclatés que l'on agrège, ou en micro-blogging), on agrège les news et les ressources publiés par les autres médias, on converse avec les lecteurs: on lit leurs commentaires, leurs corrections, leurs infos, on peut leur demander d'apporter de nouveaux documents sur le sujet. Les blogueurs peuvent aussi réagir à l'article et créer une nouvelle boucle de conversation... On est déjà dans le réseau.
2- L'info comme un réseau. "Link to the best": couvrir un événement, ce n'est pas juste écrire son propre reportage ou analyse sur le sujet. Les infos sont des infos en réseau. Si vous considérez que le journalisme c'est "donner la meilleure info au meilleur moment", alors vous devez aider vos lecteurs à accéder aux meilleurs ressources publiées sur le sujet sur le Net, au moment où elles sont mises en ligne... (Le Washington Post fait ça très bien depuis quelques jours)
Ces deux pratiques modernes fondent ce que j'appelle "l'article en réseau" ("networked article").
Le blogueur Jeff Jarvis vient juste d'écrire un post sur le sujet. Evoquant "la meilleure manière d'écrire un article", il ne dit pas autre chose (et il le dit mieux que moi) :
"1. Curated aggregation. Do what you do best, link to the rest. Here’s the best of the rest. See: MoneyMeltDown. (Faites ce que vous savez faire, faites des liens vers le reste)2. A blog that treats the story as a process, not a product, with continuing coverage and conversation, asking and answering questions, giving updates, filling in gaps: a reporter showing her work." (Traitez l'info comme un process, pas comme un produit, avec une couverture en continu et une conversation...)