Ce n'est pas nouveau, et j'en ai souvent parlé sur ce blog, mais cet article de "Newspapers Next" devrait nous inciter, à l'heure où l'on s'affole pas toujours rationnellement sur l'explosion des nouvelles pratiques, à nous replonger dans les bonnes vieilles recettes. Les bases de données en font partie.
Que sont les bases de données, et en quoi peuvent-elles servir sur un média en ligne ?
Il s'agit de toutes les informations que vous pouvez entrer en base sur un sujet donné et que vous mettez à disposition des lecteurs via un moteur de recherche puissant, ou en les branchant sur une Google Map (pour localiser les données) ou toute autre base de données.
On peut faire beaucoup de choses avec les bases de données, et elles sont toujours génératrices de pages vues. Cela va de la liste des restaurants chinois de la ville, à des données plus exclusives liées à l'actualité par exemple.
Génératrices de pages vues
Newspapers Next cite un certain nombre d'initiatives intéressantes :
Le Data-center du quotidien régional Cincinnati Enquirer par exemple, a généré 40 millions de pages vues depuis son lancement en décembre dernier. Il s'agit d'un catalogue de bases de données locales allant de la liste des crimes par quartier, de celle (assez effrayantes) des déliquants sexuels locaux, en passant par la liste de salaires des employés fédéraux (gros succès). On y trouve même la liste des boîtes de croquettes pour chien rappelées par leurs fabricants...
Ce genre de projets est facilité par le fait que l'on trouve des bases de données sur tout aux Etats-Unis, et qu'il suffit souvent aux médias de se brancher sur les données fournies en ligne par les autorités.
Dans ce registre, le projet "Indy 911" est assez extraordinaire : lancé par le site d'infos locales Indystar.com, il répertorie toutes les alertes d'urgences. De toutes petites infos, qu'on ne traiterait sans doute pas dans le journal, mais qui ont le mérite de répondre à la question : "Pourquoi la sirène a-t-elle sonné dans mon quartier ?"
Utiles et inventives
En France, se brancher sur ce type de bases de données est un peu plus compliqué. Mais rien n'empêche d'être inventif.
A ce propos, une autre initiative, que je trouve particulièrement remarquable : celle du Loudoun Extra, le site hyperlocal du Washington Post, lancé en juillet dernier (je n'en ai pas parlé sur ce blog parce que j'ai manqué de temps, mais ce site est un véritable modèle pour tout quotidien régional ou hebdo local qui voudrait réussir sur le Net). Les journalistes ont référencé toutes les écoles du canton. On y trouve un tas d'infos sur les établissements, des Google Maps, mais aussi, des photos 360 de l'intérieur de l'école. Ce qui permet une visite virtuelle des classes et des équipements sportifs comme si l'on y était. Cela demande un peu de temps, mais le résultat est vraiment cool. Et donc générateur d'audience.
Participatives et interconnectables
Lourdes et éphémères sur le papier, les bases de données sont devenues un vrai métier à prendre en compte dans la constitution des nouveaux médias. Elles sont utiles, souvent hyperlocales (ce qui est un bon angle d'attaque local pour un média national), et sont une garantie d'audience sur le long terme. Mieux, elles se prêtent admirablement à la participation de l'audience : l'appel lancé par Jeff Jarvis aux médias, et relevé par Francis Pisani, peu de jours après la catastrophe de Minneapolis (un pont s'était effondré): "mettez une carte Google sur votre site, ajoutez-y Platial, (...) et invitez vos lecteurs à y indiquer les infrastructures qu’ils jugent dangereuses. Ça vous permettra d’avoir une quantité d’informations que vous n’auriez jamais autrement. Puis, faites votre métier: allez-voir sur place."
Les bases de données peuvent surtout, peuvent être croisées avec d'autres données (photos, cartes, événements, articles...), qui donnent toujours des résultats intéressants.
L'équation est simple : plus on a de bases de données, plus on génère d'audience. Et on peut toujours les ressortir lors d'une actualité chaude pour enrichir un dossier.
Avec un peu d'imagination, et en se disant que l'on peut tout mettre en base de données, vous ne devriez pas manquer d'idées pour inventer les vôtres...