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Ils sont suréquipés, ils tiennent presque tous un blog, et leur téléphone est une extension de leur personnalité... voici ce qui ressort d'une étude TNS Media Intelligence, qui sortira début novembre. L'institut a interrogé 1953 adolescents et pré-adolescents de 8 à 19 ans sur leurs usages.
Le site LSA en résume les grandes lignes :
- 94 : le nombre de numéros de téléphone enregistrés sur leur portable
- 78: celui de leurs contacts MSN
- 86: celui de leurs amis sur les sites communautaires (MySpace ou Facebook)
- Des ados suréquipés, et de plus en plus tôt : le maximum d'équipement est atteint entre 12 et 15 ans. (16 et 19 ans pour le téléphone mobile).
- Les progressions sont impressionnantes: en trois ans, le taux de connection internet a été multiplié par trois (89% sont connectés au Net), la possession de mobile par quatre (59%), et la possession d'un lecteur mp3 par douze (61%)...
- Ils mixent les médias: 71 % des 16-20 ans utilisent plusieurs médias en même temps pour se faire leur propre opinion, pour communiquer et donner leur avis et… parce qu’ils n’aiment pas le silence ! (étude G2 Paris, à paraître en janvier 2008)
- Ils passent 4 h 17 en moyenne par jour devant un écran (télé, ordinateur ou téléphone). 70% des ados passent plus de deux heures par jour sur le Net.
- Les jeunes sont des médias : ils sont producteurs de contenus, mais aussi diffuseurs (ils diffusent les contenus qui leur plaisent ou leur ressemblent).
- Ils partagent leurs découvertes : "Huit jeunes sur dix partagent immédiatement avec leurs amis ce qu’ils trouvent d’intéressant ou de drôle sur internet" (Source: NRJ Lab).
- Sur les 9 millions de blogs recensés en France, 85% sont tenus par les 15-25 ans. "Pour 34% d'entre eux, c'est une activité quotidienne. Le chiffre tombe à 23% pour les 16-19 ans". Selon une autre étude (G2 Paris), 82% des moins de 24 ans déclarent avoir déjà créé un blog, dont 40% sur Skyblog.
- "Les jeunes pratiquent l'égologie: ils mettent en commun leur propre égo, démultiplié par Internet" (Julien Silvan, Business Lab)
- "Les jeunes veulent gérer leur parole" (Florence Hermelin, NRJ)
- "Les deux tiers des américains de 18 à 21 ans ont un profil sur un réseau social (mySpace ou facebook)". (étude G2 Paris)
- Experts (75% des joueurs de 8 à 19% s'estiment experts), "ces jeunes suréquipés ne sont pas des geeks, des fous d'informatique incollables (...). Les jeunes veulent avant tout de la simplicité."
- 30 % des 11-15 ans participent à des jeux de réseau en ligne. (G2 Paris)
- Trois maîtres mots : l'immédiateté (tout est devenu immédiat, accessible d'un seul clic), l'interactivité (tout est cliquable, on donne son avis sur tout, on met sa vie en ligne sur son blog ou les sites communautaires), et la gratuité (40% des jeunes ont téléchargé de la musique et des films illégalement).
A croiser avec l'étude, plus orientée news, publiée au printemps dernier par le Joan Jorenstein Center : 60% des adolescents ne font pas attention aux actualités quotidiennes.
Quels consommateurs d'infos feront-ils demain? Ou plutôt : de quelle info? S'il y a de l'info? Et distribuée comment?
L'info telle que nous la connaissons, telle que des générations de journalistes l'ont travaillée, est morte pour cette génération à venir.
Pour être plus juste (et moins anxiogène...): l'info n'est pas morte, c'est son ADN qui a muté. Ses territoires également: moins de hard news, plus d'egonews (ma proximité émotionnelle, mes amis, le témoignage), plus d'infotainment, plus d'info de niche, voire de micro-niche. Une info fragmentée, poreuse, prise comme un "work in progress" et un échange permanents.
C'est une révolution des pratiques éditoriales qui s'est engagée. J'essaierais d'y revenir en détail dans un prochain post.
Cet ADN en mutation accélérée implique également de nouveaux modes de distribution : Google évidemment, mais aussi, et c'est nouveau, les réseaux sociaux comme Facebook et MySpace (info virale et bouche à oreille). Il y en aura d'autres.
Enfin, pour ne rien "arranger": la pub, telle que nous la connaissons, est en train de subir le même sort. Bonjour les modèles économiques!