
En tout cas, elle commence à bouger. Et à jouer l'union sur le web plutôt que de tirer chacun dans son camp (vieille habitude de la Presse quotidienne régionale...).
J'ai rencontré ce matin des représentants de l'AEPHR (
l'association pour l'étude et la promotion de la presse hebdomadaire régionale), récompensée récemment
pour son esprit d'innovation sur le Web.
Je les croyais loin derrière, avec peu de moyens, et j'ai été (agréablement) surpris: par leur dynamisme évidemment, mais surtout par leur volonté d'avancer vite et simplement sur Internet.
La PHR, c'est 250 hebdos locaux en France et 7 millions de lecteurs. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont les vrais champions de l'hyperlocal. La plupart de ces journaux couvrent des bassins de population très réduits.
Quand je co-pilotais Vaucluse Matin (qui est un quotidien régional), je me suis beaucoup inspiré du dynamisme du "petit hebdo" régional, la Tribune de Montélimar, qui faisait du +5% par an avec une mise en page absolument abominable, mais avec un vrai sens de l'info de proximité, beaucoup d'intelligence et, surtout, tous les fondamentaux de l'info hyperlocale.
L'hyperlocal est l'avenir de l'info sur le Net, sans doute le secteur média où il y a le plus d'espoir de bâtir des modèles économiques sérieux (proximité, communauté, utile...).
Aujourd'hui, sur les 250 magazines, une quarantaine bénéficie aujourd'hui d'un site internet hyperlocal construit comme un gros blog.
Comme celui du "Journal de Millau" ou "
Le pays Briard".Les journalistes ont transformé leur média hebdo en site 24/7, avec entre 5 et 6 infos par jour. Ils font de la vidéo
postée sur Dailymotion (plus rarement, ce sont les correspondants locaux qui les envoient), leurs contenus sont géolocalisés (avec une google map) et tagués.
On peut commenter les articles (pas tous, ce sont les journalistes qui décident).
Les sites proposent un
agenda participatif où chaque internaute peut proposer son info.
Ce n'est pas révolutionnaire, l'écriture web est encore inégale selon les sites, mais c'est simple et efficace. Et comme tout ce qui est simple, ça ouvre des perspectives.
Pour avancer plus vite, l'AEPHR (qui semble avoir une certaine autonomie dans ses projets) a créé un modèle de sites hyperlocaux prêts à l'emploi qu'elle propose aux hebdos depuis 2008 (pour une toute petite somme : 5000 euros, avec la plateforme de petites annonces!).
Mieux : une animatrice est chargée d'accompagner et de conseiller les journalistes dans leur passage au "live news", au tagage et à la vidéo.
Une version 2 est en chantier et devrait sortir l'année prochaine. L'évolution est clairement communautaire (c'est ce qui manque aujourd'hui sur les sites de la PHR). Un site inspiré de Facebook ou chacun pourra partager ses infos et ses photos.
Quelques chiffres:L'audience des 40 sites est encore assez faible avec 200.000 visiteurs uniques par mois. Mais les sites viennent à peine d'être lancés. Et la progression d'audience est de 15 à 20% chaque mois.
Les vidéos ont cumulé 600.000 visites sur Dailymotion.
Ce qui marche le plus ce sont les faits divers, bien sûr. Et la vidéo e faits-divers.
Mais pas seulement: une opération sur l'élection online de la personnalité locale de l'année a également fait bondir le trafic.
Pour l'instant, pas de régie pub web. Mais c'est en cours...
A noter que la diffusion papier de la PHR est positive: 1,27% en 2008.
Que retenir de cette expérience plutôt encourageante ? - Que l'hyperlocal, c'est l'avenir. Que la communauté hyperlocale, ça l'est encore plus.
- Que la PQR devrait s'en inspirer: créer des petits projets hyperlocaux, pas chers, légers, où l'on peut impliquer les rédactions en douceur.