mercredi 15 août 2007

Les bases de données, nouveau métier du journaliste

Ce n'est pas nouveau, et j'en ai souvent parlé sur ce blog, mais cet article de "Newspapers Next" devrait nous inciter, à l'heure où l'on s'affole pas toujours rationnellement sur l'explosion des nouvelles pratiques, à nous replonger dans les bonnes vieilles recettes. Les bases de données en font partie.

Que sont les bases de données, et en quoi peuvent-elles servir sur un média en ligne ?
Il s'agit de toutes les informations que vous pouvez entrer en base sur un sujet donné et que vous mettez à disposition des lecteurs via un moteur de recherche puissant, ou en les branchant sur une Google Map (pour localiser les données) ou toute autre base de données.
On peut faire beaucoup de choses avec les bases de données, et elles sont toujours génératrices de pages vues. Cela va de la liste des restaurants chinois de la ville, à des données plus exclusives liées à l'actualité par exemple.

Génératrices de pages vues

Newspapers Next cite un certain nombre d'initiatives intéressantes :

Le Data-center du quotidien régional Cincinnati Enquirer par exemple, a généré 40 millions de pages vues depuis son lancement en décembre dernier. Il s'agit d'un catalogue de bases de données locales allant de la liste des crimes par quartier, de celle (assez effrayantes) des déliquants sexuels locaux, en passant par la liste de salaires des employés fédéraux (gros succès). On y trouve même la liste des boîtes de croquettes pour chien rappelées par leurs fabricants...
Ce genre de projets est facilité par le fait que l'on trouve des bases de données sur tout aux Etats-Unis, et qu'il suffit souvent aux médias de se brancher sur les données fournies en ligne par les autorités.
Dans ce registre, le projet "Indy 911" est assez extraordinaire : lancé par le site d'infos locales Indystar.com, il répertorie toutes les alertes d'urgences. De toutes petites infos, qu'on ne traiterait sans doute pas dans le journal, mais qui ont le mérite de répondre à la question : "Pourquoi la sirène a-t-elle sonné dans mon quartier ?"

Utiles et inventives

En France, se brancher sur ce type de bases de données est un peu plus compliqué. Mais rien n'empêche d'être inventif.

A ce propos, une autre initiative, que je trouve particulièrement remarquable : celle du Loudoun Extra, le site hyperlocal du Washington Post, lancé en juillet dernier (je n'en ai pas parlé sur ce blog parce que j'ai manqué de temps, mais ce site est un véritable modèle pour tout quotidien régional ou hebdo local qui voudrait réussir sur le Net). Les journalistes ont référencé toutes les écoles du canton. On y trouve un tas d'infos sur les établissements, des Google Maps, mais aussi, des photos 360 de l'intérieur de l'école. Ce qui permet une visite virtuelle des classes et des équipements sportifs comme si l'on y était. Cela demande un peu de temps, mais le résultat est vraiment cool. Et donc générateur d'audience.

Participatives et interconnectables

Lourdes et éphémères sur le papier, les bases de données sont devenues un vrai métier à prendre en compte dans la constitution des nouveaux médias. Elles sont utiles, souvent hyperlocales (ce qui est un bon angle d'attaque local pour un média national), et sont une garantie d'audience sur le long terme. Mieux, elles se prêtent admirablement à la participation de l'audience : l'appel lancé par Jeff Jarvis aux médias, et relevé par Francis Pisani, peu de jours après la catastrophe de Minneapolis (un pont s'était effondré): "mettez une carte Google sur votre site, ajoutez-y Platial, (...) et invitez vos lecteurs à y indiquer les infrastructures qu’ils jugent dangereuses. Ça vous permettra d’avoir une quantité d’informations que vous n’auriez jamais autrement. Puis, faites votre métier: allez-voir sur place."

Les bases de données peuvent surtout, peuvent être croisées avec d'autres données (photos, cartes, événements, articles...), qui donnent toujours des résultats intéressants.

L'équation est simple : plus on a de bases de données, plus on génère d'audience. Et on peut toujours les ressortir lors d'une actualité chaude pour enrichir un dossier.

Avec un peu d'imagination, et en se disant que l'on peut tout mettre en base de données, vous ne devriez pas manquer d'idées pour inventer les vôtres...

3 commentaires:

rh a dit…

Intéressant. Sauf que certains médias restent d'ailleurs un peu trop focalisés sur la base de données...à l'ancienne.

Le portail WK-RH.com du groupe de presse professionnel Wolters Kluver ,positionné en France sur le social et le droit du travail, traduit bien l'importance qu'un média peut donner aux bases de données. A tel point que tous les moyens mis en oeuvre pour proposer une meta base de données (transversale à toutes les bases, rattachées à chaque titre, qui préexistaient)sur ce portail l'ont été au détriment d'une réflexion éditoriale en ligne. C'est en tous les cas mon impression.

Bien d'accord qu'il y a des trucs à creuser pour les médias du côté de la base de données participative. De quoi remettre en cause les bases de données de certains médias qui font payer l'accès à des ressources qui sont, à la source, en accès libre et qui ne peuvent pas être revendues...

Anonyme a dit…

Un nouveau métier que l'on voudrait voir plus souvent dans les rédactions... :-)

Tout le monde n'a pas encore compris la puissance de feu que peut représenter les bases de données... C'est bien dommage, mais c'est valable pour les journaux comme pour toutes les sociétés ! Un métier en voie de création (et non de disparition).

Une chose est sûre, c'est que les sujets sont sans fin. Même l'imagination n'a pas de limite à ce niveau là !

Par contre, là où j'apporterai une nuance sur "base de données", c'est qu'il ne s'agit pas juste de stocker des données pour les exploiter par la suite... mais il faut surtout s'assurer de la qualité des dites données, et raffiner ses bases régulièrement pour éviter qu'elles ne distillent trop de co.......

Et dans ton nouveau "chez toi", vous taquinez de la base ? ;-)

Unknown a dit…

Le nouveau journalisme se nourrirait de bases de données. Hé hé hé....
Ne pas parler de la Longue Traine, c'est comme ne pas parler des situ...
Ca permet de feindre la découverte sans citer la source ;-)

Bien sur que les bases de données provoque de l'audience car il y a toujours un public pour tout (enfin presque). Donc les bases de données amène un public de Longue Traine.
De là à en faire un journalisme...Pourquoi pas, finalement.

David - un peu provoc, je l'avoue