jeudi 9 novembre 2006

France : six titres de presse sur dix n'ont pas de site Internet

Je reviens d'une conférence à Paris organisée par MLP. J'y avais été invité pour intervenir sur la presse face à Internet.
L'occasion de découvrir une étude présentée par Deepblue/Isobar sur le sujet : un état des lieux effectué sur 250 sites internet d'éditeurs de presse.
Premier chiffre, éloquent, qui témoigne du retard considérable de la France dans ce domaine : 6 titres de presse sur 10 n'ont pas de site Internet (57% des titres OJD). Les mieux lotis sont les titres d'information générale (92%). Mais la presse mag thématique et de loisirs paraît hors du coup. La presse féminine notamment, très frileuse dans ce domaine, est largement sous représentée (44%), tandis que le site aufeminin.com cartonne (4 millions d'euros de résultat net l'an passé). Les causes : un certain désarroi face à la révolution des usages, et la peur du gratuit et de la cannibalisation du papier par le Net. Surtout pour les magazines dits de niche, qui ont du mal à conceptualiser un modèle économique viable sur Internet.
Conséquence :les créneaux thématiques sont aujourd'hui dominés par les pure players, qui, eux, se posent beaucoup moins de questions.
Selon les chiffres avancés par l'étude Deepblue, en économie, Boursorama l'emporte face au quotidien Les Echos. En presse féminine, aufemin.com, cité plus haut, écrase la concurrence. Le premier magazine sur ce créneau, Psychologies arrive en 6eme position. Sur la santé, Doctissimo, encore un pure player, occupe seul le terrain. Face à lui : aucun site de titre de presse mesuré. Enfin, sur la thématique auto, l'Argus, premier site de presse arrive 6eme contre le numéro 1 Caradisiac. Deux exceptions : L'Equipe, N°1 sur le sport et Le Figaro et Le Monde sur la thématique actualité .
Côté recettes publicitaires, la part de marché des sites des titres presse ne dépasse pas 15% du chiffre d'affaires pub Internet, toujours selon l'étude de Deepblue, citant des chiffres TNS Secodip sur le 1er semestre 2006. 1er titre presse papier : 01 informatique (6% de part de marché, sur son espace de téléchargement plus que sur ses contenus). Les autres sont loins derrière : 2eme, Le Nouvel Observateur (1,5%), suivis par Le Monde et l'Equipe (1%).

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca ne change rien à ton raisonnement mais quand même je tiens à corriger: pour Les Echos c'est 1,46 M de visiteurs uniques et pas 736 K ca fait quand même le double...
(voir OJD http://www.ojd.com/engine/adhchif/adhe_list.php?mode=chif&cat=1784)

Benoit Raphael a dit…

Les chiffres présentés étaient sourcés Nielsen Netratings (juin 2006) par l'étude de Deepblue.

Dans le doute, j'ai retiré les chiffres (je n'ai pas le temps de contacter le cabinet d'études), ce n'était pas l'objet de mon post.
Et ça ne change rien à la problématique, comme tu le soulignes.

Anonyme a dit…

De plus en plus de points de vente de presse écrite disparaissent (1500 en sept an). Quelles solutions proposeriez-vous pour augmenter le nombre de points de vente?

Benoit Raphael a dit…

Vaste sujet !
Qui préoccupe également la presse gratuite, d'après ce que j'ai pu comprendre (elle aimerait bien investir les kiosques à journaux).

La question est : comment se retrouver à nouveau sur le chemin du lecteur ? Un ami parisien m'expliquait que depuis que le kiosque en bas de chez lui avait disparu, il lui fallait faire un détour entre son immeuble et le métro pour acheter Libé. Résultat: il ne l'achète plus. Ce n'est pas pour ça que Libé va mal, mais il est clair que la baisse des points de vente n'aide pas.
Multiplier les points de vente, c'est à dire créer des points de vente hors du circuit des diffuseurs de presse, est compliqué : les diffuseurs apprécient moyennement la concurrence. Mais il faudra décoincer le système, oser briser les tabous.

La vente aux caisses des supermarchés a été un premier pas, notamment pour la presse quotidienne. Il faut investir d'autres carrefours de vie.

J'aime bien également l'idée de points de vente thématiques (je crois que c'est une idée qui fait son chemin chez MLP): mag jardin vendus chez Jardiland comme n'importe quel autre produit, mag sport chez Decathlon... C'est une logique inspirée d'internet : on fragmente les contenus pour se placer sur le chemin des consommateurs.

Je me demande également s'il ne faudrait pas repenser le métier des diffuseurs de presse autour de thématiques comme le service et la proximité. C'est un thème que j'avais l'intention de développer dans un prochain post.

Anonyme a dit…

J'ai commenté votre post sur mon blog (http://www.media2.fr).

Vous savez s'il existe une version publique de la présentation (cet événement était ouvert à tout le monde)...

Merci