C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par IBM auprès des internautes américains : 19% affirment passer plus de 6 heures devant leur ordinateur, contre 9% reconnaissant passer le même temps devant la télévision. 66%, cependant, y restent de une à quatre heures, contre 60% pour Internet.
On pourrait alors se demander encore pourquoi les tarifs publicitaires sur Internet n'équivalent pas ceux de la télévison. IBM veut croire qu'il ne s'agit que d'une question de temps : les annonceurs sont longs à la détente, mais les revenus sur Internet ne tarderont pas à refléter les habitudes des consommateurs...
Sur son blog, Jeff Jarvis suggère une autre piste : peut-être les publicitaires devraient-ils faire plus qu'expérimenter de nouvelles formes de marketing, mais plutôt tenter de nouvelles façon de converser avec les consommateurs. Marketing VS conversation.
Dans un univers où l'annonceur peut de plus en plus entrer dans un dialogue direct avec sa cible, "il vaut mieux être le patron de Facebook (le réseau social en vogue sur le Net) que d'une agence de pub, non?"
Mais que regardent les internautes sur le web ? Là encore, la réponse est : conversation et contenu généré par l'utilisateur.
Les services les plus utilisés : 45% réseau social (facebook, MySpace...), 29% sites générés par l'utilisateur et... 18% pour les journaux en ligne. Au moins, maintenant, c'est clair.
- La contribution ? 74% contribuent à des réseaux sociaux, et 93% participent à des sites de contenus générés par l'utilisateur. "Tout le monde participe", constate Jeff Jarvis. Pourquoi participer ? Pour "sentir que l'on fait partie d'une communité pour 31%. La reconnaissance de ses pairs pour 28%". A méditer.
- Plus instructif : comment les internautes en viennent à consulter un contenu ? 45% répondent qu'il leur a été recommandé par un ami.
"Recommandé par un ami", le nouveau vecteur de distribution de l'info ?
Conversation, conversation, conversation...
lundi 27 août 2007
mercredi 15 août 2007
Les bases de données, nouveau métier du journaliste
Ce n'est pas nouveau, et j'en ai souvent parlé sur ce blog, mais cet article de "Newspapers Next" devrait nous inciter, à l'heure où l'on s'affole pas toujours rationnellement sur l'explosion des nouvelles pratiques, à nous replonger dans les bonnes vieilles recettes. Les bases de données en font partie.
Que sont les bases de données, et en quoi peuvent-elles servir sur un média en ligne ?
Il s'agit de toutes les informations que vous pouvez entrer en base sur un sujet donné et que vous mettez à disposition des lecteurs via un moteur de recherche puissant, ou en les branchant sur une Google Map (pour localiser les données) ou toute autre base de données.
On peut faire beaucoup de choses avec les bases de données, et elles sont toujours génératrices de pages vues. Cela va de la liste des restaurants chinois de la ville, à des données plus exclusives liées à l'actualité par exemple.
Génératrices de pages vues
Newspapers Next cite un certain nombre d'initiatives intéressantes :
Le Data-center du quotidien régional Cincinnati Enquirer par exemple, a généré 40 millions de pages vues depuis son lancement en décembre dernier. Il s'agit d'un catalogue de bases de données locales allant de la liste des crimes par quartier, de celle (assez effrayantes) des déliquants sexuels locaux, en passant par la liste de salaires des employés fédéraux (gros succès). On y trouve même la liste des boîtes de croquettes pour chien rappelées par leurs fabricants...
Ce genre de projets est facilité par le fait que l'on trouve des bases de données sur tout aux Etats-Unis, et qu'il suffit souvent aux médias de se brancher sur les données fournies en ligne par les autorités.
Dans ce registre, le projet "Indy 911" est assez extraordinaire : lancé par le site d'infos locales Indystar.com, il répertorie toutes les alertes d'urgences. De toutes petites infos, qu'on ne traiterait sans doute pas dans le journal, mais qui ont le mérite de répondre à la question : "Pourquoi la sirène a-t-elle sonné dans mon quartier ?"
Utiles et inventives
En France, se brancher sur ce type de bases de données est un peu plus compliqué. Mais rien n'empêche d'être inventif.
A ce propos, une autre initiative, que je trouve particulièrement remarquable : celle du Loudoun Extra, le site hyperlocal du Washington Post, lancé en juillet dernier (je n'en ai pas parlé sur ce blog parce que j'ai manqué de temps, mais ce site est un véritable modèle pour tout quotidien régional ou hebdo local qui voudrait réussir sur le Net). Les journalistes ont référencé toutes les écoles du canton. On y trouve un tas d'infos sur les établissements, des Google Maps, mais aussi, des photos 360 de l'intérieur de l'école. Ce qui permet une visite virtuelle des classes et des équipements sportifs comme si l'on y était. Cela demande un peu de temps, mais le résultat est vraiment cool. Et donc générateur d'audience.
Participatives et interconnectables
Lourdes et éphémères sur le papier, les bases de données sont devenues un vrai métier à prendre en compte dans la constitution des nouveaux médias. Elles sont utiles, souvent hyperlocales (ce qui est un bon angle d'attaque local pour un média national), et sont une garantie d'audience sur le long terme. Mieux, elles se prêtent admirablement à la participation de l'audience : l'appel lancé par Jeff Jarvis aux médias, et relevé par Francis Pisani, peu de jours après la catastrophe de Minneapolis (un pont s'était effondré): "mettez une carte Google sur votre site, ajoutez-y Platial, (...) et invitez vos lecteurs à y indiquer les infrastructures qu’ils jugent dangereuses. Ça vous permettra d’avoir une quantité d’informations que vous n’auriez jamais autrement. Puis, faites votre métier: allez-voir sur place."
Les bases de données peuvent surtout, peuvent être croisées avec d'autres données (photos, cartes, événements, articles...), qui donnent toujours des résultats intéressants.
L'équation est simple : plus on a de bases de données, plus on génère d'audience. Et on peut toujours les ressortir lors d'une actualité chaude pour enrichir un dossier.
Avec un peu d'imagination, et en se disant que l'on peut tout mettre en base de données, vous ne devriez pas manquer d'idées pour inventer les vôtres...
Que sont les bases de données, et en quoi peuvent-elles servir sur un média en ligne ?
Il s'agit de toutes les informations que vous pouvez entrer en base sur un sujet donné et que vous mettez à disposition des lecteurs via un moteur de recherche puissant, ou en les branchant sur une Google Map (pour localiser les données) ou toute autre base de données.
On peut faire beaucoup de choses avec les bases de données, et elles sont toujours génératrices de pages vues. Cela va de la liste des restaurants chinois de la ville, à des données plus exclusives liées à l'actualité par exemple.
Génératrices de pages vues
Newspapers Next cite un certain nombre d'initiatives intéressantes :
Le Data-center du quotidien régional Cincinnati Enquirer par exemple, a généré 40 millions de pages vues depuis son lancement en décembre dernier. Il s'agit d'un catalogue de bases de données locales allant de la liste des crimes par quartier, de celle (assez effrayantes) des déliquants sexuels locaux, en passant par la liste de salaires des employés fédéraux (gros succès). On y trouve même la liste des boîtes de croquettes pour chien rappelées par leurs fabricants...
Ce genre de projets est facilité par le fait que l'on trouve des bases de données sur tout aux Etats-Unis, et qu'il suffit souvent aux médias de se brancher sur les données fournies en ligne par les autorités.
Dans ce registre, le projet "Indy 911" est assez extraordinaire : lancé par le site d'infos locales Indystar.com, il répertorie toutes les alertes d'urgences. De toutes petites infos, qu'on ne traiterait sans doute pas dans le journal, mais qui ont le mérite de répondre à la question : "Pourquoi la sirène a-t-elle sonné dans mon quartier ?"
Utiles et inventives
En France, se brancher sur ce type de bases de données est un peu plus compliqué. Mais rien n'empêche d'être inventif.
A ce propos, une autre initiative, que je trouve particulièrement remarquable : celle du Loudoun Extra, le site hyperlocal du Washington Post, lancé en juillet dernier (je n'en ai pas parlé sur ce blog parce que j'ai manqué de temps, mais ce site est un véritable modèle pour tout quotidien régional ou hebdo local qui voudrait réussir sur le Net). Les journalistes ont référencé toutes les écoles du canton. On y trouve un tas d'infos sur les établissements, des Google Maps, mais aussi, des photos 360 de l'intérieur de l'école. Ce qui permet une visite virtuelle des classes et des équipements sportifs comme si l'on y était. Cela demande un peu de temps, mais le résultat est vraiment cool. Et donc générateur d'audience.
Participatives et interconnectables
Lourdes et éphémères sur le papier, les bases de données sont devenues un vrai métier à prendre en compte dans la constitution des nouveaux médias. Elles sont utiles, souvent hyperlocales (ce qui est un bon angle d'attaque local pour un média national), et sont une garantie d'audience sur le long terme. Mieux, elles se prêtent admirablement à la participation de l'audience : l'appel lancé par Jeff Jarvis aux médias, et relevé par Francis Pisani, peu de jours après la catastrophe de Minneapolis (un pont s'était effondré): "mettez une carte Google sur votre site, ajoutez-y Platial, (...) et invitez vos lecteurs à y indiquer les infrastructures qu’ils jugent dangereuses. Ça vous permettra d’avoir une quantité d’informations que vous n’auriez jamais autrement. Puis, faites votre métier: allez-voir sur place."
Les bases de données peuvent surtout, peuvent être croisées avec d'autres données (photos, cartes, événements, articles...), qui donnent toujours des résultats intéressants.
L'équation est simple : plus on a de bases de données, plus on génère d'audience. Et on peut toujours les ressortir lors d'une actualité chaude pour enrichir un dossier.
Avec un peu d'imagination, et en se disant que l'on peut tout mettre en base de données, vous ne devriez pas manquer d'idées pour inventer les vôtres...
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samedi 11 août 2007
City Tools invente le réseau social pour les journaux
Décidément, Internet n'en finit pas de bousculer nos repères. Voici venir un service qui permet aux journaux de se mettre en réseau, de partager des contenus et des petites annonces, et de créer automatiquement des rubriques collaboratives.
"Hub éditorial"
Moyennant un abonnement mensuel (650 dollars, c'est à dire bien moins cher qu'un abonnement à une agence de presse), City Tools offre aux journaux l'accès à un réseau social d'un nouveau genre : chaque éditeur choisit les contenus qu'il met en commun ainsi que ses partenaires éditoriaux. Surtout, il peut créer un service thématique collectif, inviter les autres membres du réseau à y déverser leurs contenus spécialisés. Le réseau peut être fermé (seuls les médias partenaires participent) ou ouvert (tout le monde peut y participer).
C'est une sorte de "hub" éditorial, qui permet aux médias de développer en commun de puissants contenus verticaux et d'aller chercher des marchés de niche.
Par exemple, vous avez besoin de créer un service sur l'économie agricole ou sur les collections de petites voitures, mais vous manquez de contenus. Vos créez le "hub" qui permettra à chacun d'y ajouter ses articles et photos sur ce thème. Tout le monde profitera alors du pot commun.
Le service fonctionne ensuite comme une agence de presse. Chacun se sert et distribue les contenus comme bon lui semble (papier, web, mobile, gratuit, payant...). Pour l'instant, le service ne semble proposer que des textes et photos. Pas encore de vidéos.
Le même système fonctionne avec les petites annonces. Un moyen intéressant, pour les journaux isolés, de créer la masse critique nécessaire pour lutter contre les géants de la petite annonce, sans avoir à vendre leur âme.
Journalisme citoyen local
Mais City Tools va encore plus loin : non content de rassembler les éditeurs, le service s'ouvre également aux internautes, et leur propose de rejoindre la danse. Chaque internaute peut soumettre ses informations. Leur motivation ? Avoir la chance d'être remarqué et publié par les grands journaux participant au réseau social.
Mais pas seulement. Pour éviter que les infos se perdent dans l'océan des news, l'internaute est invité à créer son propre groupe de contributeurs : par localité, par centre d'intérêt (par exemple un groupe consacré au football), ou par association. Le service est, à mon avis, un peu complexe et aride, mais il permet également de publier et partager des infos hyperlocales pratiques.
Ingénieux : l'audience peut créer ses propres listes sur tout et n'importe quoi. Les meilleures films d'action, les quartiers les plus dangereux, les plus beaux acteurs, les meilleurs restaurants dans ma ville... On peut relier les listes entre-elles ou les combiner pour créer des super-listes collectives sur un même sujet. La magie du réseau...
L'idée est passionnante, mais l'interface encore trop floue.
L'alchimie est complexe, mais inventive. Reste à savoir si la magie fonctionnera. Le Washington Post est déjà en train de tester le service.
Un monde poreux
Quel que soit son avenir, ce nouveau concept pose un tas de questions : dans un monde où la "page d'accueil", la force du média descendant, est en train de disparaître au profit de la fragmentation des contenus et de la circulation en réseau d'amis (l'effet Facebook) dans quelle mesure, les médias d'aujourd'hui savent-ils s'ouvrir au réseau ? Comment s'exportent-ils ? Sont-ils capables de se concentrer sur autre chose que leur Une ou leurs rubriques pour créer de nouveaux services sur d'autres plateformes comme MySpace, Netvibes ou Facebook ? Ou, inversement, ouvrir leurs sites à d'autres services ?
Mais comment asseoir son identité éditoriale dans un monde poreux ?
"Hub éditorial"
Moyennant un abonnement mensuel (650 dollars, c'est à dire bien moins cher qu'un abonnement à une agence de presse), City Tools offre aux journaux l'accès à un réseau social d'un nouveau genre : chaque éditeur choisit les contenus qu'il met en commun ainsi que ses partenaires éditoriaux. Surtout, il peut créer un service thématique collectif, inviter les autres membres du réseau à y déverser leurs contenus spécialisés. Le réseau peut être fermé (seuls les médias partenaires participent) ou ouvert (tout le monde peut y participer).
C'est une sorte de "hub" éditorial, qui permet aux médias de développer en commun de puissants contenus verticaux et d'aller chercher des marchés de niche.
Par exemple, vous avez besoin de créer un service sur l'économie agricole ou sur les collections de petites voitures, mais vous manquez de contenus. Vos créez le "hub" qui permettra à chacun d'y ajouter ses articles et photos sur ce thème. Tout le monde profitera alors du pot commun.
Le service fonctionne ensuite comme une agence de presse. Chacun se sert et distribue les contenus comme bon lui semble (papier, web, mobile, gratuit, payant...). Pour l'instant, le service ne semble proposer que des textes et photos. Pas encore de vidéos.
Le même système fonctionne avec les petites annonces. Un moyen intéressant, pour les journaux isolés, de créer la masse critique nécessaire pour lutter contre les géants de la petite annonce, sans avoir à vendre leur âme.
Journalisme citoyen local
Mais City Tools va encore plus loin : non content de rassembler les éditeurs, le service s'ouvre également aux internautes, et leur propose de rejoindre la danse. Chaque internaute peut soumettre ses informations. Leur motivation ? Avoir la chance d'être remarqué et publié par les grands journaux participant au réseau social.
Mais pas seulement. Pour éviter que les infos se perdent dans l'océan des news, l'internaute est invité à créer son propre groupe de contributeurs : par localité, par centre d'intérêt (par exemple un groupe consacré au football), ou par association. Le service est, à mon avis, un peu complexe et aride, mais il permet également de publier et partager des infos hyperlocales pratiques.
Ingénieux : l'audience peut créer ses propres listes sur tout et n'importe quoi. Les meilleures films d'action, les quartiers les plus dangereux, les plus beaux acteurs, les meilleurs restaurants dans ma ville... On peut relier les listes entre-elles ou les combiner pour créer des super-listes collectives sur un même sujet. La magie du réseau...
L'idée est passionnante, mais l'interface encore trop floue.
L'alchimie est complexe, mais inventive. Reste à savoir si la magie fonctionnera. Le Washington Post est déjà en train de tester le service.
Un monde poreux
Quel que soit son avenir, ce nouveau concept pose un tas de questions : dans un monde où la "page d'accueil", la force du média descendant, est en train de disparaître au profit de la fragmentation des contenus et de la circulation en réseau d'amis (l'effet Facebook) dans quelle mesure, les médias d'aujourd'hui savent-ils s'ouvrir au réseau ? Comment s'exportent-ils ? Sont-ils capables de se concentrer sur autre chose que leur Une ou leurs rubriques pour créer de nouveaux services sur d'autres plateformes comme MySpace, Netvibes ou Facebook ? Ou, inversement, ouvrir leurs sites à d'autres services ?
Mais comment asseoir son identité éditoriale dans un monde poreux ?
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