C'est l'une des propositions qui sortira de l'un des groupes "Presse et Société" (auquel je participe), et qui sera transmise à l'Elysée le 4 décembre à l'issue des Etats Généraux de la Presse Ecrite:
"Peut-on utiliser le statut d'auto-entrepreneur aux fournisseurs de contenus non journalistes, pour améliorer le statut des correspondants locaux et des blogueurs travaillant pour des sites d'info ?"
Qu'est-ce que le statut d'auto-entrepreneur?
Pour reprendre la définition du ministère:
"Le régime de l’auto-entrepreneur, qui sera disponible à partir du 1er janvier 2009, permet à tous les Français, qu’ils soient salariés, étudiants, retraités ou chômeurs... de créer leur activité en parallèle de leur travail afin de compléter leurs revenus ou de créer de façon extrêmement simplifiée leur propre activité à titre principal"(on peut aussi en savoir plus sur ce site).
Quelle est la situation aujourd'hui?
- Les correspondants locaux de presse sont soumis à un régime spécifique, défini par la loi, qui permet aux quotidiens régionaux de les rémunérer sans payer de charges salariales. Mais les conditions sont de moins en moins adaptées à la réalité: pas de lien de subordination (sinon c'est un salarié), pas de consignes sur la ligne éditoriale, pas de commande de contenus et pas de formation.
- Côté blogueurs, c'est le far west. Quand ils sont payés, ils le sont souvent sur la base d'un contrat de droits d'auteurs. Ce qui n'arrange personne non plus, et entretient toujours un flou sur le lien (salarial ou pas) entre l'entreprise et le rédacteur.
Avec ce nouveau statut, plus clair et plus souple, les blogueurs et les correspondants locaux seraient considérés comme des entreprises individuelles qui factureraient leurs prestations.
Ça me semble être une piste intéressante pour des rédactions, notamment en ligne, qui seront amenées demain à diversifier de plus en plus leurs contenus en faisant appel à des non journalistes: blogueurs, experts, rapporteurs d'infos locales ou thématiques...
Qu'en pensez-vous?
8 commentaires:
Le statut des correspondants de presse a clairement besoin d'être réformé. Leur situation de fait inclue clairement un lien de subordination: beaucoup travaillent ainsi à plein temps (contrairement au discours habituel des journalistes de PQR), ils fournissent la majorité du contenu d'un journal comme Ouest France ou la Nouvelle République, et en général on leur commande leurs articles. Mais cette situation angoisse beaucoup les journalistes: rien n'oblige un correspondant à écrire un papier. Les "professionnels" dépensent donc beaucoup de temps et d'énergie à surveiller leur équipe de correspondants. Ce statut ne repose sur aucun contrat écrit, un correspondant pourrait être dégagé du jour au lendemain s'il n'y avait pas une pénurie de ce genre de main d'œuvre.
Une régularisation de ce statut ne peut qu'être bénéfique pour tous les acteurs de la PQR. Reste à savoir si les correspondants accepteront la surcharge administrative que représentera la situation d'auto-entrepreneur, et quelles garanties réelles ils obtiendront.
Le statut de correspondant de presse existe mais on veut le changer parce qu'il a été allègrement détourné par la PQR qui se sert effectivement de ces "supplétifs" à la place de journalistes professionnels (présence dans les locaux, rubrique...) En même temps le correspondant à l'ancienne (le secrétaire de mairie ou l'instituteur) a laissé la place à des érémistes qui ont tout sauf le profil d'auto-entrepreneur (bonjour les documents urssaf et autres états comptables). Et si on proposait au chef de l'Etat non pas de changer les règles, mais de les appliquer: un travailleur à plein temps dans une situation de subordination est un salarié, payable au tarif de la convention collective. Autant je pense que le droit d'auteur actuel pour les journalistes est absurde, autant que crois que tout travail mérite un juste travail. Or un texte de correspondant local ne vaut pas moins que celui d'un journaliste, il est aussi lu. Que la PQR se montre donc un peu moins rapace et paye ceux qui la font encore vivre.
quelle serait la différence entre le pigiste, régulier(donc enprincipe ayant les mêmes droits que les salariés)ou pas, un micro-entrepreneur (micro-entrepreneuse?), et une rémunération en droits d'auteur (très pratique pour les retraités actifs puisque, pour le moment, échappant au plafond du montant de retraite).
@ Alain: pas très réaliste. Payer le CLP au tarif syndical? Voyons voir... En moyenne entre 1500 et 2000 correspondants pour une quotidien régional. Le budget est actuellement d'environ 5 millions par an, si je me souviens bien...
Vous risquez non seulement de doubler ce chiffre, sans améliorer la qualité, mais de créer également des situations juridiques ingérables, avec 2000 CDI tacites... D'autant plus que, si l'on connait bien le secteur, on sait que les cas que vous évoquez (CLP qui travaille comme un journaliste) est une infime minorité. La plupart du temps, les CLP ne font pas un travail de journaliste, mais remontent des infos, des résultats, prennent des photos... et ne sont pas demandeurs d'une carte de presse...
Il y a par contre des cas exceptionnels de "journalistes déguisés" en CLP (disons entre 1 et 5%...), où les rédactions auraient intérêt soit à régulariser soit à embaucher un journaliste.
Il y aurait d'ailleurs intérêt à dégager du budget sur le SR (notamment le batonnage de dépeches AFP qui n'apporte aucune valeur ajoutée) pour remettre des reporters sur le terrain de l'hyperlocal.
@Martine: je pense qu'un tel statut doit être réservé aux non-journalistes, c'est à dire aux rédacteurs non-détenteurs de la carte de presse.
Bonjour à tous. Etudiant en troisième année de journalisme, je me permets de déposer un post pour linker un nouveau blog, qui porte sur la convergence médiatique et numérique. L'adresse est la suivante : [http://www.journalismeetconvergence.fr]. Si ça peut en intéresser ou aider certains... :-)
C'est bon, c'est officiel : les décrets sont parus jeudi 18 décembre.
C'est une nouvelle fois passer d'un statut précaire à une précarisation.
1) Le cas du blogueur. Etonnant de le retrouver ici. Le patronat (groupes de presse actionnaires) pense se renforcer en ajoutant une nouvelle sous-catégorie sous payée mais apporteuse d'une plus value qu'il a perdue ?
A ce sujet un récent article a eu la bonne idée de remettre les responsabilités dans le bon ordre quant à l'état de la presse : http://www.liberation.fr/medias/0101308980-pourquoi-faire-un-journal?xtor=EPR-450206
2) Le bon vieux correspondant. La situation est déjà complexe juridiquement et financièrement. On a un statut qui correspondait à l'instit ou au secrétaire de mairie nourrissant une locale très nourricière pour les journaux.
Mais ce statut est aussi appliqué à des pigistes permanents ou presque, corvéables à merci mais privés de la rémunération et de la couverture sociale auxquelles ils auraient droit. La dérive vers un statut d'auto entrepreneur serait pain béni pour des directions qui feraient trimer des quasi permanents sous ce statut. Elle leur ouvrirait même la porte pour recruter de jeunes journalistes qui pour travailler devraient accepter un pas de plus dans l'échelle de la précarisation.
Le statut d'auto entrepreneur, à des exceptions rares, n'est qu'une vaste escroquerie de plus...
Ca en dit long sur la volonté d'EG qui veulent sucrer tout ce qui peut freiner un appétit de déréglementation de dirigeants à cours d'idées de développement et de relance : fin des droits d'auteur, suppression de la clause... Le gadget sarkozien ne pourra qu'être rejeté.
Au passage l'argument de remettre le SR sur le terrain de la local est éculé à l'aune des échecs successifs de nivèlement par le bas réalisés par de multiples journaux qui ont confondu proximité et prendre les gens pour des cons. On a laissé filer la qualité que le SR assurait autant que faire ce peut, surchargé de travail ceux restant et borduré en "micro locale" des gens qui auraient eu plus d'utilité ailleurs. On en arrive ainsi à des inepties comme trouver un concert d'Ahmad Jamal en page locale de Vaison la Romaine (l'exemple est vrai) traité sous forme de filet :)
Avec un train de retard mais voilà une adresse (voir au bas du message)de précaires de la presse avec de nombreux témoignages.
Les CLP dont la majorité effectivement correspond au cadre compte par ailleurs une partie (non négligeable au niveau national) qui représente des journalistes déguisés(qui vivent exclusivement de leur activité et qui émargent à bien plus du minimum requis des 50% du smic).
Journalistes dissimulés à qui l'on refuse évidemment la reconnaissance professionnelle et ce qui va avec (droit à la formation,à la protection sociale;congés,primes,droits d'auteurs...).
Tout cela à leur détriment certes mais aussi au détriment de l'ensemble de la profession qui se voit peu à peu entraînée par le bas au seul profit des investisseurs.
Demain la presse : un bureau comprenant un journaliste qui fera office de DRH/redac chef/SR/secrétaire/comptable et qui articulera un maillage de CLP corvéables à loisir.
Danger!
Malheureusement les journalistes eux même se refusent à dénoncer ces abus.
http://corres72.hautetfort.com/
Ptich
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