C'est ce que fait l'Evening Herald de Plymouth sur son site Internet (ici). Le quotidien régional britanique a équipé l'un de ses reporters d'une caméra utilisée par les policiers pour la surveillance (voir ici la description du matériel).
Il s'agit d'une caméra miniature reliée à une console de la taille d'un gros IPod, qui se glisse au dessus de l'oreille. L'effet d'immersion dans l'événement est total. Même le journaliste finit par oublier qu'il a une caméra. Les images sont brutes, le reporter ne cherche pas à cadrer, il regarde, il vit l'événement. Une exploitation de la vidéo très excitante et abordable pour un journaliste écrit peu habitué à la vidéo.
Le reporter du Herald, Tristan Nichols, est parti en Sierra Leone, où il a utilisé sa "headcam" pour réaliser des interviews et enregistrer en brut les opérations des unités de Plymouth actuellement en exercice dans l'Ouest africain (visionner les reportages ici). A voir une séquence particulièrement marquante, où l'unité tombe dans une embuscade. Décoiffant !
Ce parti-pris de l'image brute et de l'immersion dans l'événément (comme si vous y étiez) est une piste très intéressante pour la presse écrite : peu ou pas d'éditing professionnel, une approche du reportage très naturelle (on oublie la caméra et le bloc-notes) et un rendu brut qui plait aux internautes.
"C'est un travail où l'on peut tout faire soi-même, et où il suffit de se promener au milieu des gens pour faire ses interviews. C'est vraiment le futur", explique Tristan Nichols.Lorsqu'on les interroge, ces derniers déclarent préférer les vidéos peu retouchées des quotidiens, plus sincères (elles montrent l'envers du décor), plus immersives, plutôt que les reportages édités façon TV proposés en ligne par les chaînes de télévision.
(Sources : Press Gazette et Editors Weblog)
3 commentaires:
Dans un article sur Lyon Mag, le nouveau patron du Progrès de Lyon, Gérard Colin, affirme que le support papier ne sera pas suffisant pour assurer l'avenir du journal. Face à une diffusion qui s'érode et à un chiffre d'affaire publicitaire insuffisant, il faut miser sur d'autres supports: l'internet, l'audiovisuel... Pour cela je pense qu'il va beaucoup miser sur les synergies avec TLM, la chaîne de télé locale de Lyon, dont le Progrès est le proprietaire. Pris entre la concurrence des gratuits et le vieillissement de son lectorat, ils n'ont pas beaucoup de choix: disparaître ou évoluer.
Intéressant. Pas sûr que ça puisse s'adapter à toutes les situations de terrain, genre la fête de la raviole ou le dernier discours du maire.Mais même au niveau local, lors de jugements houleux aux prud'hommes par exemple, c'est un bon moyen de faire ressortir l'ambiance...
C'est vrai que le net attire ce côté brut, direct... Mais est-ce une mode ou en fait la relative absence de vidéos plus construites (plus pro) qui déforme notre point de vue ?
Je ne pense pas qu'il faille opposer la vidéo dite "pro" avec ce qui est en train d'émerger sur Internet,ni parler de mode.
Il y a, je crois, une nouvelle écriture vidéo à inventer en ligne.
Pour l'instant, on expérimente, parfois avec les moyens du bord, souvent avec beaucoup de fraicheur du côté des journaux.
Certains s'essaient au brut, à l'immersion. Le NY Times tente le commentaire vidéo avec diapo photo, le Guardian réalise carrément du reportage TV pour les chaînes nationales, et pendant ce temps, des vidéos potaches sur YouTube font le tour du monde... Il sera intéressant de voir ce qu'il ressortira de tout ça dans quelques mois (je n'ose même plus fire "années", tout va tellement vite sur Internet). Mais il est clair que l'info vidéo ne sera jamais plus comme avant.
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