Le quotidien régional toulousain a lancé le 26 septembre un nouveau service "Ma Dépêche". Un site entièrement consacré au "journalisme citoyen", c'est à dire aux informations générées par les utilisateurs.
Les productions sont classées par centre d'intérêt : "vos infos", "sports" (sport amateur), "vos bons plans" (essentiellement des annonces de manifestations apparemment), "votre vie" (on peut envoyer ses photos de mariage...), forum. Il y a également un espace pour poster ses photos. Et on pourra bientôt envoyer des vidéos.
L'initiative, une première pour la presse quotidienne régionale, mérite évidemment d'être saluée. Mais il y reste encore beaucoup de travail à faire...
Les plus :
- La multiplicité des outils de communication à disposition : Internet, mobile (MMS) et même courrier.
- Le langage simple.
- Les concours.
- La possibilité d'envoyer juste des photos.
Les moins:
- Le fait de séparer le site du "vrai" journal de celui des lecteurs, comme si on ne voulait pas mélanger les torchons et les serviettes. Une façon de dire: ici vous faites ce que vous voulez, mais ne venez pas polluer l'espace professionnel. Je me doute bien que ce n'était pas l'intention de l'éditeur, mais c'est pourtant ce message là qui passe.
- Tout est publié en vrac. Il n'y a aucune hiérarchie et, surtout, aucune communauté par localité. Faire participer les gens à l'actualité, ce n'est pas juste leur donner un terrain de jeu pour balancer des choses, mais de les impliquer dans un projet rédactionnel autour d'une communauté. Ici, la communauté, qui devrait être la commune, n'est pas clairement définie.
- L'ensemble donne l'impression d'une mauvaise copie de correspondant des années 60. On doit pouvoir faire mieux, et trouver d'autres manières de faire participer les gens. Il y a de bons exemples à l'étranger (j'y reviendrai dans un prochain post).
- Il n'y pas assez d'animation.
En conclusion :
Plus que de "journalisme citoyen", je continue de penser qu'il faut parler de média participatif. Nous avons hérité, dans la presse quotidienne régionale française, d'un système sans doute unique au monde : les correspondants locaux de presse. Ces correspondants, que l'on a longtemps considéré comme des sous-journalistes mal payés, préfiguraient en fait le phénomène du journalisme citoyen. Des gens comme les autres qui parlent de leur commune ou de leur spécialité par passion et parce qu'ils sont généralement mieux informés que les autres
Plutôt que de créer un "espace pour les gens", pourquoi ne pas améliorer ce que nous avons déjà ? Pourquoi ne pas élargir le corps des correspondants au reste de la population, grâce aux nouveaux outils du Net et du mobile ?
Ce qui permettrait d'intégrer graduellement les journalistes citoyens à la rédaction, grâce à un encadrement et une conversation organisée par des professionnels.
Le contenu généré par l'utilisateur est la clef de l'avenir de la presse. Et pas seulement une clef éditoriale, mais aussi une clef économique (plus vous impliquez l'utilisateur, plus vous qualifiez vos bases de données).
(Lire également le post de Philippe Gammaire sur le sujet)
3 commentaires:
A que oui ! C'est l'idée qui transparaît. On ne mélange pas les "teutons et les soviets"... Connaître la position réelle de la rédaction de la "Dépêche" serait intéressant...Mais toutefois, cette courageuse initiative est à saluer dans la frilosité ambiante et hésitante de la PQR s'interrogeant sur son avenir. Et même si ces pages sont un joyeux bordel. Manque d'encadrement professionnel?
La question de la fusion des rédactions du print et de l'électronique est à nouveau posée. Il faudra bien trouver une réponse. A mon sens et aux résultats de certaines expériences je serai tenté de dire non. Mais sur un plan sauvegarde de l'entreprise purement réaliste, n'est-ce pas inevitable ?
PS : Je suis ravi que tu fasses une place à ces fantastiques correspondants qui ont fait, font et feront encore de sacrés bons boulots et dans des conditions très souvent inacceptables.
Mille fois oui !...
Que sont les internautes contributeurs sinon des correspondants locaux de presse ?
Maintenant, comme tu le soulignes, il faut "encadrer" ces contributeurs, avec la problématique de l'augmentation du nombre de contributeurs : encadrer 300 correspondants (je n'ai pas en tête la moyenne du nombre de correspondants en PQR donc je donne ce nombre au hasard ...), ce n'est pas pareil qu'encadrer ne serait-ce que 1.000 internautes (là aussi je donne un nombre au hasard) ...
D'où la nécessité probable de redéfinir l'objectif et la méthode de cet encadrement, de repositionner le rôle / métier des journalistes qui en seront responsables, et également de profiter d'un certain nombre d'outils pour faciliter / accompagner cet encadrement ...
Non ?
Je donnerai un exemple dans un prochain d'une opération rondement menée dans un petit journal local américain. Mais, sinon, oui, il faudra repenser le rôle des journalistes. Mais pas autant qu'on le croit. Le rôle de journaliste animateur existe déjà dans les rédactions. Mais il est vrai que l'on anime pas 2000 correspondants comme on le ferait avec 20.000 internautes. Il faut sans doute repenser l'encadrement (mais pas beaucoup, je pense) et surtout développer des outils d'interactivité performants en ligne. Le bureau du journaliste pourrrait se transformer en "bureau conversationnel" en ligne, une sorte de super tableau de bord en lien avec toutes les sources du journalistes.
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