samedi 30 septembre 2006

Pourquoi la presse écrite a raison de faire pression sur Google

Si la presse belge a eu, à mon avis, tort d'attaquer Google News de la façon dont elle l'a fait, la vigilance dont font preuve les journaux n'est pas un combat aussi vain qu'on veut bien le dire.
La presse écrite et digitale a tout intérêt à faire pression aujourd'hui sur Google. Pas pour protéger leur audience (à laquelle, au contraire, Google contribue) ou leurs textes et photos (Google News n'affiche qu'une accroche), mais parce qu'il y a sans doute un avenir pour l'info payante sur Internet.
Et Google le sait. Le patron de Google News, Nathan Stoll, l'expliquait en apparté à l'issue de sa conférence lors du congrès mondial des journaux de Moscou : "Je ne suis pas pour le tout gratuit. Si payer est pratique pour les gens, alors il faut faire payer. Mais rien ne bougera tant que payer 1$ sur Internet sera compliqué pour le client" (je cite de mémoire).

Autrement dit, l'avenir du payant est dans celui du micro-paiement. Qui existe aujourd'hui (Paypal, Click and Buy, Internet+...) mais il manque encore un système universel, ou un environnement à la I-Tunes.
Google le sait très bien puisque la firme californienne travaille sur des solutions de ce type.
Google News est plutôt bien placé pour développer demain le I-Tunes de l'info : sur le Net, sur mobile et pourquoi pas le futur e-paper, on pourra acheter une partie de son info (reste à savoir quel type de contenu multimédia à valeur ajoutée les internautes sont prêts à payer au clic). L'argent étant reversé aux producteurs de l'info. Pourquoi un agrégateur comme Google News et pas une boutique pour chaque média ? Parce que seul un système universel et personnalisable, façon Google desktop ou Netvibes sera capable de réunir la masse critique pour faire fonctionner le système.

Les journaux ont donc intérêt à maintenir une pression (amicale s'entend) auprès de Google sur le respect des droits d'auteur, s'ils veulent rester dans la course et devenir les acteurs des modèles payants de demain.

vendredi 29 septembre 2006

Tout le monde rêve de MySpace

J'ai déjà expliqué dans un précédent post pourquoi je pensais qu'il ne fallait pas jauger MySpace par rapport à son modèle économique intrinsèque, mais aux immenses possibilités business qu'il offrait. MySpace n'est que la pièce d'un puzzle très ingénieux. Un moteur de business. MySpace, c'est la communauté. MySpace coûte cher, mais la communauté n'a pas de prix.

Ce n'est pas innocemment que Ross Levinsohn, le président de Fox Interactive (qui détient MySpace) déclare publiquement que son objectif est de dépasser Yahoo (ici), dont le modèle économique repose également sur la communauté.

MySpace, encore une fois, est la base de données ultime, capable de générer de nouveaux business. C'est le formulaire le plus génial et le plus complet jamais créé sur le Net (les utilisateurs n'ont pas l'impression de remplir un formulaire, ils le font en créant leur page personnelle). Un formulaire et un lieu de vie captif sur lesquels Newscorp peut brancher du contenu, des petites annonces, des programmes télé ou encore du commerce ciblé.
"Fox Interactive n'est pas juste MySpace",précise Ross Levinsohn. Non, c'est du contenu (foxsports.com: infos sport, ign.com: communauté et infos sur les jeux vidéo, rottentomatoes: cinéma, askmen.com: portail tendance et style de vie, + une majorité de contenu généré par les utilisateurs...) branché sur une communauté gigantesque et "hyperqualifiée".
Selon un analyste de Wall Street, MySpace (qui vient de dépasser le leader de la vidéo en ligne YouTube) pourrait être évalué dans trois ans à environ 15 milliards de dollars (lire ici en anglais), soit trente fois la mise. Il donne l'exemple de publicités vidéo vendues à guichets fermés sur des programmes télé diffusés sur MySpace pouvant atteindre un CPM net (coût pour 1000 impressions de "pages") de 35$ voire 40$.

mercredi 27 septembre 2006

Quelle presse demain ?

Pendant que la presse francophone se bat contre ses angoisses (le conseil d'administration de Libération doit se pencher aujourd'hui sur la survie du quotidien national français), le débat sur l'avenir de la presse écrite n'en finit plus d'agiter microcosmes et macrocosmes (le quotidien Aujourd'hui en France/ Le Parisien consacre d'ailleurs aujourd'hui son dossier de page 2 à l'avenir de la presse écrite).

Deux visions de l'avenir croisées cette semaine sur les blogs :

Juan Antonio Giner, consultant chez Innovations, fait le bilan de la conférence européenne de l'International Newspaper Marketing Association qui vient de s'achever à Barcelone (ici) : il ne croit pas en la crise des journaux.

"- Le journal papier va devenir plus petit pour s'adapter aux nouveaux modes de vie des consommateurs : moins de pages, des pages plus petites, des articles plus courts (un gratuit, en fait, mais payant...)
- Le journalisme de qualité, dense, va émigrer et se développer sur le Net.
- Le nouveau produit phare sera customisable, interactif et à la demande.
- Avec la multiplication des options numériques, on pourra avoir son "journal" n'importe où, n'importe quand, sous n'importe quelle forme.
- La distribution de l'info se fera de façon segmentée grâce au micro-paiement façon I-Tunes.
- Le "journalisme citoyen" sera une nouvelle source d'informations, comme Reuters (...)".

De son côté, Olivier Niquet relève sur son blog les posts (ici et ici en anglais) du journaliste Hayden Shaugnessy sur le sombre avenir de la presse et de la télévision :

"1. D’ici cinq ans, les journaux se seront débarassés de la plus grande partie de leurs employés pour miser en ligne sur des rédacteurs qui leur offriront du contenu gratuit.
2. Les journaux prendront moins de place dans les kiosques, et plus de place en ligne. Leur influence diminuera.
3. Wikipédia ou un équivalent deviendra l’autorité pour agréger le contenu qui proviendra des journaux et des blogueurs.
4. Ce que vous connaissez relèvera de ce que vous pouvez croire et de qui d’autre croit.
5. L’affiliation sera cruciale pour juger de la justesse de l’information, et elle sera inscrite dans des mondes virtuels comme Second Life.
6. Comme toute l’information sera gratuite, tous devront se tourner uniquement vers la publicité pour survivre. De nombreux bureaux de nouvelles fermeront et le groupe des blogueurs locaux deviendra la source d’information primaire.
7. La télévision se concentrera sur le vedettariat et le bizarre et l’offre de qualité se déplacera vers le Web.
8. La télévision deviendra un mode d’interaction créative et de collaboration.
9. Toute organisation aura ses propres moyens de production et de diffusion. Par exemple, le réseau sportif pourra être exploité par Adidas, Puma ou Nike sans aucun intermédiaire.
10. Le “recommendeur” deviendra une nouvelle profession."
Qu'en pensez-vous ?

mardi 26 septembre 2006

76% des cadres sont connectés à l'Internet

C'est ce que révèle l'enquête -très instructive- d'Ipsos reprise (ici) par le Journal du Net. 76% disposent d'une connection à domicile. Et 57% ont un accès au haut débit. 28% se connectent plusieurs fois par jour chez eux. Tandis que 64% se connectent plusieurs fois par jour sur leur lieu de travail. L'achat en ligne est passé de 14% en 2001 à 58% en 2006.
Ils sont, de plus, dévoreurs de médias : 5 titres lus, 161 minutes de télé par jour, 135 de radio, et 54% se connectent 10h et plus par mois.
Les trois premiers sites visités ? Les pages jaunes, Google et Voyages-Sncf... (liste complète ici)

lundi 25 septembre 2006

Google : faux débat

En constatant le jugement confirmé en appel contre Google News, forçant le moteur de recherche d'infos à ne plus référencer les articles des journaux belges, je reste perplexe. Je ne suis pas le seul, mais quand même.
Au delà de tous les débats philosophiques et "juridiques" qui ont animé la blogosphère la semaine dernière, il n'y a finalement qu'une seule question à se poser : que va gagner concrètement la presse belge dans cette fausse victoire? Plus d'argent? Plus d'audience? J'aimerais voir les chiffres dans quelques mois.

Plutôt que de s'inventer des ennemis imaginaires, la presse francophone ferait bien de travailler à sa mutation. Je veux dire : de travailler réellement à sa mutation. C'est à dire à sa nouvelle identité.
Laquelle ne pourra pas se limiter à la publication jalouse de ses articles en ligne et à une poignée de blogs sympas.


(Pour mémoire, et pour ceux qui ont encore faim de débat sur Google, l'excellent post de Filloux au mois de juin)

dimanche 17 septembre 2006

54% des jeunes veulent créer ou partager leurs vidéos

Selon une étude réalisée par Accenture dans plusieurs pays, plus de 40% des internautes (10.000 ont été interrogés) visionnent ou téléchargent de la vidéo sur Internet. Mieux : 54% des jeunes déclarent vouloir créer ou partager leurs vidéos en ligne. En Chine, ils sont 82% ! Mais seulement 20% en Allemagne (je n'ai pas pu trouver les chiffres français, si vous les récupérez, dites le moi). Cependant, 54% des internautes préfèreraient télécharger et voir ces vidéos sur leur télévision plutôt que sur leur ordinateur (30%) ou leur téléphone (20%). Il y a peut être un créneau, ici, pour les fabricants de consoles de jeux. En tout cas, il y a besoin, pour les médias, de réinventer l'offre vidéo. Les expériences de YouTube et MySpace ne sont que des phases transitoires.
Avec l'explosion du haut débit, la vidéo va (re)devenir omniprésente dans notre quotidien.

(sources : mediaguardian et Jeff Jarvis)

Média Café :"Le quotidien régional, Le Bien Public, ouvre son site à la conversation"

A lire sur le blog de Jeff Mignon : "Le quotidien régional, Le Bien Public, ouvre son site à la conversation.

J'avais longuement détaillé leurs projets de refonte en mai dernier (ici).
La presse française commence à s'ouvrir petit à petit à la conversation. Même si au Bien Public, les commentaires sont modérés a priori (un certain nombre de propos racistes, notamment sur les faits divers, sont régulièrement écartés), comme à la Dépêche du Midi. Sur d'autres (Libé) on ne peut commenter que certains articles. Avec une contradiction de taille pour ceux qui vendent les archives du journal : quand l'article est basculé en zone payante, les commentaires disparaissent. On se dit qu'il y a là un vrai choix à faire : vente de contenu (c'est à dire fausse excuse pour protéger le "papier", quand on sait que la vente d'archives ne rapporte strictement rien aux journaux en ligne) ou conversation ?

"La presse traditionnelle a peu d'avenir en l'état"

C'est qu'a déclaré aujourd'hui Arnaud Lagardère, dans une interview donnée au "Journal du dimanche" (dont il est aussi le patron, avec Paris Match et la Provence).
"La presse traditionnelle a peu d'avenir en l'état alors que l'on va vers une dématérialisation du support traditionnel". Et il prédit : "La presse quotidienne a dix ans devant elle. Les coûts de production deviendront intenables".

Plus intéressant, sur la nécessaire transition des médias traditionnels vers les supports numériques, le patron du groupe Lagardère semble avoir compris qu'il ne s'agissait pas de basculer les articles de ses titres sur le Net :
"notre adaptation ne consistera pas à faire une transposition systématique et mécanique sur internet de tous nos titres de presse. Ce serait une erreur (...) Notre plus restera la richesse des contenus." Et d'ajouter: "On ne va pas subir la mutation des modes de consommation, on va jouer au contraire une partie de cette évolution (...) Chacun devra trouver sa voie, dépasser le cadre de sa mission traditionnelle".

La presse moteur de l'innovation dans les nouveaux médias ? Un rôle abandonné jusque là aux "pure plays" Yahoo et autres digg. Les trois prochaines années seront déterminantes.

(Source : AFP et JDD)

lundi 11 septembre 2006

La stratégie du lierre

J'ai l'habitude de rappeler sur ce blog que les journaux doivent désormais s'occuper de leur communauté. J'aime bien cette notion : être facilitateur d'informations et de services, et pas seulement être producteur d'informations et de services. Pousser ce principe jusqu'au bout peut nous mener très loin : savoir faire partir le lecteur pour le retrouver (en acceptant par exemple de l'envoyer vers d'autres sources d'infos), ou ne pas se substituer à ce qu'il pratique déjà mais lui permettre de mieux l'exploiter. Occuper le terrain, ce n'est plus, comme nous avions l'habitude de le faire sur nos territoires de diffusion, écraser la concurrence. Mais, au contraire, faire du concurrent un nouveau service dans notre botte, avec ou sans son consentement. C'est ce que j'appelle la stratégie du lierre. Ou du parasite, mais c'est moins joli :)
Chaque mois, de nouveaux services apparaissent sur le Net, de nouvelles sources d'informations. Chercher à les contrer toutes serait épuisant... et inutile. Si on aime son lecteur, on aime ce qu'il aime, et on se propose de l'aider. C'est la proximité.
Plutôt que de contrer MySpace, par exemple, en créant son propre service concurrent fermé, plutôt que de dire à son lecteur/internaute, "venez chez moi, pas chez eux", n'est-il pas plus ingénieux et généreux de lui offrir un service communautaire (local, si l'on est un quotidien local) "friendly" qui lui permettra d'exploiter plus simplement son compte MySpace ? Chaque nouveau service apparemment concurrent est à considérer comme une nouvelle pièce de notre environnement. Et donc de celui de l'internaute. L'ignorer, ce n'est pas lui rendre service. L'aider, c'est faire de tout nouveau service ou diffuseur d'info sur le Net une nouvelle opportunité, et pas une menace.
Être des facilitateurs du quotidien, du web, du local, voilà une belle stratégie pour les quotidiens.

(Photo : "Education à l'environnement")

dimanche 10 septembre 2006

MySpace, moteur à business ?

Avec ses cent millions d'utilisateurs, ses 45 millions de visiteurs uniques et ses 25 milliards de pages vues par mois, le phénomène MySpace -qui vient de débarquer en France- n'en finit pas d'interroger les observateurs. Pour ceux qui auraient raté le train, ce service propose aux internautes de publier leur espace personnel en ligne en y agrégeant, de façon assez sommaire, photos, vidéo, musique, blogs, listes d'amis et commentaires. C'est sommaire, mais ça marche.
Visionnaire, le patron de News Corp., Rupert Murdoch, en quête d'un nouveau graal sur Internet, l'a racheté l'été dernier pour 580 millions de dollars. Depuis, on ne cesse de s'interroger sur le modèle économique de MySpace. Coûteux et pas très rassurant pour les annonceurs, malgré les milliards de pages vues. Le contenu étant généré par ses seuls utilisateurs (essentiellement des adolescents) on peut comprendre la crainte de certaines marques de retrouver leurs publicités affichées, au hasard, sur la page perso d'un adepte du sexe ou d'un sataniste, quand il ne s'agit pas d'un dangereux pédophile.
Mais si l'on regardait les choses autrement ? Si l'on cessait de voir MySpace comme un service en ligne gratuit, condamné à séduire les annonceurs pour survivre ?
Isolé, MySpace ne présente peut-être qu'un intérêt financier limité (et encore...). Mais pris comme le coeur d'un système, c'est d'une autre dimension. Ce n'est pas ce qu'est MySpace qui est intéressant. C'est ce qu'il permet. Avec ses quarante millions d'internautes qui restent chaque mois en moyenne plus de deux heures sur le site à socialiser et à crier ce qu'ils aiment ou n'aiment pas, MySpace est un moteur à business en puissance. Une machine sur laquelle on devrait pouvoir brancher toute une série de services, de médias et surtout de nouveaux projets.
Avant de développer son empire médiatique sur Internet, Murdoch s'est donc d'abord créé une communauté. Mieux, un moteur social. A une époque, l'an passé, où les médias ne parlaient que de contenu, de CPM et de millions de pages vues, je trouve ça plutôt intelligent.
Même si la communauté en question est, pour l'heure, encore difficile à cerner et à maîtriser en terme de comportement, elle est là, elle s'exprime. Et elle est légion...
Nous verrons d'ailleurs si les nouveaux services de vidéo à la demande, bientôt de télévision et de vente de mp3 fonctionneront sur MySpace (quoique... avec Universal qui le propose désormais gratuitement, on peut s'interroger), mais ce n'est encore que marginal. Surtout, demain, tout le monde voudra être dans la "place". A l'heure de la fragmentation des supports de masse, tout le monde cherchera à se brancher sur ce moteur social hyper-personnalisé.
A commencer par les marques (Columbia Pictures, Burger King, Volkswagen...) qui sont prêtes à débourser entre 100.000 et un million de dollars pour avoir leur page personnelle sur MySpace (lire ici, en anglais). Le plus intéressant, c'est que ça marche : la mascotte des restaurants Wendys a désormais plus de 80.000 amis (ici). Ce qui veut dire que 80.000 internautes ont décidé de mettre la marque Wendy's dans leur liste d'amis !
MySpace permet aussi aux utilisateurs de faire partie de la liste d'amis de leurs groupes préférés. et de converser avec leurs idoles.
Le site est d'ailleurs en train de devenir un espace recherché d'annonces de concerts et d'infos/promotion.
Les internautes vont également bientôt bénéficier d'un service de news entièrement personnalisé, basé sur leur page personnelle.
Car finalement, et c'est là la force extraordinaire de ce service, MySpace est surtout une façon ludique de faire remplir à des millions de gens un formulaire d'une rare profondeur sur ses goûts, ses choix, ses relations. Une précieuse base de données.

mardi 5 septembre 2006

Une enquête sur les Français et l'Internet

Si l'on est encore loin des pratiques massives de l'Internet par les Américains (près des trois quarts sont internautes, contre moins d'un Français sur deux) ou des Japonais, les Français font désormais partie du cercle des habitués. L'enquête réalisée par TNS Sofres pour l'ensemble de la presse a le mérite de valider cette idée dont plus personne ne doutait : l'Internet est devenu le compagnon du quotidien des Français. Mieux, il esquisse le tableau d'une passion naissante et inébranlable. Facile d'utilisation (76% des Français le disent), et pratique (“il facilite la vie de tous les jours” pour 77%) cette curiosité technophile des années 90 est devenue presque aussi banale que le lave-vaisselle. En tout cas plus utile... et même indispensable pour un Français sur deux. 57% d'entre eux déclarent “ne plus pouvoir s'en passer”... même quand ils ne l'utilisent pas !
On en oublierait presque les cris d'alarme des sociologues et psychologues qui jadis, accusaient l'Internet de couper ses adeptes de leur entourage. On a même expliqué que surfer sur le Web favorisait les états dépressifs. Les vieilles craintes semblent avoir été remisées au placard avec nos vieux modems bruyants : deux tiers des Français ont une image positive d'Internet. Même si 72% des interrogés sont toujours d'accord pour dire qu'Internet peut être dangereux, surtout pour les enfants, 69% d'entre eux considèrent désormais que, grâce à Internet, les gens communiquent davantage entre eux. E-mails (55%) , messageries instantanées (40%), blogs (30%), forums (24%), les Français n'ont jamais autant communiqué. Ils sont même considérés aujourd'hui comme les champions d'Europe de la conversation sur Internet, emportant le record du nombre de blogs. Et si la France n'est pas la plus connectée, elle est aujourd'hui en tête des pays équipés en haut débit. Plus que les Japonais ! Un juste retour des choses : si le Minitel nous a fait prendre du retard sur le démarrage du Net, il aura finalement accéléré son entrée dans le quotidien des Français. On y retrouve d'ailleurs les mêmes pratiques : que font les Français sur le Net ? Ils discutent !
Pour près d'un Français sur deux (47%), Internet est également devenu “une source d'information importante”. Les plus accros (7%) le voient comme la “source par excellence“, tandis que pour 27% (essentiellement les jeunes, les ouvriers et les moins diplomés), le Net remplace même les journaux “car il permet de trouver toutes les informations“. 68% (les plus âgés) estiment au contraire que le web est surtout “complémentaire des journaux car il permet de trouver des informations de nature différente”. Une tendance se dégage néanmoins : après avoir perdu le monopole de l'info face à la télévision, plus rapide, les journaux sont aujourd'hui contraints de partager celui de l'analyse et du recul par rapport à l'info. Avec ses milliards de pages d'actualité, d'avis d'experts et de débats accessibles instantanément et gratuitement, Internet n'a pas fini de révolutionner le microcosme des médias traditionnels.
C'est bien sur ce terrain-là, l'Internet, que le match médiatique et démocratique est en train de se jouer. Les médias commencent à peine à se l'avouer. Les Français, eux, l'ont compris depuis longtemps.
Même la télévision est en train d'y perdre son pouvoir de fascination. On dit même que l'élection présidentielle se jouera sur les blogs. Nous avons définitivement changé d'époque.

(Article publié dans le Dauphiné Libéré du 7 septembre 2006 - tous droits réservés)