J'ai l'habitude de rappeler sur ce blog que les journaux doivent désormais s'occuper de leur communauté. J'aime bien cette notion : être facilitateur d'informations et de services, et pas seulement être producteur d'informations et de services. Pousser ce principe jusqu'au bout peut nous mener très loin : savoir faire partir le lecteur pour le retrouver (en acceptant par exemple de l'envoyer vers d'autres sources d'infos), ou ne pas se substituer à ce qu'il pratique déjà mais lui permettre de mieux l'exploiter. Occuper le terrain, ce n'est plus, comme nous avions l'habitude de le faire sur nos territoires de diffusion, écraser la concurrence. Mais, au contraire, faire du concurrent un nouveau service dans notre botte, avec ou sans son consentement. C'est ce que j'appelle la stratégie du lierre. Ou du parasite, mais c'est moins joli :)
Chaque mois, de nouveaux services apparaissent sur le Net, de nouvelles sources d'informations. Chercher à les contrer toutes serait épuisant... et inutile. Si on aime son lecteur, on aime ce qu'il aime, et on se propose de l'aider. C'est la proximité.
Plutôt que de contrer MySpace, par exemple, en créant son propre service concurrent fermé, plutôt que de dire à son lecteur/internaute, "venez chez moi, pas chez eux", n'est-il pas plus ingénieux et généreux de lui offrir un service communautaire (local, si l'on est un quotidien local) "friendly" qui lui permettra d'exploiter plus simplement son compte MySpace ? Chaque nouveau service apparemment concurrent est à considérer comme une nouvelle pièce de notre environnement. Et donc de celui de l'internaute. L'ignorer, ce n'est pas lui rendre service. L'aider, c'est faire de tout nouveau service ou diffuseur d'info sur le Net une nouvelle opportunité, et pas une menace.
Être des facilitateurs du quotidien, du web, du local, voilà une belle stratégie pour les quotidiens.
(Photo : "Education à l'environnement")
1 commentaire:
Pour poursuivre la réflexion sur la mort ou non de la presse, ou en tout cas les bouleversements profonds qu’affrontent le monde des médias, je crois qu’il faut replacer ces questions dans un contexte économique mondial plus large. De ce point de vue, TOUT CHANGE et quelque part, silencieusement, les investisseurs et les grands groupes de communications internationaux prennent le pouvoir. Les medias ne forment plus un domaine protégé, national. Les frontières éclatent. Pour comprendre les mécanismes et les enjeux des bouleversements sans précédent qui se préparent dans ce domaine dit «pas comme les autres», pris dans l’engrenage de la révolution technologique, je recommande grandement la lecture de "MEDIABUSINESS, le Nouvel Eldorado" (Fayard) de Danièle Granet et Catherine Lamour.
Ce livre qui vient de paraître et dont j’achève tout juste la lecture est une enquête captivante, très précise et incisive sur la presse, la télévision, la radio, et les télécommunications pris dans le défi et les contradictions liés au choc entre les intérêts nationaux et le capitalisme mondialisé. Compte tenu de la place toujours grandissante que tous les médias occupent dans nos vies quotidiennes, je crois qu’on ne peut pas ignorer cette révolution silencieuse, qui change profondément le fonctionnement des médias.
Les medias sont devenus à notre insu un secteur économique comme les autres et "MEDIABUSINESS" (Fayard) décrypte très clairement ce nouveau business mondial, et, je dois dire, m’a ouvert les yeux sur l’ampleur de ce mouvement.
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