mercredi 11 octobre 2006

Pourquoi YouTube et pas le New York Times ?

Pourquoi Google n'a-t-il pas acheté le New York Times online au lieu de YouTube ? C'est, à mon avis, la vraie question que devraient se poser les patrons de presse après la secousse sismique provoquée par le jackpot web 2.0 de l'année.

YouTube : 12 millions de visiteurs par mois. Le NY Times : 29 millions de visiteurs (un chiffre d'affaires de 832 millions de dollars, et plein de projets).

Susan Mernit le constate sur son blog :
"Si Google cherchait un lieu pour placer ses pubs adwords, ils auraient réfléchi à l'idée de racheter le NYTimes.com. Mais ils ne l'ont pas fait. Et le fait qu'ils aient choisi YouTube montre que le cercueil des médias de masse est déjà au bord de la tombe... (...) Le miracle de YouTube vient du fait que YouTube est une plateforme où la crème (les vidéos générées par les utilisateurs) déborde de la tasse pour être savourée par le monde, pendant que l'entreprise NY TImes est une organisation d'informations qui paie des milliers de journalistes, designers, commerciaux pour créer un contenu d'experts qui dit aux gens ce qu'il faut aimer et penser. Mais ça, c'était le passé."

Les producteurs de contenu n'intéresseraient-ils donc plus grand monde ?
Alors ?

Juste avant l'annonce du rachat de YouTube par Google j'étais en train de préparer un post où je résumais ce qui me semblait être les cinq clefs de l'avenir des médias online de proximité :

- Contenu généré par l'utilisateur
- Profil utilisateur
- Communauté
- Bases de données
- Vidéo vidéo vidéo

Pas de panique, d'accord. Mais il est temps de s'interroger, non ?



11 commentaires:

Anonyme a dit…

Se mettre en mode panique n'est pas forcemment une mauvaise idée :-)
En revanche il y a confusion sur la définition du media. YouTube et Google sont essentiellement des plateforme de distribution. Pas sur que cela marche directement sur les plates bandes des medias d'information, lesquels n'ont pas intérêt à mon avis à céder sur le principe d'une information structurée sur la base d'un choix éditorial.

D'un autre côté de Youtube peuvent naître de futurs medias (voir le billet de Virginie sur Google TV http://www.lesechos.fr/info/analyses/4483108.htm)

Web (R)evolution a dit…

Pourquoi YouTube et pas le NYTimes ?

Pour plusieurs raisons :

- potentiellement, YouTube est en pleine croissance. Ceux qui ont pratiqué la bourse de manière avancée savent que l'ont achète ce qui est vert (en hausse) et que l'on vend ce qui est rouge (en baisse).

- le positionnement sous forme de portail de Google lui donne une plus grande rentabilité que d'investir dans la création d'info. On notera que ce sont les internautes alimentent le site YouTube.

- la place croissante de la vidéo sur le web.

Nous sommes bien sur les mêmes que ceux cités plus haut : contenu généré par l'utilisateur, communauté, bases de données et VIDEO !

Je rajouterai l'hypothèse plausible de précéder une démarche identique de la part des concurrents directs de Google (Microsoft et Yahoo!), la connaissance utisateur unique qu'a YouTube, les interactions avec d'autres acteurs de la vidéo comme Apple.

Lire aussi ma note sur l'avenir de GoogleTube

Anonyme a dit…

Un peu alarmiste non ? Il doit bien y avoir encore un peu de place pour quelques entreprises de presse spécialisée qui paient du contenu (journalistes) et des commerciaux pour remplir des sites dont le contenu , s'adressant à des niches, est (forcément) payant, parce que nul part ailleurs et de qualité.???

Anonyme a dit…

Bonjour

Totalement d'accord avec Benoît sur les clés de l'avenir des médias online de proximité et sur le refus désormais des journalistes "experts qui disent aux gens ce qu'il faut aimer et penser".

Mais la place du journaliste professionnel dans tout ça ?
- Animateur de communautés ?
- "Marketeur" de l'information ?
- Modérateur / Validateur ?

Au salon de l'IFRA Amsterdam où je suis en ce moment, ces questions commencent à circuler beaucoup plus que les années précédentes, y compris chez les éditeurs français et notamment de PQR ...

Des pistes de réponse ?

Anonyme a dit…

Bonjour

Je pense qu'il ne faut pas confondre plate-forme de distribution et journal online. Dans un journal, le lecteur trouve l'information qui lui est offerte (par les fameux journalistes "experts qui disent aux gens blablabla"...) et s'il recherche une info en particulier, il la trouvera ds un moteur de recherche, intégré ou non au journal online (qui le renverra d'ailleurs à un autre journal online).
Je ne suis pas du tout expert en search mkg... mais s'il y a qq chose dont je suis certain, c que les internautes recherchent beaucoup plus (donc introduisent plus de mots clés) sur un site tel que you tube qui offre un éventail de thèmes très vaste, que dans un journal, qui dépend de l'information, et qui a donc une offre de thèmes bcp plus réduite, même s'ils offrent d'autres services que de l'information (cartes, traducteurs, circulation, enneigement, recettes...)

D'autre part le groupe New York Times Co vient de mettre en vente (le mois dernier) ses unités de distribution de TV et Radio (NBC, CBS, etc dans divers états nord-américains, soit 4% de ses revenus, afin de renforcer ses unités papier et internet... il est donc peu probable qu'il se sépare de l'un de ses produits les plus rentables!!

Benoit Raphael a dit…

Eric : je ne suis pas certain qu'il faille séparer aujourd'hui "plateforme de distribution" et "journal online". Je m'interroge aujourd'hui, et je ne suis pas le seul, sur la pertinence du modèle du journal en ligne. En tout cas pour la presse de proximité, qui est dans ma sphère de compétence. Je crois cependant qu'un modèle de "plateforme" de distribution d'infos et de services, et de "lieu de vie" virtuel, pour une communauté est une voie très intéressante pour la presse. Sur un plan strictement économique, c'est le seul qui permet de qualifier les utilisateurs (pour la pub) et se constituer des bases de données. Car je ne crois pas (dans l'état actuel de la distribution) à la vente de contenus.

Chris : La presse spécialisée est sur un créneau de niche, où la qualification de l'info et de la communauté, ainsi que la vente de contenus, est à la base du modèle.
Donc non, je ne pense pas que YouTube soit une menace ! Mais le développement des communautés de niche dot faire réfléchir...

Bertrand : la place du journaliste ? Ce n'est que mon avis personnel, mais je pense que le métier n'a jamais eu autant d'avenir. Il n'a juste pas celui que l'on pouvait attendre il y a quelques années.
Animateur de la conversation, c'est certain, filtreur ou aiguilleur de contenus(plus que validateur), oui, sans doute, mais peut être dans une optique, encore une fois, plus conversationnnelle. Je ne cros pas à la gestion automatique des contenus par la communauté. Je crois encore beaucoup à l'éditorialisation des contenus : ce sera l'un des rôles du journaliste : éditorialiser des contenus générés par l'utilisateru et des contenus journalistiques.

Enfin, il y aura toujours des enquêteurs. Sauf qu'ils se feront aider par la communauté.
La plupart écrivent des bouquins qui se vendent toujours bien et alimentent la conversation.

Anonyme a dit…

Benoit, je pense que tu as tout à fait raison lorsque tu parles des services que peut offrir un journal online. Je parlerai de ce que je connais: www.elmundo.es : nous avons un total de plus de 9.000.000 de lecteurs, qui évidemment nous sont arrivés tout d'abord parce qu'ils recherchaient de l'info... Maintenant, ces lecteurs utilisent elmundo comme un portail: notre traducteur a 1.500.000 visitteurs uniques par mois, le diccionaire 1.000.000, la meteo 450.000, pareil pour les plans, et je passe l'horoscope, le programme TV, les cines, etc...
Ce sont évidemment des arguments commerciaux à l'heure de planifier une campagne, vu que nous ne disposons pas de la segmentation de msn ou yahoo..
Pour ce qui est de la profession de journaliste, je suis également convaincu qu'elle a de beaux jours devant elle... et que c'est un métier, ne s'improvise pas journaliste qui veut... écrire sur un blog, c facile, rédiger un dossier, une enquête qui intéresse des lecteurs... c une autre histoire!

Jeff Mignon a dit…

@ Eric
Les TV du NYT réalisaient une moyenne de 22% de profits. Ca fait rêver. Non ? Mais la moyenne de profits en TV locale aux US seraient de + 40%.

Anonyme a dit…

Jeff, 22% de profits sur le Web ? ou sur le cable?

Jeff Mignon a dit…

Les chaînes TV vendues par le NYT dégageaient 22% de profits.

David Kahan a dit…

Google a les compétence pour développer YouTube (web, data managent, user community,etc...), en revanche Google n'a pas les compétences pour déveloper le NYT : la compétence journalistique.