mercredi 29 octobre 2008

"Mainly web/ little print": le modèle de demain pour la presse écrite?


C'est présenté comme une première. Et c'est le journal lui même qui l'annonce sur son site: le quotidien national américain  "The Monitor" (nom complet: "The Christian Science Monitor") va, après 100 ans de bons et loyaux services, abandonner son édition papier pour se consacrer au web avec un nouveau site et une nouvelle organisation.

Pour quelle raison?
La baisse de la diffusion, bien sûr (en 40 ans, le Monitor est passé de 223.000 abonnés à 53.200), mais aussi pour renforcer la qualité éditoriale du Monitor, insiste sa présidente Judy Wolf: meilleure réactivité, plus de pertinence par rapport aux attentes des lecteurs...
L'objectif est également de "réduire les coûts", ce qui va de soit, mais surtout "d'augmenter les revenus".

Comment le Monitor compte-t-il augmenter ses revenus en stoppant les rotatives
D'abord, évidemment, en pensant "bénéfices" et pas "chiffre d'affaires". Mais pas seulement.
En fait, et c'est là où la démarche du Monitor est particulièrement intéressante, le nouveau média publiera un petit hebdomadaire papier.
Vous pouvez voir la maquette de la couverture ci-dessous: 

Il s'agit d'un hebdo payant distribué par mail (le quotidien était également essentiellement vendu par abonnement).
C'est à dire que l'on renverse le modèle. Non plus une rédaction papier autour d'un quotidien papier, mais un média web (site, blogs, newsletter + twitter pour la couverture live) d'où sortira un hebdo papier.

C'est d'ailleurs une stratégie de plus en plus étudiée par les médias américains, notamment locaux. Sauf qu'il me semble plus efficace de travailler sur une édition gratuite que payante.
J'avais évoqué le sujet avec Alan Mutter, la semaine dernière. Il voit l'édition papier comme une moyen intéressant, non seulement de promouvoir le site et la participation des internautes (qui adorent voir leur production imprimée), mais aussi de générer plus de revenus publicitaires. C'est ce que fait le site hyperlocal et participatif Northwest Voice, qui gagne de l'argent essentiellement grâce à son édition papier hebdo gratuite.

Le site web Politico  propose également une édition print, plusieurs fois dans la semaine.

Ce modèle "mainly web/little print" (un média "pure web" dont dépend une édition papier) est sans doute un modèle que nous pourrons voir apparaître dans les prochaines années: un coeur éditorial reposant sur un site web puissant et décomplexé alliant scoop, agrégation et conversation, qui produit un "quotidien papier" devenu ... presque quotidien avec des éditions ponctuelles dans la semaine (gratuites ou payantes selon les contraintes de distribution et le lectorat visé...).

Sur son blog, Ken Doctor stigmatise les difficultés des journaux à opérer cette nécessaire (inévitable?) transition vers ce modèle web dominant. "95% de leurs revenus viennent du papier, pas un ne dépasse les 13% de revenus issus du web", constate-t-il (la faute aux tarifs pub de plus en plus bas notamment, mais aussi à l'incapacité des médias traditionnels à réinventer le modèle pub). "Les journaux n'ont tout simplement pas réussi à opérer leur transition suffisamment rapidement", résume Ken Doctor, qui considère le modèle "mainly web/ little print" comme l'exemple même du média moderne.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pour l'avoir fait à petite échelle, il est beaucoup plus facile et moins cher d'envisager une édition print issue du web que l'inverse. en revanche je ne crois pas que ce soit une bonne idée de la diffuser gratuitement alors qu'on a justement deja en place un modèle payant. Au contraire il y a un vrai enjeu de tenir une diffusion qualifiée et payante qui constituera une offre premium pour le site web.

Tant qu'on a justement l'expertise et les équipes capables de vendre de l'abonnement il faut en profiter. La barrière d'entrée n'en sera que plus forte pour des sites concurrents pour qui n'ont aucune expérience du modèle payant.