vendredi 31 mars 2006

La TNT sur téléphone en France pour début 2007 ?

C'est le pronostic de Yannick Levy, Pdg de DiBcom, qui fournit des puces DVB-H (une des normes de TV numérique mobile) pour les téléphones portables.
La Télévision numérique terrestre sera lancée officiellement ce week-end au Japon. En France, "si les fréquences sont rapidement attribuées, on peut envisager un lancement dans le courant de l'année 2007", prévoit Yannick Levy, plutôt optimiste sur l'avenir de la télévision mobile en France et dans le monde (lire son interview de Yannick Levy sur le site du Journal du Net, ici).

Cependant, pour les opérateurs, la TNT sur mobile "est une arme à double tranchant", note le quotidien luxembourgeois Tageblatt (ici) à propos du lancement japonais :

"Il existe en effet un risque de "cannibalisation" de l'internet mobile
payant par la télévision gratuite, sauf si les services interactifs associés aux
programmes diffusés (publicités avec un lien internet mobile, par exemple)
rencontrent du succès."

Hachette Filipacchi Medias se lance dans le contenu pour mobile

Le groupe de presse français HFM (Paris Match, Elle, La Provence...) et la société Sporever (société d'infos sportives, dirigée par Patrick Chêne, ancien chef des sports de France Télévisions) viennent de s'associer pour développper des services audiovisuels destinés aux téléphones mobiles.
La nouvelle société, possédée à 50% par les deux partenaires, développera ces services "pour certaines marques d'HFM : informations pratiques, reportages, interviews de personnalités, couverture d'événements et jeux.

"HFM souhaite ainsi accélérer sa présence sur le support mobile, capitaliser sur son métier d'éditeur de contenus, développer des relais de croissance au "print" en accompagnant ses lecteurs qui consomment de plus en plus les médias sur leur mobile et, enfin, recruter de nouveaux lecteurs"

Reste à savoir si le public est prêt à acheter ce type de produits à la carte et comment il souhaite les consommer.

Je n'ai pas trouvé d'étude comparable en France (si vous en trouvez une, n'hésitez pas à me la poster), mais une enquête de KPMG aux Etats-Unis révèle que si le mobile est prédisposé à devenir un terminal de convergence multimédia, les Américains ne sont pas prêts à dépenser au delà de leur facture de téléphone pour acheter des services. 20% se déclarent prêts à dépasser de 10% le total de leur note. Ils préfèrent également passer par leur opérateur et ne payer qu'une seule facture (lire ici l'article publié, en anglais, sur Editors Weblog).

Carl Geppert de KPMG's Americas Communications and Media Practice estime qu'il "est temps de construire un business model spécifique pour les services convergents" (lire ici) et que ce business model va se rapprocher de celui d'Internet (c'est à dire celui de Google), le consommateur devenant de moins en moins captif :
"Growth, however, will not come easy, as convergence and intensifying competition are fueling a relentless decline of prices for voice, broadband, video and packaged services." (la croissance ne viendra pas facilement, la convergence et l'intensification de la compétition entrainant une chute importante des prix pour ce type de services (voix, vidéo etc.)
Selon une autre enquête (pour Media Industry Newsletter), les magazines américains n'espèrent pas tirer de revenus substantiels (à 88%) de la vente de contenus sur mobile.

(source : Le Monde.fr)

jeudi 30 mars 2006

"Wicked local", le portail hyperlocal qui mélange pros et citizen journalists

Créé par le groupe de presse régionale "Enterprise Newsmedia" (Sud de Boston), "Wicked local" est une déclinaison de sites web d'infos hyperlocales.
La première communauté à bénéficier de ce nouveau service est Plymouth (ici).
Prenez le temps de passer sur le site, "Wicked local" est un concentré de bonnes idées. Un projet d'autant plus intéressant qu'il est porté par un groupe de presse quotidienne traditionnelle (Enterprise NewsMedia publie notamment le "Patriot Ledger" et "The Enterprise").

Bob Kempf, vice-président interactive media chez "Enterprise NewsMedia", a compris l'essentiel :
"As publishers of community newspapers, we are in an ideal position to host and lead the local conversation and information exchange in the communities where we publish." (en tant qu'éditeurs de journaux locaux, nous sommes les mieux placés pour héberger et animer la conversation et l'échange d'information au sein de la communauté locale)

De fait, Wicked Local, mèle les articles des journalistes professionnels (issus des journaux du groupe) à ceux des "citizen journalists" (internautes), mais en indiquant la qualité de chacun dans la signature.
La conversation et l'échange sont partout : forums, commentaires sur chaque article, blogs, échanges de photos façon Flickr... Et cette petite boîte dialogue au milieu des news que je trouve très "fun" : "be a citizen journalist". Il suffit de s'inscrire et de cliquer pour publier ses articles, ses ajouts à l'agenda, son blog ou ses photos.
Le site est également un paradis d'infos services utiles à la communauté : carnet du jour, commerces...
Les petites annonces sont gratuites, mais il y a possibilité de payer pour voir son annonce placée en tête des listes. On peut même concevoir en ligne sa publicité.

"Méchamment local"... je ne sais pas si la traduction est exacte, mais j'aime l'expression. Des sites comme "Wicked local" nous montrent à quel point le Web va nous permettre de réaliser ce que nous n'osions même pas imaginer en presse écrite : un immense bazar, exhaustif, d'infos d'hyperproximité, des infos utiles et partagées, qui ressemblent aux gens qui font la vie de leur commune ou de leur quartier.

(Sources : Poynter's Online et Editor's Weblog)

mardi 28 mars 2006

Netvibes.com : bureau virtuel et agrégateur d'infos

Si vous ne connaissez pas encore, allez jeter un oeil (ici) sur ce nouveau service d'agrégation d'infos et de services qui a su séduire le fondateur de Kelkoo (Pierre Chappaz: "pourquoi j'investis dans Netvibes") et celui de Netscape (Marc Andreesen).
"Netvibes, dont l'interface en AJAX (langage qui permet de rafraichir en temps réel un élément isolé d'une page web) est un modèle de simplicité, vous permet d'aggrèger sur une même page toutes les infos et les services dont vous avez besoin quotidiennement sur le Web. Vous pouvez d'ailleurs lui donner le nom (titre) qui vous convient. (...) Vous pouvez en particulier inclure dans Netvibes les flux d'informations en provenance de vos sites d'info ou de vos blogs favoris et les lire grâce au lecteur RSS intégré. Vous pouvez également y insèrer toutes vos boites de réception mail GMail, Yahoo Mail, Hotmail ou compte POP3. Netvibes propose aussi un lecteur de podcast, un module Flickr, un traitement de texte Writely, un module del.icio pour la gestion des marques-pages, un espace de stockage Web gratuit.."

Même si je reste convaincu que la personnalisation doit être automatique et naturelle pour vraiment "capter" l'internaute, j'avoue être bluffé par la facilité d'utilisation du service et par tout ce qu'il permet: on ajoute et on déplace les modules d'un simple geste de la souris.
Netvibes n'est peut être pas encore le service ultime de page d'accueil, mais il préfigure un certain nombre d'évolutions dans notre pratique de l'Internet 2.0 : agrégation d'infos et personnalisation, bien sûr, mais aussi apparition d'applications bureautiques en ligne (traitement de texte, traducteurs, stockage des données) que le ultra haut débit rend désormais possible.

L'intelligence de Netvibes, c'est d'agréger tout ce qui est "agrégeable" : moteur de recherches, services yahoo, google et microsoft, médias traditonnels et blogs. Dans la logique du "tout doit passer par moi, même si c'est pas de moi", la start-up fait ici un joli coup d'essai.

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Lire également le post d'Emmanuel Parody sur Netvibes (ici).

"Le grand défi des journalistes"

A voir et à écouter (ici), le podcast vidéo de Francis Pisani par les "podcasteurs citoyens" de "Memoires vives". Pour la petite histoire (mais c'est un signe des temps...) l'interview, 11 minutes de plan fixe, a été filmée à l'aide d'un téléphone mobile.
Journaliste et enseignant à l'université de Berkeley (Californie), mais également blogueur (voir son blog ici) Francis Pisani s'exprime sur l'apparition des blogs dans le paysage médiatique, sur le "journalisme citoyen" et la presse quotidienne régionale (thème déjà développé ici) :
"Le grand défi des journalistes d'aujourd'hui" c'est d'apprendre à continuer à exercer leur métier avec certains instruments qu'ils ont appris à pratiquer, mais en le faisant plus en rapport avec les gens, en écoutant et en respectant ce qu'ils disent. J'entends encore des journalistes dire : mais comment je peux avoir confiance dans ce que disent les gens ? Je crois que c'est une attitude regrettable. Il y a des gens qui disent des choses, qui participent au média de leur communauté, qui s'y retrouvent, qui le défendent, qui l'alimentent et qui s'en servent, et je trouve ça très bien."

lundi 27 mars 2006

Gratuit/payant sur le Net : Et si au lieu de vendre l'info, on vendait son "usage" ?

Je rebondis à froid sur le débat lancé la semaine dernière par John Burke (sur le site d'Editors Weblogs, ici) et Jeff Mignon (ici) à propos du "paiement de l'info à la carte" (John Burke s'inspirait d'un article d'USA Today sur la publication d'un rapport démontrant que les abonnés au cable préféreraient payer à la carte qu'à l'accès).
Les deux blogueurs suggèrent de proposer, en face des systèmes d'abonnement premium (c'est ce que propose le Monde.fr, avec un package global d'infos proposé sur abonnement mensuel), un système de mutualisation des sources avec paiement au clic. Ce, qui change, c'est qu'au lieu de payer pour un accès à une seule source d'information, on peut piocher l'info où l'on veut et ne payer que ce qui nous intéresse.
De son côté, Emmanuel Parody est sceptique sur l'idée de la vente de contenu à l'unité. "Oui à la marge pour des archives mais en fait je crois que l'usager est surtout prêt à payer pour un service (être informé d'une certaine façon) plus que pour UN contenu".

Le débat "menu/ à la carte" est ouvert. Comme celui du gratuit/ payant sur le Web, qui rebondit chaque mois au fil des expériences des médias.

En fait, je crois que le débat n'est pas seulement de savoir si tel ou tel modèle est le bon. L'internaute n'achète pas un "modèle". Tout dépend du service proposé et de la praticité d'utilisation.

- Il faut que l'information vendue soit utile... mais pas seulement dans le sens où nous l'entendons généralement. Nous sommes sur le Net, ne l'oublions pas. IUne info utile peut aussi l'être à un autre niveau. Par exemple, acheter l'info nous permet de rentrer en contact avec d'autres personnes ou d'accéder à d'autres services. Ou de télécharger l'info (texte, vidéo, son...) sur un "journal-ipod" en e-paper. Ou d'archiver cette information info dans une sorte de bibliothèque/blog pour la partager, ou encore pour recevoir en fin de mois, "votre retrospective" personnalisée sous forme de livre papier (afin de retrouver ces documents de façon pratique). "Payez l'information qui fera l'histoire...": là on a besoin d'une vraie information, triée, de qualité... l'important n'est pas tant l'info, que son usage.
- Il faut évidemment des produits spécifiques web. Ils n'ont pas tous encore été inventés. Mais j'imagine que l'on mettra plus facilement de l'argent dans un bon document vidéo que dans l'article de M.Dupont, "éminent journaliste".
- Enfin, il est difficile de vendre sans un système de paiement permettant l'achat d'impulsion. I-Tunes et Amazon proposent le paiement en 1 clic, qui vous permet de ne plus rentrer à chaque fois vos coordonnées bancaires. Vous cliquez, c'est acheté.

I-Tunes
est un assez bon exemple de ce qui devrait nous inspirer en terme d'info payante : une plateforme mutualisée de vente de musique en ligne. On peut commenter les morceaux, on peut proposer ses podcasts, on peut acheter et suggérer, voter. Il y a même un algorythme qui vous conseille, en fonction de vos choix précédents. Et il y a un outil physique, indispensable, le Ipod, où stocker votre discothèque (autant dire votre "univers") personnel.

On peut s'en inspirer, oui, à condition d'inventer d'autres produits informatifs que ceux que nous connaissons actuellement. En s'intéressant, comme je le disais, à l'usage de l'info plus qu'au contenu. Sinon on sera toujours confronté à la ccontradiction gratuit/payant. Le contenu attire, mais existe en général gratuitement partout (pour l'info grand public, en tout cas). L'usage, lui, peut se monnayer à un certain degré d'intérêt.

PQR et Internet : le blog(ue) de Mathieu G. Racicot

Je vous invite à lire le blog de ce journaliste de la presse quotidienne régionale suisse: "Mediatronique" (ici).
Mathieu G.Racicot s'interroge sur les "effets des nouvelles technologies de l'information sur le métier" : apparition de la conversation dans les médias mais aussi difficulté pour les journalistes de se faire entendre "face à la multiplication des moyens de communications".
Il porte notamment un regard particulier sur l'appropriation de l'Internet 2.0 par les médias locaux suisses. Il cite notamment l'exemple du "Matin". Au passage, un bel exemple du tryptique sur lequel travaillent aujourd'hui de plus en plus de journaux de PQR: journal payant ("Le matin") + journal gratuit ("Le matin bleu") + plateforme internet communautaire ("Bleublog"), à laquelle il manque cependant de vrais services locaux.

mercredi 22 mars 2006

Un quotidien français teste le papier électronique

J'avais déja évoqué l'initiative du quotidien économique flamand "De Tidj", qui proposera en avril à 200 abonnés, une version du journal sur "papier électronique" (lire ici). Aujourd'hui, c'est un autre quotidien économique, mais français cette fois, qui se lance dans l'aventure. Le journal "Les échos" a annoncé le lancement d'une expérimentation à partir de l'automne prochain. Le quotidien, actualisé en temps réel grâce au wi-fi, pourra être lu sur un e-book portable (voir photo 1). Mais dès 2007, il sera testé sur des supports en feuilles plastiques numériques flexibles A4 et A5 (voir photo 2). Le lancement grand public est prévu pour 2008.

"Les utilisateurs disposeront de tous les articles du journal du jour, accompagnés de leurs illustrations et infographies, de toute l'information en continu fournie par la rédaction web des Echos, d'un journal économique audio en podcast, des articles du Financial Times et des compléments éditoriaux (bilans des entreprises, biographies des dirigeants). «A terme, l'utilisateur pourra disposer d'une version totalement personalisable»", peut-on lire sur le site web des Echos (ici).

Je ne sais pas si le "e-paper" a de l'avenir. Mais la portabilité de l'info en a. Le journal papier offre justement cette portabilité et cette praticité de l'info rassemblée, triée et facilement consultable n'importe où. L'internet offre des tas d'autres avantages, comme l'interactivité et l'actualisation, mais ne dispose pas encore d'outil "physique" portable et pratique. Du moins pas d'outil vraiment convaincant.
Il est peut-être aussi là, l'avenir de la presse écrite : travailler sur de nouveaux supports physiques pour offrir ce type d'outils.

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Pour compléter cette réflexion sur cette praticité du support physique, je vous renvoie au billet d'Alain Steinmann, rédacteur en chef délégué deu magazine français l'Ordinateur individuel: "Tout ce qui se trouve dans l'OI est aussi disponible gratuitement sur O1net. L'intérêt du magazine, c'est son confort de lecture, la hiérarchie des infos qu'il propose et celle qu'il amène sans qu'on ait à les chercher. C'est en cela qu'il est différent et complémentaire de O1net." (A noter que l'OI papier a gagné environ 8000 lecteurs en 4 ans, malgré un recul en 2005)

lundi 20 mars 2006

Les jeunes aiment Internet... et la presse écrite

C'est en tout cas ce qui ressort d'une étude Ipsos sur "les jeunes, les journaux et les nouveaux médias électroniques" pour "Graines de citoyens" (lire en format Pdf ici) à l'occasion des assises de la presse écrite et de la jeunesse à Nantes le 18 mars dernier.
L'étude s'intéresse aux internautes de 15-24 ans, mais établit également des comparaisons avec les plus de 25 ans, notamment sur leur pratique d'Internet et des médias en général.
Il en ressort que les jeunes n'utilisent pas plus Internet que leurs aînés. Ils sont 44% à aller plusieurs fois par jour sur le Net (contre 50% pour les plus de 25 ans).
Mais surtout, les jeunes utilisent Internet en priorité comme un moyen de communication (alors que pour leurs aînés il s'agit surtout d'un outil d'information. Chez les 15-24 ans, c'est l'utilisation des messageries instantanées (type MSN messanger, AIM...) qui vient en priorité (68%), devant la recherche d'infos pratiques comme la météo (65%) et la recherche d'informations liées à l'actualité (55%). Mais on retrouve également chez eux toute une batterie de pratiques de communication comme "chatter" /discuter en direct (35%), participer à un forum (29%), laisser des commentaires sur les blogs (32%), partager des fichiers (33%), échanger des photos...
Chez les + de 25 ans, la tendance s'inverse : d'abord les infos pratiques (75%), puis les news, la consultation de son compte en banque et enfin les messageries instantanées.
Néanmoins, même si leurs pratiques sont essentiellement tournées vers les opérations de communication , 60% des jeunes (80% des + de 25 ans) estiment tout de même qu'Internet est d'abord une vaste source documentaire. 40% y voient avant tout un moyen d'échanges.


Je tire plusieurs enseignements de ces chiffres:
- l'importance de l'usage d'Internet pour des informations pratiques (en tête chez les + de 25 ans)
- Internet est principalement utilisé par les jeunes comme outil de communication et d'échanges. Les médias traditionnels, qui diffusent essentiellement de l'info sur le Net, pourraient se sentir exclus. Mais à tort : d'abord parce qu'information et interactivité sont de plus en plus liés (et échanger sur l'actualité permet de faire des rencontres), mais aussi parce que les journaux peuvent retrouver sur le Net le rôle d'intermédiaire, qu'ils ont petit à petit abandonné sur le papier (même si c'est difficile, lire à ce propos le post de Jeff Mignon, ici). Il y a tellement d'outils nouveaux à inventer. Ne nous contentons pas de publier électroniquement le contenu de nos journaux !


D'un autre côté, l'opinion que les jeunes se font de la presse quotidienne n'est pas aussi négative qu'on aurait pu le penser. Elle est même, pour eux, le média auquel ils disent faire le plus confiance pour se forger une opinion (38%), devant la télé (22%) et Internet (16%, à égalité avec la radio). Ce qui ne veut pas dire qu'ils l'achètent ou la lisent... 87% des jeunes déclarent lire le journal au moins une fois par semaine (contre 88% pour les plus de 25 ans).
Et sur Internet ils déclarent faire confiance en priorité aux sites d'informations des médias traditionnels (72%)... même si, dans la réalité, les internautes en général passent d'abord par les moteurs de recherches pour accéder aux news. Les blogs d'iformation arrivent en dernière position.

Enfin, 34% des 15-24 déclarent avoir créé un blog personnel (51% des moins de 19 ans), contre 9% pour les pluss de 25 ans.

(source : graines de citoyens/Ipsos - merci à Cédric pour l'alerte)

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A lire également, une autre enquête réalisée par TNS média intelligence sur les 11-19 ans (ici)

dimanche 12 mars 2006

Les Britanniques préfèrent Internet à la télé

Selon une étude réalisée par l'institut TNS pour Google (panel de 1030 personnes, âgées de 16 à 64 ans), les internautes britanniques déclarent passer plus de temps sur Internet que devant leur écran. Soit 2h44 par jour contre 2h28 pour la télévision.
Ce sont surtout les jeunes qui délaissent la télévision: la baisse de l'audimat est de 25-34 ans est de 2,5% par rapport à l'année dernière, et de 2,9% chez les 16-24 ans.
Je n'ai pas trouvé d'étude équivalente (sondage réalisé auprès de la population internaute) en France, mais selon les derniers chiffres Mediamétrie, les Français ont continué en 2004 d'augmenter le temps passé devant la télévision, y consacrant deux minutes de plus par jour qu'en 2003, soit 3h24 (lire ici). Parallèlement, les Internautes français passaient environ 13h par semaine sur le Net en 2005, selon une étude européenne (commandée par l'European Interactive Advertising Association). Selon cette même étude (lire ici), les utilisateurs de l'Union passaient 17 % de temps en plus sur la toile par rapport à 2004 et 56 % de temps en plus comparé à 2003.
Aux Etats-Unis, le temps passé sur Internet est désormais équivalent à celui passé devant la télé (lire ici).

(Source : AFP sur Yahoo actu )

samedi 11 mars 2006

L'important c'est d'en parler

Dan Gilmor, pape du citizen journalism (et fondateur du center for citizen media) lors du congrès 2006 du "Online Journalim Review" de Los Angeles (ici):
"Si vous provoquez un niveau suffisamment approfondi de conversation à propos d'un sujet restreint, vous avez un business."
Ce qui veut dire que, quel que soit le sujet, l'important, c'est qu'on en parle.

Cela me fait penser à de nombreuses discussions que j'ai eue à propos de la définition de l'information, du fait et de l'événement, et de tous ces événements de la vie qui touchent les individus et dont nous ne parlons jamais dans les médias parce que nous n'avons pas créé les outils pour les détecter (je suis en train de travailler sur ces outils à inventer).

Parce qu'il y a effectivement une différence majeure entre ces trois notions : info, événement, et fait. Un fait est un fait. Il survient, avec ou sans témoin direct. L'événement, lui, survient généralement après, mais pas toujours. Un événement en est un à partir du moment où d'autres personnes que les protagonistes sont au courant... et en parlent. L'info, elle, survient avant ou après l'événement. L'info, c'est la façon dont un "média" certifié formule et définit l'événement ou le fait qui lui a été rapporté. Parfois l'info survient sans qu'il n'y ait de fait : dans le cas d'un mensonge, ou d'une info basée sur une rumeur. C'est alors elle qui génère l'événement.
Bref, l'événement nait de la conversation, qu'il y ait un fait ou non. L'information est à la fois ce qui formalise et nourrit l'événement.

Le sociologue Pascal Froissart m'expliquait il y a quelques semaines, à propos de la presse à scandales, que l'important pour elle, n'était pas que l'info soit vraie ou fausse, mais que l'on puisse en parler devant la machine à café.

Tout cela nous dit trois choses :

- il y a des tas d'événements qui surviennent dans la vie des gens, mais qui n'accèdent jamais au statut d'information.
- ce qui n'empêche pas les gens d'en parler. Devant la machine à café... mais surtout sur Internet
- avec Internet, l'événement n'a plus besoin de passer par le filtre d'un média traditionnel pour devenir une information. Il suffit que suffisamment de personnes en parlent.

Le média traditionnel peut intervenir pour certifier cette information. Mais peu importe... La conversation a précédé l'information. Or, l'important, c'est qu'on en parle.

Pour rester dans la sphère de proximité du lecteur, le média doit donc pouvoir se brancher sur cette conversation le plus tôt possible.
- Soit directement, en créant des outils lui permettant de faire émerger et de collecter les conversations (le "citizen journalism" via Internet est un moyen, mais pas suffisant, d'autres outils sont nécessaires).
- Soit indirectement, en mettant automatiquement l'usager en contact avec l'événement censé lui être proche (sans intervenir sur la qualité de cet événement...)
- Soit les deux, évidemment.

vendredi 10 mars 2006

L'arme de guerre de Microsoft

Si vous voulez voir ce que Microsoft prépare pour tenter d'écraser Google, jetez un oeil sur la beta de "live.com" (ici), le nouveau nom de "MSN".
Il s'agit d'une page de démarrage personnalisable (façon "mon MSN"), intégrant les flux RSS, et qui repose désormais sur le nouveau moteur de recherche de la firme de Redmond : "livesearch" (ici). Surnommé par Microsoft le "Google killer", "livesarch" présente un design minimaliste : une simple fenêtre dans une grande page blanche. Comme si "livesearch" était LA solution dans un univers trop complexe.
Les résultats sont présentés sous forme de menu déroulant. Et peuvent être ajoutés à votre page de démarrage live.com grâce à un système de cliquer-glisser.
On voit bien sur quel terrain se situe aujourd'hui la bataille pour la conquète du Web 2.0. Et donc de l'info. Quand on sait que la plupart des internautes accèdent à leurs news par les moteurs de recherche, on comprend que ceux qui maîtriseront les points de convergence contrôleront l'essentiel de ce monde en fragmentation.
Reste que l'autre terrain de bataille est aujourd'hui celui du "local". A prendre dans les deux sens : local (proche) et localisation. Car avec la recherche sur maps (local search), portée par des outils comme "google local" (google maps) ou le nouveau "windows live local" (virtual earth), c'est l'environnement proche de l'internaute que l'on cherche à toucher. Sa proximité. Une proximité que l'on s'efforce de cerner petit à petit -on le voit avec ces nouveaux outils de personnalisation et de localisation-, mais que l'on n'est pas encore parvenu à mettre en algorythme... ça serait tellement plus simple, n'est-ce pas ?

Clef des points d'engorgement, la proximité est ce "petit" concept qui fera bouger demain le "gigantesque" monde de l'information.

Ce qui veut dire ? Ce qui veut dire que, dans ce domaine là, les petits ont encore toutes leurs chances.

Plus d'infos sur techcrunch (en français), et "Read/WriteWeb" (english). A lire également, le point de vue de Pierre Chappaz (ici), le fondateur de kelkoo.

mercredi 8 mars 2006

La vie selon Google

Connaissez-vous le Googleplex ? Je conseille sa visite (virtuelle sur le site du Times, ici) à tous les chefs d'entreprise et patrons de presse qui se demandent, à propos de Google, "mais pourquoi ont-ils autant d'idées ?". Cela passe aussi par une certaine conception de la vie en entreprise...
(source : Economy Blogbuster)

Face à la fragmentation: devenir indispensable au lecteur

C'est l'idée force développée par Rob Curley, pape iconoclaste du média hyperlocal, créateur du Lawrence Journal World, et "new media director" pour le "Naple Daily News".
Une stratégie expliquée par John Burke dans un article publié sur "Editors Weblogs" (ici). Le chroniqueur constate, comme tout le monde, l'affaiblissement des médias de masse sur Internet face à la fragmentation de l'audience: on ne passe pas directement par les sites des médias traditionnels pour s'informer mais par les moteurs de recherche... ou, plus récemment, via les fameux flux RSS (qui permettent de recevoir automatiquement les informations des blogs et ses médias). Citant un article du New York Times, John Bruke explique d'ailleurs comment les commerces utilisent désormais les flux RSS pour informer directement leurs clients de leurs nouvelles promos, évitant aux clients d'aller chercher sur leur journal les affaires du jour.
Même phénomène de fragmentation dans l'univers des petites annonces. Après les sites de PA gratuites, voici venir les agrégateurs de petites annonces ("tag-based classifieds"), comme Edgeio (lire mon précédent post, ici) qui permettent aux blogeurs de contourner les médias pour publier leurs messages directement sur leurs blogs...
Bref, la presse traditionnelle semble se faire plumer inexorablement chaque jour. Doit-elle se sentir menacée ? Non, répond John Burke.
"Evidemment, les journaux pourraient diffuser leurs petites annonces via Edgeio (pour accroître leur audience), mais pourquoi ne tenteraient-ils pas de proposer leurs propres outils comme Edgeio ou Craiglist ?"

Pour cela, les journaux doivent donc se rendre "indispensables" à la communauté. C'est la stratégie de Rob Curley.
Selon lui, les journaux doivent donc transformer leurs sites Internet en "Hub" (en informatique, une prise permettant de connecter plusieurs sources ou plusieurs utilisateurs entre eux) pour la communauté.
"Ils doivent devenir un "hub" d'informations locales où tout ce que la communauté a besoin de savoir doit pouvoir être facilement cherché et trouvé (par exemple, Curley travaille sur un guide des restaurants locaux)", résume John Burke.

1- INFOS : Ouvrir le site d'infos locales aux lecteurs. Rendre les journalistes accessibles aux internautes (ils pourront réagir et leur donner des idées de sujets). Mieux : permettre aux lecteurs d'ouvrir leurs blogs : cela permet non seulement aux lecteurs de publier des infos et des photos que les journalistes pourront publier ensuite, mais cela leur permet aussi de publier leurs propres petites annonces.
2- PETITES ANNONCES : permettre aux lecteurs de poster leurs petites annonces traditionnellement et gratuitement s'ils n'ont pas de blog (façon Craiglist), ou façon edegio, s'ils en ont un.
3- PUBLICITE: "les annonceurs ne voudront pas quitter un site devenu indispensable", assure John Burke, "comme aucun site ne voudrait ne pas être référencé par Google". Le site listant gratuitement tous les aspects de la vie de la communauté, les meilleurs places peuvent alors être vendues aux commerces locaux.
4- RSS : comme le Gardian et le Los Angeles Times, le media local sur Internet pourrait fournir son propre lecteur de flux RSS, integrant à côté du flux d'infos, un flux d'annonces commerciales (vendu aux annonceurs) et un autre de petites annonces.
5- PERSONNALISATION : évidemment... pour rendre le site indispensable, il faut que le lecteur puisse le personnaliser en fonction de ses propres centres d'intérêt.

Le credo de Rob Curley ? Il se présente lui-même comme un "platform agnostic", traduit John Burke :
"Peu importe le support, web ou papier, tant que le journal continue de rapporter "'histoire locale de la communauté."

mardi 7 mars 2006

Une idée pour la presse locale : un service de rencontres autour des loisirs

Communauté, communauté, disent-ils tous... Et si la presse locale s'emparait de ce concept ?
Une idée à suivre sur le Net: coequipier.fr (ici). S'inspirant du principe des sites de rencontres, "Coequipier" vous permet de trouver le partenaire idéal pour faire des sorties escalades ou jouer au tennis. Ou pour vous initier au canoë. Il suffit d'abord de remplir un profil, avant de chercher les sportifs qui vous ressemblent dans votre région. Le site est encore rudimentaire et pas très animé, mais "les visiteurs sont de plus en plus nombreux", expliquent les créateurs sur leur blog. L'inscription est gratuite, le financement se fait pour l'instant grâce à des pubs contextuelles type Adsense. On retrouve également associé au site de rencontre, un annuaire loisirs, un agenda, des petites annonces et un "magazine" internet.
Voilà un concept ingénieux, facile à mettre en place, et dont pourrait s'inspirer la presse locale. J'ai toujours pensé que cette dernière devait profiter du Net pour générer et animer des communautés locales ou régionales, en jouant notamment la carte des rencontres amicales ou par centre d'intérêt.
Les sites communautaires, s'ils sont intelligemment construits, sont capables de générer une activité énorme.
Il n'est évidemment pas facile de s'imposer dans ce secteur (amorcer une communauté est assez aléatoire). Mais la presse régionale a déjà toute légitimité pour générer des communautés locales et des réseaux d'échanges sur son territoire. Elle a pour elle l'audience et la visibilité, mais aussi son image d'informateur historique de la communauté régionale. Depuis toujours, c'est la presse locale (quotidienne ou hebdomadaire) qui a servi de lien entre les habitants. Elle peut reprendre cette place sur le Net, avant que d'autres ne s'en chargent.

vendredi 3 mars 2006

Annonces classées en ligne : Edgeio vient d'ouvrir

Je vous en parlais il y a quelques jours (lire ici), Edgeio, l'agrégateur révolutionnaire de petites annonces, qui permet aux internautes de publier leurs petites annonces gratuitement depuis leur blog vient tout juste d'ouvrir.
Je vous invite à lire la présentation en français sur "techcrunch" (ici), et à visiter le site d'Edgeio (ici).
Le principe est simple : je m'inscris d'abord sur Edgeio. Ensuite, il me suffit de publier l'annonce sur mon blog, comme n'importe quel post. L'annonce sera intégrée à la base de données d'Edegeio. Elle sera alors automatiquement classée et consultable sur le site... ou sur les blogs des annonceurs.

"L’un des points les plus intéressants de Edgeio est aussi la possibilité de re-distribuer le contenu (vos propres annonces ou d’autres) de Edgeio vers votre blog et qui pourrait à terme une source supplémentaire de revenus pour les éditeurs. La force d’Edgeio est et de pouvoir simplement aspirer et re-distribuer le contenu depuis et vers les bloggeurs qui l’animent (une approche qui devrait inspirer bien des services web2.0)." (source : techcrunch)

Nike fait courir sur le Net

Jeff Mignon revient sur son blog (ici) sur les "mash up" (un principe qui consiste à fusionner des informations ou des outils de plusieurs sites pour en faire un service original), avec la bonne idée que vient d'avoir Nike.
Sur "Runlondon" (ici), le fabricant de chaussures de sport propose aux Londoniens de trouver sur une carte de la ville leur parcours de jogging idéal ou de proposer le leur. Le mash-up "route finder" combine une carte "Google Map" de Londres et les propositions des joggeurs inscrits sur le site. Il vous suffit de cliquer sur la carte pour poser un petit drapeau "start", puis cliquer sur différents points pour créer votre parcours de jogging. Nike appelle ça : "I will claim new territory"...
Au delà de l'idée, ingénieuse, dont pourrait s'inspirer la presse locale pour enrichir ses sites Internet, le "route finder" aussi un excellent objet publicitaire. Si la pub a commencé à s'emparer de ce genre de jouets interactifs (comme le génial "subservient chicken" de Burger King, lire ici), les médias, eux, sont encore frileux. On pourrait pourtant imaginer, au-delà des mash-up (encore sous excploités), des programmes interactifs créés par des développeurs de jeux vidéo qui pourraient remplacer les traditionnelles infographies.

Scoopeo et Newsvine : l'info des gens

Si vous connaissez déjà "digg.com", vous ne serez pas dépaysés par ce nouvel agrégateur d'infos francophone. Scoopeo (ici) se présente comme un "nouveau site de news permettant aux membres eux-mêmes de proposer les news trouvées sur le web ET de voter pour ces news (clics). Le site existe en français actuellement et concerne les news francophones et anglophones avec un outil de traduction via google."
Scoopeo ne publie que les infos que lui envoient les internautes. Tout le monde peut donc proposer des news. Et chacune d'entre elles peut-être commentée ou même modérée par les internautes. On peut aussi associer des sondages à ses infos. Le vote, quant à lui, permet de hiérarchiser l'information et de calculer le "karma" des auteurs.
Chaque rédacteur dispose en effet d'un "karma" qui correspond plus ou moins à sa crédibilité en tant qu'informateur. Il est calculé en fonction des votes sur ses news, mais aussi de divers paramètres liés à son activité sur le site.

Le système est assez ingénieux parce qu'il permet aux utilisateurs de choisir l'info qui les intéresse et de le dire. La plupart des news ne proviennent d'ailleurs pas des contributeurs eux mêmes, mais sont généralement des reprises d'infos récoltées auprès des médias traditionnels (un petit outil vous permet même de "scooper" une info vue sur le Net en un seul clic). C'est le principe du bouche à oreille. "Tiens j'ai trouvé ça pour vous, je vous l'envoie".

Ce type d'agrégateur préfigure-t-il les médias de demain ? En tout cas, c'est une piste très intéressante. Et qui présente un double avantage : l'interactivité complète (j'écris, je lis, je choisis, et j'en parle) et la communauté.

Un autre site vient d'ouvrir, dans le même genre, mais plus axé sur la discussion: Newsvine (ici). Newsvine mélange dépêches d'agences et contributions d'internautes ("vrais" articles ou "bouche à oreille" comme sur Scoopeo), reliées entre elles par des "tags" (balises de mots clefs). En cilquant sur l'auteur on tombe automatiquement sur sa "page", où l'on peut lire ses autres articles, en savoir plus sur lui, et voir le "feedback" des lecteurs sur ce qu'il a écrit.
J'aime bien cette idée de demander aux internautes de noter la pertinence ou la fiabilité de chaque auteur, un peu comme le font les utilisateurs d'Ebay.

61% des Américains lisent la presse pour les infos locales

C'est le résultat d'un sondage relayé par le Baltimore Sun (ici) : 61% des Américains se tournent vers la presse écrite pour les informations locales (infos et résultats sportifs). Viennent ensuite la télévision (58%), et la radio (35%). Internet ne recueille qu'un petit 6%.
Pour les infos nationales, par contre, 70 se tournent vers la télévision, contre 33% pour la presse écrite. Internet n'est pas très loin : 28% accèdent à leur info nationale via Google, Yahoo ou MSN. Et 11% consultent régulièrement le site Internet de leur quotidien.

(source : Editor's Weblog)
(lire également une autre enquête sur les sources d'infos, publiée sur le blog de Jeff Mignon, ici)

"Les médias ont du mal à gagner de l'argent avec Internet"

Dans un article posté sur "The Editor Weblog" (ici), John Burke analyse les difficultés que rencontre la presse pour gagner de l'argent sur Internet :
"Les médias ont du mal à gagner de l'argent avec Internet. La publicité sur Internet, même si elle augmente, n'a pas atteint le niveau de revenus auquel la presse écrite est habituée. De plus (sauf quelques cas isolés) les journaux ont généralement du mal à faire payer leur contenu sur Internet."
John Bruke s'interroge sur ce qui peut pousser un consommateur à payer pour une info.
"Les gens n'ont pas envie de payer une info relayée par tous les médias et qu'ils peuvent lire d'un seul clic de souris. Cependant, les journaux produisent également des contenus originaux qu'ils pourraient monétiser sur le Net" comme des billets d'analystes renommés ou l'info locale (lire à ce propos mon post sur la déconstruction de la presse).
"Il est vrai qu'Internet fait exploser le modèle d'abonnement traditionnel dans le sens où le lecteur n'a plus envie de payer pour l'ensemble du contenu. Mais cela signifie de nouvelles opportunités pour les journaux",
poursuit John Burke. "Ils doivent expérimenter, ne faire payer que certaines sections, ou certains éditorialistes, ou même juste certains articles. Les lecteurs les remercieront de ne les faire payer que ce pour quoi ils veulent bien payer".
Encore faut-il que ces analyses ou cette info locale ne soient pas déjà données gratuitement sur Internet. La professionnalisation grimpante des blogs fragilise cette théorie et risque de réduire ce contenu "original" à une peau de chagrin. Et donc les revenus, déjà pauvres, de la presse payante en ligne.
Le même John Bruke évoque dans un autre post (ici) le "problème" posé par le site Digg.com, un agrégateur d'infos postées gratuitement par des internautes (et hiérarchisées par eux). Et il se pose la question, non sans humour : si les lecteurs deviennent les éditeurs, qui va payer pour le journalisme ?
On aura toujours besoin des journalistes, il y aura donc toujours des gens pour les payer. Reste cependant à s'entendre sur le business model.
Finalement, il n'y a que la presse traditionnelle pour se torturer l'esprit sur la question de la vente du contenu. Un vieux réflexe de vendeur de papier.
Les entreprises issues du Net, comme Yahoo, ont pris le problème à l'envers : j'ai des services à vendre sur mon site, je l'enrichis avec des infos gratuites pour le rendre plus attractif. Ou alors, je donne une info gratuite et je propose un service payant derrière, lié à cette news.
Il y a effectivement encore un business model de l'info en ligne à inventer.

mercredi 1 mars 2006

Le "Dauphiné Libéré" lance sa nouvelle formule

C'est une page historique qui se tourne pour le quotidien régional alpin. Mardi, le Dauphiné Libéré (247.412 exemplaires/jour - source OJD) a sorti ses deux premières éditions "nouvelle formule" (la Savoie et le Nord Isère), les vingt-quatre autres suivront entre le 7 mars (Vaucluse) et cet été (Grenoble).

Le résultat est particulièrement intéressant. D'abord parce qu'il s'agit du fruit d'une concertation de plus de trois ans qui a impliqué les journalistes de la base et les lecteurs, mais aussi parce ce que ce nouveau DL a tiré les leçons des réussites et des erreurs des quotidiens régionaux ayant changé de formule ces dernières années.
Résultat, on se retrouve face à une convergence positive et épurée de tout ce qui a été tenté dans la PQR : pas de rupture radicale avec l'ancien journal, un format resserré type berlinois (le Monde, en un peu plus long), un nouveau logo (titre blanc en défonce sur cartouche rouge) et une page couleur sur deux.
La maquette va à l'essentiel : propre, carrée, sans superflu, des papiers courts et bien rangés, mettant l'accent sur la prise de parole, et les boîtes à outils d'infos pratiques et pédagogiques.
Dès son accroche de Une et ses premières pages, le nouveau DL annonce la couleur : locale de proximité et personnalisation de l'info.
Les frontières administratives des départements et des cantons ont été supprimées pour laisser place à une logique d'éditionnalisation. Les départements ayant entre deux et six éditions différentes du journal, la hiérarchisation de l'info (dans des pages appelées "votre région") s'organise désormais autour de chacune de ces éditions, en fonction de ce qui est censé intéresser le lecteur de ce bassin de vie là.
Le point de repère, ce n'est donc plus le département ou la région (au sens administratif du terme), mais le lecteur.
Cette logique de proximité valorise évidemment la petite locale (qui intervient tout de suite après les pages éditionnalisées dans le chemin de fer) : ici, on n'empile plus les petites communes mais on hiérarchise les articles dans la page en fonction de leur intérêt. Ce qui, au premier coup d'oeil, dynamise l'intérêt de lecture. La taille des papiers est "bloquée" dans des cartons préformatés.
Seule véritable "audace" de ce nouveau DL: la page 2, dite "Vous et nous". Une page interactive un peu fourre-tout qui rassemble éditorial, courrier des lecteurs, micro-trottoirs, photos et articles "positifs". Le résultat fait encore un peu "expérimental". Il sera intéressant d'observer son évolution et de voir si la "sauce" prendra avec le lecteur.
La nouvelle formule du DL a été réalisée avec le concours du consultant Francis Lambert.