lundi 19 novembre 2007

Facebook + média = polymédia


Et vous, que faites vous avec Facebook?
Michel Levy-Provençal (Rue89 et France 24) a eu une idée: il a créé un mini-média public-privé, en exploitant la puissance du Facebook. Il appelle ça le "polyblog".
Tout le monde connait Facebook, ce réseau social d'un nouveau genre (42 millions d'utilisateurs dans le monde, beaucoup d'étudiants) qui est en train de devenir un navigateur web alternatif : il est à la fois un moteur de recherche social, un site de rencontres, un hyperblog et un nouveau système de distribution de l'info s'appuyant sur la recommandation.

Facebook pose beaucoup de questions aux médias :

- Avec Google, il participe à la fragmentation de l'audience (qui finit par ne plus sortir de Facebook et consulte les infos via des liens envoyés par leurs amis facebookiens)
- Il est un puissant média social et de distribution : comment en profiter ?
- Enfin, Facebook propose un fil d'informations qui résume toute vos activités et celles de vos amis : un mix d'infos privées et publiques qui bouleverse le champ de définition de l'info.
Avantage : Facebook est une plateforme ouverte. Cela signifie que tout le monde peut développer des outils pour Facebook et créer un lien avec ses usagers. Via ce qu'on appelle les API (des interfaces qui permettent par exemple à deux services internet de trouver un protocole commun afin d'échanger ou de mixer leurs données).

L'ouverture de Facebook aux développeurs extérieurs étant récente (le 24 mai 2007), peu d'expériences ont encore été tentées jusque là. Je retiens la plus intéressante : celle du Washington Post il y a quelques mois.

Et, ce week-end : celle de Michel Levy-Provençal, alias Mikiane.

Voici ce qu'il écrit sur son nouveau blog :

"J'ai (...) décidé de me doter d'un tout nouveau système qui ressemble à la fois à un blog, qui dialogue avec Facebook, Twitter, et les autres outils que j'utilise habituellement, et surtout qui me permette de filtrer la publication de mes notes en fonction de mon audience : Un POLYBLOG !

En basant le système sur quatre catégories de lecteurs, je réponds à mes besoins:

  • Les anonymes lisent mes notes publiques et peuvent les commenter
  • Les connaissances accèdent à un niveau d'information plus confidentiel, à la limite du personnel
  • Les amis sont autorisés à visualiser mes billets personnels
  • Et les confidents percent mes secrets !

Ce qui est intéressant dans la démarche de Michel, c'est l'intégration dans un média (ici, son blog) d'une mécanique d'interaction avec un réseau social.

"Mikiane.com est un Polyblog. C'est un système qui permet différents niveaux de lecture en fonction de l'audience. Les utilisateurs enregistrés ont accès à plus d'informations que les autres. Pour être enregistré il suffit de créer un compte ou être connecté à Facebook"

En exploitant la logique du réseau social, Michel s'en sert pour hiérarchiser socialemement les infos qu'il distribue. Il a aussi la possibilité de publier en Une les fils d'infos publiques ou privées: les siennes ou celles de son entourage sur Facebook. Et de filtrer également ses destinataires.

Michel travaille activement à l'intégration d'articulations Facebook sur ses sites d'information.

La question, ce n'est donc pas : et vous que faites vous sur Facebook ? Mais bien : comment exploitez-vous la puissance de Facebook? Et en quoi Facebook peut vous aider à mieux gérer la distribution de vos contenus, la participation, et la communauté ?

D'autres idées ?

Pour aller plus loin, je vous conseille de lire cette étude réalisée par Fabernovel sur Facebook.

dimanche 18 novembre 2007

La participation populaire est-elle nulle?

Question provoc. Mais qui me vient d'une réflexion entendue hier, aux journées nethiques. J'y étais invité pour parler, avec d'autres confrères et blogueurs, de la déontologie dans le nouveau paysage de l'info sur le Net.

La réflexion, donc. Celle d'un intervenant (par ailleurs excellent blogueur). Que je résume :

Quand on lit les commentaires sur les articles, finalement, on se rend compte que la plupart d'entre eux sont inintéressants. Il y a d'ailleurs aujourd'hui des sites et des blogs qui s'interrogent sur un éventuel retour aux posts sans commentaires (ce ne sont pas ses propos exacts, je n'ai pas eu le temps de prendre de notes. Et peu importe leur auteur: je traduis une idée souvent entendue).

Sous-entendu :
- On se réveillerait avec la gueule de bois (mais un peu rassuré quand même). La participation aurait permis l'émergence de quelques excellents blogueurs, mais tout le reste serait d'un niveau très médiocre.
- Les médias auraient suivi, par crainte d'être dépassés (ou par intérêt financier), le "culte de l'amateur", avant de réaliser que, dans leur majorité, ces amateurs, ces anonymes qui ont trouvé sur le Net un accélérateur de popularité, seraient aussi inintéressants (d'un point de vue intellectuel) qu'on le pensait. Ouf!

D'autres lui répondront que, non, certains médias parviennent à canaliser la participation et recueillent des contenus intelligents... et de citer la qualité des commentaires du monde.fr (c'est vrai) ou ceux de la page "Comment is free" du Guardian. Intelligent, certes (ces gens là existent) mais pas très grand public!

Venant d'un blogueur influent, cette réflexion me ramène d'ailleurs à cette vieille impression : le phénomène des blogs, loin d'avoir permis l'émergence d'une expression populaire, a surtout apporté une bouffée d'oxygène à l'élite. Elle en avait besoin, c'est vrai. Et il y a de nombreux blogs très intelligents que je suis avec intérêt.

Mais bon, tout ça, c'est toujours le problème d'une élite. Pas des gens comme vous et moi (non, non, je ne fais pas partie de l'élite... on ne m'invite nulle part et, en bon ex-provincial, je ne comprends toujours rien aux codes de cet univers passionnant).
Ce n'est pas non plus le problème des responsables de médias qui cherchent à produire du contenu qui soit le plus proche du quotidien de leurs lecteurs.

Alors... cette participation populaire? Est-elle aussi "nulle" qu'on le dit?

Il n'y a qu'à écouter les radios locales ou participatives (et populaires) comme RMC Infos pour s'en rendre compte. Quand elle est animée, canalisée, mise en valeur, accompagnée (dans ce cas précis, c'est l'action conjuguée du journaliste animateur et du "standard" qui prépare les appels), cette participation de l'audience apporte une vraie valeur ajoutée. On est effectivement plus dans le témoignage que dans l'analyse. Les opinions ont tendance à s'annuler sur un site Internet, les témoignages, eux, nous interpellent toujours. Ils constituent bien souvent la matière première de l'info.

Quand je discute avec mes proches, ma famille, ou des gens rencontrés au hasard d'un café, je constate que, même (pour prendre un cas extrême) chez l'ouvrier bourru un peu extrême droite, il y a une souffrance à exprimer, un regard sur le quotidien qui peut toucher les autres, les interpeller, tout en apportant une image concrète, brute, du réel. C'est toute la valeur du partage d'expériences.

Ne leur demandez pas (à mes proches), par contre, de s'exprimer à travers les outils du web. D'abord, parce que ceux-ci sont compliqués. Mais aussi parce que ce mode d'expression (un fil de commentaires écrits) n'est pas forcément celui avec lequel ils sont le plus à l'aise.

Il y aura donc toujours besoin d'un travail d'animation, d'accompagnement et de mise en valeur de cette participation. C'est sans doute un nouveau métier pour les journalistes de demain (mais la radio a déjà bien défriché le terrain).

La participation, ce n'est pas forcément le "journalisme citoyen", les anonymes devenus journalistes. Mais plutôt une explosion des sources et des modes d'information pour rendre l'info plus vivante, plus proche de la réalité et du quotidien de l'audience.

Quatre pistes :

1- Ne pas se contenter de laisser ouvert le média aux commentaires et aux contributions. Il faut animer, former, éditer. Un commentaire maladroit et mal écrit peut cacher un témoignage fort. Il ne faut pas hésiter à contacter leurs auteurs.

2- La pratique du web est encore réservée à une élite : envoyer une photo avec son mobile, monter un film (un vrai, pas une copie d'une émission de télévision) et le mettre sur Youtube, créer son blog et le rendre lisible, c'est encore compliqué. Un wiki, c'est extrêmement complexe. Twitter, c'es branché, mais c'est incompréhensible. Il faut créer des sites simples. Et faciliter la participation.

3- Le témoignage ne vient pas tout seul. On témoigne : si d'autres témoignent, si le média est puissant et/ou si je me suis approprié la plateforme, si on est écouté par le plus grand nombre ou par un spécialiste (voire une célébrité), si c'est utile (on ne témoigne pas parce qu'un média nous demande de témoigner ou d'envoyer nos photos, les gens ne sont pas idiots...).

4- Il y a des tas de contenus amateurs potentiellement passionnants sur le Net (ici par exemple), mais pas toujours bien construits, compliqués à trouver, à lire ou à replacer dans leur contexte. Certains contenus passent inaperçus alors que, replacés dans un contexte d'actu, peuvent apporter une vraie valeur informative. Quel est le rôle d'un site média dans cet environnement ?

(Il y aussi quelques bons exemples de participation spontanée à l'actu...)

(Illustration : "Le culte de l'amateur", d'Andrew Keen)

lundi 29 octobre 2007

Vos futurs (non) lecteurs


Ils sont suréquipés, ils tiennent presque tous un blog, et leur téléphone est une extension de leur personnalité... voici ce qui ressort d'une étude TNS Media Intelligence, qui sortira début novembre. L'institut a interrogé 1953 adolescents et pré-adolescents de 8 à 19 ans sur leurs usages.

Le site LSA en résume les grandes lignes :
- 94 : le nombre de numéros de téléphone enregistrés sur leur portable
- 78: celui de leurs contacts MSN
- 86: celui de leurs amis sur les sites communautaires (MySpace ou Facebook)

- Des ados suréquipés, et de plus en plus tôt : le maximum d'équipement est atteint entre 12 et 15 ans. (16 et 19 ans pour le téléphone mobile).
- Les progressions sont impressionnantes: en trois ans, le taux de connection internet a été multiplié par trois (89% sont connectés au Net), la possession de mobile par quatre (59%), et la possession d'un lecteur mp3 par douze (61%)...

- Ils mixent les médias: 71 % des 16-20 ans utilisent plusieurs médias en même temps pour se faire leur propre opinion, pour communiquer et donner leur avis et… parce qu’ils n’aiment pas le silence ! (étude G2 Paris, à paraître en janvier 2008)
- Ils passent 4 h 17 en moyenne par jour devant un écran (télé, ordinateur ou téléphone). 70% des ados passent plus de deux heures par jour sur le Net.

- Les jeunes sont des médias : ils sont producteurs de contenus, mais aussi diffuseurs (ils diffusent les contenus qui leur plaisent ou leur ressemblent).
- Ils partagent leurs découvertes : "Huit jeunes sur dix partagent immédiatement avec leurs amis ce qu’ils trouvent d’intéressant ou de drôle sur internet" (Source: NRJ Lab).
- Sur les 9 millions de blogs recensés en France, 85% sont tenus par les 15-25 ans. "Pour 34% d'entre eux, c'est une activité quotidienne. Le chiffre tombe à 23% pour les 16-19 ans". Selon une autre étude (G2 Paris), 82% des moins de 24 ans déclarent avoir déjà créé un blog, dont 40% sur Skyblog.

- "Les jeunes pratiquent l'égologie: ils mettent en commun leur propre égo, démultiplié par Internet" (Julien Silvan, Business Lab)
- "Les jeunes veulent gérer leur parole" (Florence Hermelin, NRJ)
- "Les deux tiers des américains de 18 à 21 ans ont un profil sur un réseau social (mySpace ou facebook)". (étude G2 Paris)

- Experts (75% des joueurs de 8 à 19% s'estiment experts), "ces jeunes suréquipés ne sont pas des geeks, des fous d'informatique incollables (...). Les jeunes veulent avant tout de la simplicité."
- 30 % des 11-15 ans participent à des jeux de réseau en ligne. (G2 Paris)

- Trois maîtres mots : l'immédiateté (tout est devenu immédiat, accessible d'un seul clic), l'interactivité (tout est cliquable, on donne son avis sur tout, on met sa vie en ligne sur son blog ou les sites communautaires), et la gratuité (40% des jeunes ont téléchargé de la musique et des films illégalement).

A croiser avec l'étude, plus orientée news, publiée au printemps dernier par le Joan Jorenstein Center : 60% des adolescents ne font pas attention aux actualités quotidiennes.


Quels consommateurs d'infos feront-ils demain? Ou plutôt : de quelle info? S'il y a de l'info? Et distribuée comment?

L'info telle que nous la connaissons, telle que des générations de journalistes l'ont travaillée, est morte pour cette génération à venir.
Pour être plus juste (et moins anxiogène...): l'info n'est pas morte, c'est son ADN qui a muté. Ses territoires également: moins de hard news, plus d'egonews (ma proximité émotionnelle, mes amis, le témoignage), plus d'infotainment, plus d'info de niche, voire de micro-niche. Une info fragmentée, poreuse, prise comme un "work in progress" et un échange permanents.
C'est une révolution des pratiques éditoriales qui s'est engagée. J'essaierais d'y revenir en détail dans un prochain post.

Cet ADN en mutation accélérée implique également de nouveaux modes de distribution : Google évidemment, mais aussi, et c'est nouveau, les réseaux sociaux comme Facebook et MySpace (info virale et bouche à oreille). Il y en aura d'autres.

Enfin, pour ne rien "arranger": la pub, telle que nous la connaissons, est en train de subir le même sort. Bonjour les modèles économiques!

lundi 22 octobre 2007

Kim Hye Won, 45 ans, femme au foyer, et journaliste citoyenne

Un vieux témoignage, mais que je découvre aujourd'hui. Et qui, je pense, replace le débat sur les médias participatifs devant leurs vrais enjeux : ne pas faire des citoyens des journalistes, mais embarquer (et donc automatiser) l'expertise et le témoignage de l'audience dans la fabrique de l'information. Pas simple.

Je sais que le parcours d'Ohmynews, le média coréen qui a ouvert la voie du journalisme citoyen en 2000, est à replacer dans le contexte politique très particulier de la Corée du Sud.
Mais je trouve ce témoignage toujours aussi d'actualité, à l'heure où l'on s'interroge encore (et parfois à raison) sur la pertinence de l'info participative:

Elle s'appelle Kim Hye Won, elle est femme au foyer. Elle a 45 ans (en 2005). Et son premier article sur Ohmynews s'intitulait : "Mon mari est déprimé, mon fils passe ses tests, et je suis inquiète"
.
En 2005, Kim Hye Won a remporté le prix du meilleur journaliste citoyen d'Ohmynews.
"Les femmes coréennes perdent leur nom après le mariage", rapporte Kim sur le site de Time magazine. "On les appelle souvent en disant 'c'est la femme de...', ou 'c'est la mère de...' J'ai finalement trouvé mon nom à travers OhMyNews."

Elle en dit un peu plus sur le site internationnal d'OhMyNews, toujours avec beaucoup d'humilité et d'émotion:
"Je suis devenue une femme au foyer/journaliste citoyen qui a fait son chemin dans le monde".

Quand elle a découvert le site Ohmynews, elle y a trouvé des "histoires de vie" :

"A travers ces articles, j'ai entendu des histoires de fleurs racontées par quelqu'un de la campagne, le retour à la terre d'un nouveau fermier, un père inquite pour l'éducation de son enfant, et une fille s'occupant de sa mère sénile. C'étaient les histoires de nos voisins, comme chacun d'entre nous peut en croiser autour de lui."

Pendant trois ans, Kim a écrit un article par semaine, puisant ses histoires dans son quotidien : son fils qui donne son sang pour obtenir un ticket gratuit de ciné, le livre de comptes familial de sa mère, à travers lequel Kim retrace l'amour d'une mère porté à ses enfants...

Kim explique qu'elle a beaucoup souffert du complexe de manquer de professionnalisme, et qu'on lui a reproché parfois le manque de profondeur de ses articles. "Je me suis sentie souovent heurtée, humiliée, mais j'ai continué".

Du coup, "plutôt que de me dire que je suis une journaliste (qui fait des interviews), je préfère me dire que j'écoute (et recueille) les conversations de mes voisins. "

Aujourd'hui, "je ne sais toujours pas ce qu'est un média", mais "je travaillerais avec les gens, comme une journaliste citoyen qui écoute leurs histoires comme une citoyenne et avec le point de vue d'une citoyenne."

dimanche 21 octobre 2007

Les médias d'information participatifs: débat sur LCI

Avec le lancement du Post.fr je n'ai plus beaucoup de temps pour bloguer (ou pour bloguer quelque chose qui n'ait pas déjà été blogué ailleurs...), mais j'ai trouvé le temps de parler quelques minutes à la télé.

L'émission Plein Ecran de ce dimanche était consacrée aux médias d'information participatifs, dont LePost.fr, mais aussi Rue89.com, et Obiwi.fr.

On peut voir l'émission podcastée ici et ici (2eme partie).

lundi 27 août 2007

La télé décline, le contenu généré par l'utilisateur domine

C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par IBM auprès des internautes américains : 19% affirment passer plus de 6 heures devant leur ordinateur, contre 9% reconnaissant passer le même temps devant la télévision. 66%, cependant, y restent de une à quatre heures, contre 60% pour Internet.

On pourrait alors se demander encore pourquoi les tarifs publicitaires sur Internet n'équivalent pas ceux de la télévison. IBM veut croire qu'il ne s'agit que d'une question de temps : les annonceurs sont longs à la détente, mais les revenus sur Internet ne tarderont pas à refléter les habitudes des consommateurs...

Sur son blog, Jeff Jarvis suggère une autre piste : peut-être les publicitaires devraient-ils faire plus qu'expérimenter de nouvelles formes de marketing, mais plutôt tenter de nouvelles façon de converser avec les consommateurs. Marketing VS conversation.
Dans un univers où l'annonceur peut de plus en plus entrer dans un dialogue direct avec sa cible, "il vaut mieux être le patron de Facebook (le réseau social en vogue sur le Net) que d'une agence de pub, non?"

Mais que regardent les internautes sur le web ? Là encore, la réponse est : conversation et contenu généré par l'utilisateur.
Les services les plus utilisés : 45% réseau social (facebook, MySpace...), 29% sites générés par l'utilisateur et... 18% pour les journaux en ligne. Au moins, maintenant, c'est clair.

- La contribution ? 74% contribuent à des réseaux sociaux, et 93% participent à des sites de contenus générés par l'utilisateur. "Tout le monde participe", constate Jeff Jarvis. Pourquoi participer ? Pour "sentir que l'on fait partie d'une communité pour 31%. La reconnaissance de ses pairs pour 28%". A méditer.

- Plus instructif : comment les internautes en viennent à consulter un contenu ? 45% répondent qu'il leur a été recommandé par un ami.

"Recommandé par un ami", le nouveau vecteur de distribution de l'info ?

Conversation, conversation, conversation...

mercredi 15 août 2007

Les bases de données, nouveau métier du journaliste

Ce n'est pas nouveau, et j'en ai souvent parlé sur ce blog, mais cet article de "Newspapers Next" devrait nous inciter, à l'heure où l'on s'affole pas toujours rationnellement sur l'explosion des nouvelles pratiques, à nous replonger dans les bonnes vieilles recettes. Les bases de données en font partie.

Que sont les bases de données, et en quoi peuvent-elles servir sur un média en ligne ?
Il s'agit de toutes les informations que vous pouvez entrer en base sur un sujet donné et que vous mettez à disposition des lecteurs via un moteur de recherche puissant, ou en les branchant sur une Google Map (pour localiser les données) ou toute autre base de données.
On peut faire beaucoup de choses avec les bases de données, et elles sont toujours génératrices de pages vues. Cela va de la liste des restaurants chinois de la ville, à des données plus exclusives liées à l'actualité par exemple.

Génératrices de pages vues

Newspapers Next cite un certain nombre d'initiatives intéressantes :

Le Data-center du quotidien régional Cincinnati Enquirer par exemple, a généré 40 millions de pages vues depuis son lancement en décembre dernier. Il s'agit d'un catalogue de bases de données locales allant de la liste des crimes par quartier, de celle (assez effrayantes) des déliquants sexuels locaux, en passant par la liste de salaires des employés fédéraux (gros succès). On y trouve même la liste des boîtes de croquettes pour chien rappelées par leurs fabricants...
Ce genre de projets est facilité par le fait que l'on trouve des bases de données sur tout aux Etats-Unis, et qu'il suffit souvent aux médias de se brancher sur les données fournies en ligne par les autorités.
Dans ce registre, le projet "Indy 911" est assez extraordinaire : lancé par le site d'infos locales Indystar.com, il répertorie toutes les alertes d'urgences. De toutes petites infos, qu'on ne traiterait sans doute pas dans le journal, mais qui ont le mérite de répondre à la question : "Pourquoi la sirène a-t-elle sonné dans mon quartier ?"

Utiles et inventives

En France, se brancher sur ce type de bases de données est un peu plus compliqué. Mais rien n'empêche d'être inventif.

A ce propos, une autre initiative, que je trouve particulièrement remarquable : celle du Loudoun Extra, le site hyperlocal du Washington Post, lancé en juillet dernier (je n'en ai pas parlé sur ce blog parce que j'ai manqué de temps, mais ce site est un véritable modèle pour tout quotidien régional ou hebdo local qui voudrait réussir sur le Net). Les journalistes ont référencé toutes les écoles du canton. On y trouve un tas d'infos sur les établissements, des Google Maps, mais aussi, des photos 360 de l'intérieur de l'école. Ce qui permet une visite virtuelle des classes et des équipements sportifs comme si l'on y était. Cela demande un peu de temps, mais le résultat est vraiment cool. Et donc générateur d'audience.

Participatives et interconnectables

Lourdes et éphémères sur le papier, les bases de données sont devenues un vrai métier à prendre en compte dans la constitution des nouveaux médias. Elles sont utiles, souvent hyperlocales (ce qui est un bon angle d'attaque local pour un média national), et sont une garantie d'audience sur le long terme. Mieux, elles se prêtent admirablement à la participation de l'audience : l'appel lancé par Jeff Jarvis aux médias, et relevé par Francis Pisani, peu de jours après la catastrophe de Minneapolis (un pont s'était effondré): "mettez une carte Google sur votre site, ajoutez-y Platial, (...) et invitez vos lecteurs à y indiquer les infrastructures qu’ils jugent dangereuses. Ça vous permettra d’avoir une quantité d’informations que vous n’auriez jamais autrement. Puis, faites votre métier: allez-voir sur place."

Les bases de données peuvent surtout, peuvent être croisées avec d'autres données (photos, cartes, événements, articles...), qui donnent toujours des résultats intéressants.

L'équation est simple : plus on a de bases de données, plus on génère d'audience. Et on peut toujours les ressortir lors d'une actualité chaude pour enrichir un dossier.

Avec un peu d'imagination, et en se disant que l'on peut tout mettre en base de données, vous ne devriez pas manquer d'idées pour inventer les vôtres...

samedi 11 août 2007

City Tools invente le réseau social pour les journaux

Décidément, Internet n'en finit pas de bousculer nos repères. Voici venir un service qui permet aux journaux de se mettre en réseau, de partager des contenus et des petites annonces, et de créer automatiquement des rubriques collaboratives.

"Hub éditorial"

Moyennant un abonnement mensuel (650 dollars, c'est à dire bien moins cher qu'un abonnement à une agence de presse), City Tools offre aux journaux l'accès à un réseau social d'un nouveau genre : chaque éditeur choisit les contenus qu'il met en commun ainsi que ses partenaires éditoriaux. Surtout, il peut créer un service thématique collectif, inviter les autres membres du réseau à y déverser leurs contenus spécialisés. Le réseau peut être fermé (seuls les médias partenaires participent) ou ouvert (tout le monde peut y participer).
C'est une sorte de "hub" éditorial, qui permet aux médias de développer en commun de puissants contenus verticaux et d'aller chercher des marchés de niche.
Par exemple, vous avez besoin de créer un service sur l'économie agricole ou sur les collections de petites voitures, mais vous manquez de contenus. Vos créez le "hub" qui permettra à chacun d'y ajouter ses articles et photos sur ce thème. Tout le monde profitera alors du pot commun.

Le service fonctionne ensuite comme une agence de presse. Chacun se sert et distribue les contenus comme bon lui semble (papier, web, mobile, gratuit, payant...). Pour l'instant, le service ne semble proposer que des textes et photos. Pas encore de vidéos.

Le même système fonctionne avec les petites annonces. Un moyen intéressant, pour les journaux isolés, de créer la masse critique nécessaire pour lutter contre les géants de la petite annonce, sans avoir à vendre leur âme.

Journalisme citoyen local

Mais City Tools va encore plus loin : non content de rassembler les éditeurs, le service s'ouvre également aux internautes, et leur propose de rejoindre la danse. Chaque internaute peut soumettre ses informations. Leur motivation ? Avoir la chance d'être remarqué et publié par les grands journaux participant au réseau social.
Mais pas seulement. Pour éviter que les infos se perdent dans l'océan des news, l'internaute est invité à créer son propre groupe de contributeurs : par localité, par centre d'intérêt (par exemple un groupe consacré au football), ou par association. Le service est, à mon avis, un peu complexe et aride, mais il permet également de publier et partager des infos hyperlocales pratiques.
Ingénieux : l'audience peut créer ses propres listes sur tout et n'importe quoi. Les meilleures films d'action, les quartiers les plus dangereux, les plus beaux acteurs, les meilleurs restaurants dans ma ville... On peut relier les listes entre-elles ou les combiner pour créer des super-listes collectives sur un même sujet. La magie du réseau...
L'idée est passionnante, mais l'interface encore trop floue.

L'alchimie est complexe, mais inventive. Reste à savoir si la magie fonctionnera. Le Washington Post est déjà en train de tester le service.

Un monde poreux

Quel que soit son avenir, ce nouveau concept pose un tas de questions : dans un monde où la "page d'accueil", la force du média descendant, est en train de disparaître au profit de la fragmentation des contenus et de la circulation en réseau d'amis (l'effet Facebook) dans quelle mesure, les médias d'aujourd'hui savent-ils s'ouvrir au réseau ? Comment s'exportent-ils ? Sont-ils capables de se concentrer sur autre chose que leur Une ou leurs rubriques pour créer de nouveaux services sur d'autres plateformes comme MySpace, Netvibes ou Facebook ? Ou, inversement, ouvrir leurs sites à d'autres services ?
Mais comment asseoir son identité éditoriale dans un monde poreux ?

lundi 2 juillet 2007

Demain tous reporters "live" ?

Mes nouvelles fonctions ne me laissent pas beaucoup de temps pour bloguer (merci à tous pour vos messages d'encouragement), mais je ne peux pas m'empêcher de partager avec vous un sujet qui me fascine depuis plusieurs semaines. Un phénomène qui, en lisant ce billet de Jeff Jarvis ce soir, m'a définitivement convaincu qu'il se passe quelque chose sur le Web en ce moment. Un phénomène qui est en train de révolutionner notre façon de voir les choses.

De quoi s'agit-il ? Jeff revient l'étonnante couverture médiatique du lancement de l'I-Phone aux Etats-Unis vendredi dernier. Et qui a été le meilleur sur le coup ? Les médias ? Non... les gens.
Plus fascinant encore, cette incroyable reportage collectif s'est déroulé en direct.

Sur Twitter, évidemment, l'outil de micro-blogging (et donc de reportage) qui permet de dire ce que l'on fait et où l'on est en direct sur le Net depuis son téléphone portable.
Mais surtout en vidéo. Les outils sont encore peu connus en France, mais aux Etats-Unis, les plateformes de video-streaming (comme ustream.tv) se multiplient et sont en train de ringardiser YouTube et DailyMotion.

L'ère des "témoins reporters"

Le plus étonnant d'entre eux : Justin-TV. Sur cette plateforme, des internautes filment leur vie en direct, 24h/24 et 7 jours/7. De la vraie auto-télé-réalité, une caméra sur le front. C'est ainsi que, vendredi, I-Justine, munie d'un ordinateur portable et de sa petite caméra, a filmé en direct l'événement, directement depuis la file d'attente.
Très ingénieux : un écran de chat, positionné à droite de l'écran vidéo live, permet aux internautes de commenter ou d'interagir en direct avec ce qu'ils voient à l'écran...

Plus rapides que la télé, les "témoins-reporters" étaient les premiers sur l'événement. Moins cher. Pas de camion satellite et de grosses caméras. Non. Juste un sac à main avec un portable dedans.




Et Jeff Jarvis d'imaginer l'avenir : avec un GPS et le SMS, on pourra bientôt prévenir ces live-reporters, c'est à dire vous et moi, par sms et leur dire, par exemple, "tiens, vous êtes prêts de l'aéroport de Glasgow, où vient de survenir un attentat, et si vous nous envoyiez des images avec votre téléphone ?"
Imaginez encore, poursuit Jarvis, un mur d'images chez CNN, avec des centaines de vidéos live de gens, filmant la vie partout dans le monde.

L'avenir n'est plus seulement à la vidéo. Il est à la vidéo en direct.
Quand Internet réinvente le live. Quand les gens réinventent le reportage en direct.

Alors que la presse française peine encore à essayer de former ses journalistes à l'écriture web, ou, pire, s'étripe en interne pour savoir s'il faut publier le contenu du journal en ligne, voici que débarque la prochaine révolution du Net : le live.

Un avis ?

samedi 9 juin 2007

Les journalistes doivent-ils devenir programmeurs ?


La question semble incongrue mais les responsables de formations et les éditeurs de presse commencent à se la poser.
Journalism.co.uk évoque le cas de Adrian Holovaty, un développeur devenu responsable éditorial chargé de l'innovation rédactionnelle au Washington Post/Newsweek Interactive et lance le débat: les reporters doivent-ils apprendre à coder en plus de leurs compétences habituelles ?
La Northwestern University, dans l'Illinois, a lancé une formation de journalisme pour les développeurs. Un exemple à suivre pour les écoles de journalisme françaises ?
David Cohn, un jeune reporter de 25 ans, en est persuadé : le journaliste de demain devra apprendre à coder.
Pas d'accord, Dan Gillmor, le père du "citizen journalism", pense surtout que les journalistes devront apprendre à travailler main dans la main avec les équipes de développement.
Enfin, Alfred Hermida, formateur et anciennement journaliste à la BBC, reconnait que tous les journalistes n'ont pas apprendre à programmer, mais que l'industrie des médias a besoin de "geeks", de personnes qui comprennent les nouvelles technologies pour développer les nouvelles formes de journalisme.

Il manque aujourd'hui cruellement de passerelles entre le monde du développement et celui de la presse. Et amener des hackers aux métiers du journalisme est une très bonne chose. La profession s'est toujours nourrie d'éclectismes et de souplesse. Les nouveaux outils de l'info sur le Web restent encore à inventer. Ce sont ces "geeks" là qui, sans doute, aideront à défricher les médias de demain.

Mais l'Internet est d'abord une question d'usage plus que de technologie. Et il le sera de plus en plus. La révolution du Web2.0, qui est d'abord une mutation sociale, en est le meilleur exemple. Bien comprendre les usages, tout l'enjeu est là.

La crise des médias d'aujourd'hui n'est-elle pas d'abord une crise de générations ?

lundi 4 juin 2007

Du mass media au "friends media"


David Sacks, patron de la start-up "Geni" sur Techcrunch (en anglais) :
"A terme, toutes les applications Web 2.0, basées sur le savoir et la sagesse de l'audience pourront être vues comme des applications de Facebook, basées sur la sagesse des amis ou des relations professionnelles."

Facebook est la nouvelle plateforme de réseau social viral où vous partagez vos amis, vos contenus et vos news.
Après les moteurs de recherche, les réseaux sociaux comme Facebook pourraient être les nouvelles plateformes de distribution des contenus. Une circulation basée non plus sur la hiérarchisation du média ou la pertinence, mais sur une viralité portée par le partage et la confiance que l'on porte à son réseau d'amis et de relations professionnelles.
Un nouvel épisode dans la fragmentation des médias ?
Du mass média (papier, TV) au média des masses( web) pour aboutir au "média des amis" ("réseau social") ?

Qu'en pensez-vous ?

(Sources : Susan Mermit's blog et Techcrunch)

David Lynch et le Web 2.0

Interviewé il y a quelques semaines sur "Bad Talk", le génie du cinéma livre son rapport au web.
"L'internet est notre nouvelle maison désormais."


mercredi 30 mai 2007

Le journaliste du futur

A lire sur le blog de Philippe Couve, journaliste à Radio France International et formateur au Centre de formation des journalistes (CJF), une tentative de portrait robot du journaliste de 2009. Synthèse d'une rencontre entre différents responsables éditoriaux web (à laquelle j'ai été gentiment convié).
Il s'agissait surtout, en fait, de définir la perle rare des rédactions en devenir et de réfléchir aux formations à développer pour façonner la nouvelle génération de journalistes.

Je copie-colle ici l'essentiel :

"Le journaliste

- reste un journaliste
-descend de son piédestal
-est aussi un animateur de conversations

-baigne dans la culture numérique
-développe son agilité numérique

-connait les bases de plusieurs médias
-connait les techniques de récit multimédia

-est aussi un animateur de communautés
-peut assumer le rôle d’«éditeur » (mettre en scène des informations produites par d’autres)
-est capable de travailler avec les développeurs informatiques
-se pose la question du cycle de vie de l’information
-a conscience des résistances de son milieu

Et enfin, il :

-est conscient de son environnement économique
-est capable de lire les chiffres de fréquentation
-doit apprendre à cohabiter avec les commerciaux"

Il y a donc du pain sur la planche... En attendant, les rédactions pourront toujours se rabattre sur les blogueurs :)

Le web est en train de transformer le média en une sorte de Hub de contenus et de communautés. Le média de demain sera d'abord un point de rencontre. Ce qui implique donc deux évolutions structurelles de la profession :

1- Le journaliste de 2009 (et d'aujourd'hui...) devra être capable de conduire les conversations, d'animer les communautés réelles et virtuelles, mais aussi mettre en scène et éditer les contenus extérieurs. L'appellation "média participatif" ne doit plus être un déclaratif. Elle devra définir demain le process naturel d'animation et de fabrication de l'information dans tous les médias où les journalistes travailleront aux côtés de l'audience.

2- Sans suivre le mythe du cybereporter, mi-développeur, mi-journaliste, je pense cependant que l'on devrait voir émerger une nouvelle race de journalistes "hub". Des confrères qui auront complètement intégré la dimension d'agrégation, de "Creative Commons" et de "hub" de l'info web. Des journalistes qui seront capables de composer des contenus pur-web, comme cette animation remarquable du NY Times (une animation qui vous permet de calculer s'il vaut mieux acheter ou louer...lire l'article de Jeff sur le sujet), mais aussi de composer des mash-up d'informations, une technologie qui vous permet de créer un contenu inédit en connectant des outils d'autres plateformes comme les cartes de Google Maps, les photos de FlickR ou les bases de données d'un site de news.

(image récupérée sur le site de France Telecom)

dimanche 27 mai 2007

L'info comme expérience


C'est la dernière trouvaille de Rob Curley, web journaliste "geek" passé de la presse régionale au Washington Post (il en est aujourd'hui le Vice President of Product Development pour l'Internet) : "The compass" (le compas).
Je passe sur l'idée de base, assez similaire à ce que nous avions mis en place en février pour Quelcandidat.com : un quizz qui vous permet de vous situer politiquement. Non, ce qui est génial dans l'approche que Rob Curley a eu de ce quizz, c'est qu'il en a fait un jouet social.
Je m'explique. L'idée est partie de la décision de Facebook, un réseau social leader aux Etats-Unis d'ouvrir une API (une interface si vous voulez...) qui permette à tout le monde de développer de nouveaux outils exploitant toute la puissance de Facebook (si vous ne connaissez pas le terme, un réseau social sur Internet est un service qui vous permet de publier votre profil en ligne et de vous faire des relations).

Rob Curley a évidemment immédiatement travaillé sur un prototype pour le Washington Post. Mais en imposant un certain nombre de régles :

- Nous sommes là pour jouer le jeu, mais surtout pas pour permettre aux internautes de placer les derniers titres du Wahington Post sur leur profil Facebook.
- Nous voulions développer quelque chose de "cool" qui donne envie aux autres de faire encore mieux. Car ça ne sera rien face à ce que pourront faire les milliers de hackers collégiens, futurs dieux du web, et qui utilisent Facebook depuis des années.

Rob Curley a tout compris d'Internet, et comment il fallait profiter de sa richesse.

Son nouveau gadget, "The compass", permet aux internautes, en répondant à dix questions de politique générale, de voir vers quel bord politique ils penchent : progressiste, modéré ou conservateur...
Rien de nouveau, certes. Mais ce qui est intéressant, c'est que ce compas est ensuite installé sur le profil Facebook des internautes.
Une jolie façon d'amorcer le buzz. Mais ce n'est pas tout.
Une fois ce "compass" installé sur des milliers de profils, le Washington Post peut s'amuser avec les immenses possibilités du réseau social. Comme dresser une carte de la tendance politique des internautes américains, ou de vos amis sur Facebook, par exemple... Peut-être que les utilisateurs de Facebook n'auront pas les derniers titres du Washington Post sur leur profil facebook, mais les utilisateurs de Facebook qui s'intéressent à la politique auront un outil utile et amusant, et se souviendront que le Washington Post est le site ultime pour s'informer sur la poiltique nationale.



Voilà une idée simple, et qui exploite parfaitement la culture et les caractéristiques du Web.

Je me souviens d'une phrase que m'avait lancé il y a plus de sept ans un enseignant chercheur, qui obligeait ses étudiants en "multimédia" à jouer à des jeux vidéo. "Le jeu vidéo relève du domaine de l'expérience. C'est l'expérience qu'il apporte au joueur qui importe".
L'information sur Internet aussi.
Certains l'ont déjà compris.

dimanche 20 mai 2007

Internet, la "dernière" édition des quotidiens gratuits

La formule est de Pierre-Jean Bozo, président du quotidien gratuit 20 Minutes, interviewé par Stratégies : "la nouvelle version du site 20minutes.fr constitue la neuvième édition du quotidien".

S'ils n'ont pas encore atteint sur Internet le niveau d'audience des grands quotidiens nationaux, les gratuits y travaillent. Conquète qui ne date pas d'hier (lire à ce propos l'interview du fondateur de 20 Minutes il y a un an), mais sans doute accélérée depuis que l'étude d'audience des quotidiens Epiq intégre désormais le Net dans ses calculs : "20 Minutes (deuxième quotidien national en audience), et Metro (cinquième) sont ainsi passés respectivement à la cinquième et à la sixième place du classement, derrière L'Équipe, LeMonde, ­LeFigaro et Le Parisien-Aujourd'hui en France", constate Stratégies.

Cette vision de "dernière édition" du quotidien explicitée par P.J. Bozo est particulièrement intéressante et pousse les rédactions a dépasser la simple publication électronique de leurs contenus papier pour travailler sur des produits spécifiques Web 2.0.
"Une quinzaine de journalistes ont déjà été recrutés par 20 Minutes, tandis que Metro devrait compter une dizaine de personnes d'ici à l'été", calcule Stratégies, qui cite Johan Hufnagel, le rédac chef Web de 20 Minutes : "Les sites d'information sont généralement très bons sur l'actualité chaude. Nous, nous irons encore plus loin en étant " live ", avec des éditions spéciales, voire un fil d'information heure par heure pour suivre une actualité précise".

Métro, de son côté, devrait privilégier l'info locale, "en créant des minisites pour chacune de ses éditions régionales". Il est vrai que la presse gratuite, grâce à ses bureaux régionaux et son approche décomplexée du web, est la mieux placée pour concurrencer directement la presse régionale sur le Net. SI elle jouait un peu plus sur la communauté et les bases de données locales, elle pourrait créer un grand réseau local/national. Et ce d'autant plus facilement que la PQR n'est pas encore prête à investir massivement sur le Online.

mardi 15 mai 2007

Du self média au self marketing

A lire ce post passionnant de Denis Failly sur son blog (via "FrenchWeb.org") L'épistémologue décrypte ce que la révolution "2.0" a changé dans les modes de consommation et d'expression. Ce "2.0", synonyme d'interactivité constructive, d'autoproduction égotique et de communauté dynamique, infecte petit à petit toutes les strates de la société de consommation : média 2.0, créateur 2.0 (Eyeka), marketing 2.0, publicité 2.0, démocratie 2.0 (on l'a vu avec l'élection présidentielle) mais aussi identité 2.0 ("Googling", MySpace et Linked In).
Qu'est-ce qui est donc en train de changer ? Et comment s'adapter ? Que vont devenir les médias , que vont devenir le marketing et la publicité, dans cette prise de pouvoir, que Joël de Rosnay a appelé la révolution du pronétariat ?

Par delà les usages dits Web2.0 se dessinent des postures, des attitudes, des comportements qui irriguent peu à peu le tissu virtuel du Web mais commencent aussi à déborder dans la vie réelle (le “5ème pouvoir”) quand ce n’est pas l’inverse qui se produit (modèle de don et contre don, troc, nouvelles solidarités, proximités et actions locales, avec continuités webosphériques…)


Un "self marketing" est en gestation, constate Denis Failly :

Chacun détient pas sa présence virtuelle, ses actes, ses écrits ses productions diverses (les « Proams » ou amateurs professionnels) la possibilité d’être son propre ambassadeur, acteur de sa propre vie en maitrisant ses discours, ses promesses (mon identité, mes compétences et savoirs faire, mes ressources, mes liens, mes contacts…)

Nous passons d’une logique de marketing de l’individu (« indivisible ») à une logique de marketing de la personne (du latin « Personna » qui correspondait aux multiples masques -rôle ?- des acteurs antiques) .


Une personne aux multiples identités virtuelles et réelles, le défi étant "«d’embrasser » dans toutes sa multi- dimensionnalité ce fameux client" de plus en plus insaisissable.

Aujourd'hui, chacun peut :

"- Créer, promouvoir, son activité, ses contenus, son propre emploi, sa notoriété, son image, sa réputation
- Etre fin, moyen, chaînon de sa propre chaîne de valeur, potentiellement co-partageable
- Créer des savoirs et des concepts dynamiques, innovants intégrant le « complexe » loin des savoirs sédimentés, figés (« morts ») encore trop souvent enseignés dans les formations traditionnelles ou diffusés par des médias conformistes ou auto-répliquant.
- Etre sa propre marque : sa propre promesse, construire sa prise de parole et sa légitimité sur le Net et (...) ailleurs et la livrer aux suggestions, remarques, critiques, jugements de ses pairs ou de cibles élargies."


La vision est aussi effrayante qu'excitante. Comment (re) construire, ou plutôt, (re) définir un média, comme un journal, autour de cette révolution de l'usage ?

- Explosion des frontières du média (et donc du média?) : l'internaute est le centre des nouvelles chaînes de valeurs et systèmes de contenus.
- L'internaute devient sa (ses) propre marque(s)
- L'internaute gère plusieurs identités et réalités (communautés, Second life...).
- Il est "co"-tout (coproducteur, commentateur, communautaire...)

Une analyse à mettre en balance avec celle d'Hubert Guillaud (Internet Actu) qui constate, s'appuyant sur l'étude de Bill Tancer :

"Le talon d’achille du web 2.0 reste et demeure la faible participation des internautes : la “règle des 1 %”, qui prévaut jusqu’à présent dans plusieurs études sur les usages des services du web 2.0, dit que les 2/3 des contenus proviennent seulement d’1% des utilisateurs actifs. Et cette proportion pourrait bien baisser encore un peu à mesure que l’audience des sites participatifs augmente."


Contré par Julien Jacob (Media 2.0, Obiwi) :

"La réalité, c’est que la production de ce « petit » nombre suffit amplement à satisfaire l’audience de ces sites. Sur le contenu du service autant que sur le concept d’un site construit par leurs pairs."

L'erreur serait de faire de ce mécanisme "Web 2.0", participatif, le seul déclaratif de ces nouveaux médias (la règle est la même pour les nouveaux services). Ces derniers doivent l'intégrer, l'exploiter, l'accompagner, mais ne pas oublier de construire leur audience sur des concepts éditoriaux et/ou communautaires forts.

mardi 8 mai 2007

La diffusion mondiale des journaux en hausse de près de 2%


L'objectif de cette étude de l'Association mondiale des journaux (WAN) est de démontrer la bonne santé de ses adhérents. C'est réussi. La presse écrite se porte bien, affirme le rapport "WAN capital market 2007". La diffusion des journaux payants a augmenté de 1,9% dans le monde. En Europe, cependant, cette progression est beaucoup plus limitée : 0,7%. Tandis qu'aux Etats-Unis, la baisse continue : -1,97%.

Le nombre de titre payants a également augmenté de 3,1%. (+5,6% en Europe).

Les journaux du dimanche ont, eux, connu une baisse de 3,4% l'an passé, mais une progression de 15,7% en cinq ans.

De leur côté, les journaux gratuits voient leur diffusion doubler de volume. 40,8 millions d'exemplaires sont désormais distribués dans le monde. L'Europe en tête avec 66% du marché, contre 15% pour les Etats-Unis et 16% pour l'Asie.

Dans les 18 derniers mois, la presse papier a investi 600 milliards de dollars dans de nouveaux équipements d'impression et de production.

Publicité :

- Les journaux représentent aujourd'hui 29,4% du marché publicitaire mondial, contre 37,7% pour la télévision, 12,9% pour les magazines, 8,3% pour la radio, 5,9% pour l'affichage et 5,7% pour l'Internet (en France, la part de marché d'Internet dépasse les 10%). Ce qui fait 42,3% de part de marché pour le papier.
- Les revenus publicitaires des journaux ont augmenté de 4% en un an (3,04% en Europe) et de 15,6% en cinq ans (11,1%). Ces revenus pourraient progresser de 17% d'ici 2010, prophétise l'étude (14,2% en Europe).
Les revenus publicitaires globaux devraient, eux, augmenter de 6,2%. Internet devrait récupérer 20,4% de cette hausse, contre 18,2% pour les journaux et 39,6% pour la télévision.


L'âge des lecteurs :
- 15-34 ans : 31,5% (32,6% en 2002)
- 35-54 ans : 34,5% (34,9%)
- 54 et plus : 34,1% (32,4%)

Sur Internet :

- 44% du temps passé par les utilisateurs sur Internet sont consacrés aux contenus, 33% pour communiquer (messageries mail et instantanées), 5% pour les moteurs de recherche.

- Internet permet d'augmenter l'audience des journaux. Le NY TImes a ainsi augmenté son audience de 12%. 7% pour le Washington Post.

(Télécharger l'étude en Pdf)


Mise à jour : les chiffres de la presse française tombés le 24 mai 2007 sont beaucoup moins rassurants, comme le précise cette dépêche AFP :

"Les ventes de la presse payante française ont reculé de 2,26% en 2006 par rapport à 2005, avec plus de 4,5 milliards d'exemplaires vendus, selon les chiffres rendus publics jeudi lors du 17e Observatoire de la presse, organisé par l'OJD.
Au sein de la presse grand public, les magazines représentent 44,5% des ventes réalisées en France, la presse quotidienne régionale et départementale 36,6%, la presse quotidienne nationale 12%, la presse quotidienne du septième jour (journaux paraissant le dimanche, ndlr) 4,94% et la presse hebdomadaire régionale 1,90%.
La presse quotidienne poursuit son recul, avec une baisse de 1,49%, après un déclin de 1,60% en 2005.
Au palmarès des quotidiens, Ouest France reste en tête avec 761.065 exemplaires vendus chaque jour en moyenne, suivi par l'édition générale de l'Equipe (groupe Amaury, 350.528 exemplaires), le quotidien régional le Parisien (groupe Amaury, 336.337 exemplaires), le Figaro (322.497 ex.) et le Monde (312.265 ex.).
La presse quotidienne nationale baisse de 1,30%, la presse quotidienne régionale et départementale de 1,55%, la presse quotidienne du 7e jour de 0,41% et la presse hebdomadaire régionale de 0,93%.
De son côté, la presse magazine enregistre un recul de 2,90%."
(Source : AFP)

dimanche 6 mai 2007

Ce soir 18h : leur révolution de l'info ?

C'est l'histoire d'une bande de journalistes qui a décidé de réinventer le métier dans un garage (une cuisine, plus précisément)...
Le média participatif des anciens de Libé ouvrira sa version béta ce soir à 18h, pour la soirée électorale. Une belle aventure, quoi qu'il arrive. On ne leur souhaite que du bonheur.

mercredi 25 avril 2007

"Connecter contenus et conversations"

C'est le conseil donné aux médias en ligne par Rich Gordon, professeur à la Northwestern University, cité sur le blog de Francis Pisani.

"Bâtissez des réseaux, pas des destinations", écrit l'universitaire, fustigeant la stratégie des médias réduisant l'Internet comme une nouvelle plateforme pour distribuer leurs contenus.

- Laissez les internautes sortir : faites des liens vers l'extérieur, beaucoup de liens. Mieux vaut être utile à l'internaute (il reviendra) qu'avoir peur de le laisser partir.


- Faites de liens, surtout vers les blogs. D'abord, parce que c'est utile au lecteur. Mais aussi parce que ça incite le blogueur à vous retourner la politesse...

- Multipliez les liens, à l'intérieur de votre site. C'est toujours autant de pages vues en plus, et c'est plus agréable pour le lecteur.

- Ouvrez vos archives. N'ayez pas peur ! La plupart des sites de journaux les conservent jalousement, généralement en les rendant payantes, ce qui ne leur rapporte rien du tout. Ouvrir les archives, c'est deverser des flots de contenus dans les moteurs de recherche, mais c'est aussi enrichir la navigation sur le site. Et un bon moyen d'augmenter le trafic assez rapidement.

- Utilisez les technologies web intelligemment. N'oubliez pas que la plupart des visiteurs arrivent directement sur vos articles par les moteurs de recherche. Ne laissez pas vos articles tous seuls. Suggérez d'autres contenus. Gordon cite l'exemple de News.com qui capte la requête Google par laquelle l'internaute est arrivé, et lui propose d'autres contenus correspondant à cette requête. Très ingénieux.

- Développez la conversation autour des contenus. Les sites ouverts à la conversation généralement voient leur audience grimper ainsi que le temps passé par visite.

- Distribuez votre contenu largement.

- Collaborez avec des portails comme Yahoo! Et exploitez leurs outils pour vos contenus (Flickr, Del.icio.us, Yahoo! 360, Yahoo! Groups, Upcoming and MyBlogLog).

- Créez votre propre réseau social.

- Encouragez les internautes à envoyer vos contenus vers sites de "ranking" comme Digg. Un bon moyen de booster le trafic.

- Facilitez l'accès à vos contenus en multipliant les raccourcis. Flux RSS, widgets , lecteurs exportables. Votre stratégie doit être de limiter au mawimum le nombre de clics nécessaires pour accéder à vos contenus.

Un tel site “attirerait les usages de beaucoup de sites, retiendrait certains d’entre eux pour un temps en leur offrant des liens contextuels, les dirigerait vers du matériel de valeur situé ailleurs et capitaliserait les conversations qui ont lieu sur le web qu’il s’agisse des blogs, des forums ou des commentaires mis en ligne par les usagers”., résume Francis Pisani.


En conclusion : soyez diffuseurs, mais aussi connecteurs. En organisant aussi, par exemple, les conversations autour de contenus venus d'ailleurs. Une attitude très naturelle chez les blogueurs, mais qui l'est beaucoup moins en presse traditionnelle.

"The best stuff in the world"


Juste pour l'inspiration.. et la respiration : les "Webby Awards" récompensent les meilleurs sites Internet de l'année, dans plusieurs catégories.

Beaucoup de choses à picorer : des audaces, des coups de génie et de beaux designs...

J'ai retenu un site tout simple, mais génial : "The best stuff in the world". C'est sobre et coloré. Un champ de formulaire libre : vous y entrez ce qui, selon vous, est "le meilleur truc dans le monde". Une sorte de Google à l'envers.


A voir également, "We feel fine" pour la créativité, le site du "New Yorker" et son design audacieux pour un journal, Mediastorm, magnifique plateforme de reportages vidéo, ou encore "Threadless", un site de conception et de vente de t-shirt collaboratif...

lundi 23 avril 2007

A lire dans Libération : la révolution internet au "Dauphiné Libéré"


Le quotidien national consacre une page entière aujourd'hui au "Dauphiné Libéré" (Grenoble, France). Le reportage explique comment "le quotidien régional se modernise et investit dans les médias participatifs", comme Quelcandidat.com et le blog de la Murette (voir également le reportage au 13h de TF1 sur le sujet).

"Au Dauphiné libéré, il y a désormais un avant et un après QuelCandidat.com. Le pied dans Second Life symbolise la cerise sur le gâteau qui fera dire que le « Daubé » fut le premier média français à s’y frotter. Le site représente, lui, le passage de la vitrine poussiéreuse à la formule 1 du web 2.0."
(...)
"Imposer une rénovation numérique au Dauphiné, citadelle de papier, n’a sans doute pas été une partie de plaisir. Il a fallu aller vite, Benoît Raphaël voulait profiter de la présidentielle. QuelCandidat.com ressort du média participatif, bien dans le vent, qui permet aux internautes « de s’exprimer, d’envoyer leurs informations, de donner leur avis aux côtés des articles des journalistes »."
(...)
"A une semaine du premier tour, le site âgé de deux mois comptabilisait 35 000 visites par jour, onze millions de pages vues par mois, avec des internautes de toute la France.
« Une surprise. C’est même devenu une marque nationale », constate Patrick Peltier (rédacteur en chef chargé des développements).


(Lire les articles sur le site de Liberation.fr)

vendredi 20 avril 2007

L'élection présidentielle sur Internet , vue du Québec


Ma consoeur de Radio Canada (la télévision-radio du Québec), Sophie-Hélène Leboeuf, a eu la gentillesse de m'interviewer pour un grand dossier publié sur leur site internet et consacré au traitement de l'élection présidentielle.
Je vous invite d'ailleurs à le lire. C'est un tour d'horizon très complet de cette révolution que la campagne a apporté dans le paysage médiatique français :

"Si au Québec, il y a quelques semaines, la campagne sur le web a fait ses premiers pas, dans l'Hexagone, où le nombre d'internautes atteint 27 millions, la deuxième génération du web est à l'honneur, et le virage du triple w est engagé à la vitesse grand V"


Quelcandidat.com (1,3 millions de visiteurs uniques depuis le 12 février) figure parmi les sites incontournables cités dans le dossier :

"AgoraVox (...) parce qu'il « offre une bonne synthèse des billets publiés sur la campagne présidentielle »; le vlogue de Nicolas Voisin Politic'Show, autre bon exemple de journalisme citoyen; la télé sur le web LaTéléLibre.fr; Quelcandidat.com, une section spéciale du quotidien Le Dauphiné libéré (voir plus bas) pour son interactivité; le blogue de Netpolitique; et enfin, le blogue du journaliste de 20 minutes Guy Birenbaum, pour ses éditoriaux."


Vous pouvez également consulter leur liste d'hyperliens sur la campagne ici.

mardi 17 avril 2007

Le quotidien régional "Le Télégramme" lance son premier journal télévisé


L'opération est exemplaire et enthousiasmante : un journal local qui décide d'installer une équipe télé au sein de sa rédaction. Le Télégramme a lancé tout à l'heure son journal télévisé du soir. Une première en France pour la presse quotidienne régionale.
La présentation est classique, elle alterne vidéos, infographies et photos de la rédaction, et brosse en 5mn l'actualité de la région. Le JTWeb est diffusé du lundi au vendredi à partir de 17h.

Le quotidien breton revient sur la genèse de l'opération :

"Il y a quelques semaines encore, Gwenaëlle Fleur, Carole Crayou, Marine Le Clech et Philippe Priser étaient quatre jeunes journalistes « normaux », selon les critères habituels d’un quotidien régional. L’une au supplément culturel du mercredi (Sorties), l’autre au service des informations régionales, la troisième aux infos générales et Philippe aux Sports. Lorsque l’idée a surgi « et si on faisait un journal vidéo sur internet ? », ils ont levé la main avec quelques autres volontaires. Et, six semaines plus tard, après une formation accélérée, les voici propulsés sous les projecteurs, face à l’œil noir de la caméra."


"Nous avons choisi de franchir la frontière", explique le rédacteur en chef "papier" du Télégramme, présentant le JTWeb comme "la 19ème édition du quotidien régional".

L'exemplarité est là : un journal télé intégré dans la rédaction (les studios ont été aménagés au coeur de la rédaction papier), animé par des journalistes issus du journal, et tirant partie de la force éditoriale et du réseau du quotidien.

mercredi 11 avril 2007

Le Washington Post fait mieux que la télé

Un quotidien papier qui se lance dans la vidéo haute-définition ? Avec ses HD podcast, le Washington Post prend quelques mois d'avance sur la concurrence, télé comprise.
Le journal américain propose en téléchargement des reportages vidéo filmés en haute définition, que l'utilisateur pourra visionner sur son écran plasma ou sur l'ordinateur. Il s'agit d'une série de reportages vidéo créés par l'équipe multimédia du Post. Le téléchargement est un peu long (200Mo), mais quelle qualité !
"La haute définition est le futur de la vidéo", prophétise Tom Kennedy, responsable éditorial. "Nous avons bougé au delà des standards d'aujourd'hui pour proposer aux utilisateurs un standard plus élevé." Parole d'ex média papier...
La HD est l'avenir de la vidéo, dit-il. Et la vidéo est l'avenir de la presse écrite sur le Net. Journaux, faites de la télé, faites de la petite et de la très bonne télé sur le Web !

Le Washington Post a tout compris dans la démarche : passer à l'étape suivante, plutôt que de ramer avec les autres.

(Source : Journalism.co.uk)

jeudi 5 avril 2007

L'appel des médias et des blogueurs pour un débat avant le premier tour

Blogueurs, médias citoyens et médias traditionnels, dont Le Dauphiné Libéré/Quelcandidat.com (lire mon post d'hier sur le sujet), se sont entendus aujourd'hui pour proposer l'organisation d'un débat sur Internet avant le premier tour de l'élection présidentielle.


Voici le communiqué commun :


Appel pour un débat avant le premier tour de l'élection présidentielle

A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, un fort intérêt pour la politique se mêle à une terrible impression de confusion, une très grande majorité des Français souhaite un débat du premier tour entre les principaux candidats.

Nous, blogueurs et médias en ligne, réaffirmons notre volonté qu’un tel Grand Débat voit le jour. Le Web permettrait une interaction entre les candidats à la présidentielle et les internautes qu’aucun média ne peut actuellement proposer.

A ce jour, les différentes difficultés techniques et organisationnelles ont été levées :

- plusieurs opérateurs nous ont confirmé leur disponibilité pour assurer la diffusion en direct sur Internet
- plusieurs équipes sont disponibles pour filmer l’événement
- plusieurs blogueurs et podcasteurs sont intéressés pour participer à l’émission
- plusieurs médias en ligne déploient leurs efforts pour concrétiser cette émission

Les diverses solutions techniques ayant été trouvées, nous appelons aujourd’hui les candidats à participer à ce débat.


Parmi les premiers signataires de cet appel :

Parmi les premiers signataires de cet appel :

- des médias citoyens : AgoraVox , La Tele Libre

- des médias : 20 Minutes , Dauphiné Libéré (Quelcandidat.com) , Marianne2007.info.
- des premiers blogeurs : (Thierry Crouzet , Christophe Carignano , Mémoire Vive , Nicolas Voisin ) et des associations (Humains Associés))


Pour signer cette pétition cliquez ici .

Dans le top 50...

Si on m'avait dit, à l'époque du vrai Top 50 de Marc Toesca (souvenez-vous : "salut les p'tits clous"...) que je rentrerai au Top 50...

20 Minutes relance le concept, mais pour les blogueurs. Et j'ai appris que "Demain tous journalistes?" avait été sélectionné parmi les 50 blogs français "les plus intéressants du moment". Plutôt flatteur.
N'hésitez pas à parcourir leur liste, il y a quelques perles à découvrir.

Par ailleurs, ma consoeur Catherine Nivez a eu la gentillesse de me citer dans sa dernière revue de blogs sur Europe 1, mercredi matin (à écouter ici).
Libé l'a fait également la semaine dernière, dans un reportage sur les médias participatifs assez complet.
Autre dossier sur le journalisme citoyen, bien documenté, celui de Café Babel (un média participatif européen diffusé en plusieurs langues), qui m'a également interviewé sur le sujet.

C'était le post autopromo du trimestre. Après, promis, j'arrête...

mercredi 4 avril 2007

Le débat présidentiel aura-t-il lieu sur Internet ?

François Bayrou a levé le lièvre hier, en mettant au défi les candidats à la présidentielle française de participer à un débat avant le premier tour.
Puisqu'il semble difficile de l'organiser à la télévision, pourquoi ne pas l'organiser sur Internet ?



Depuis, de nombreux sites et blogueurs se sont portés candidats, comme Agoravox ou le Nouvel Observateur.

Mais plutôt que de chercher l'exclusivité, pourquoi ne pas unir ses forces et lancer une opération commune et pluraliste ?

C'est en tout cas ce que proposent certains médias en ligne comme Marianne-en-ligne.fr et 20minutes.fr, et auxquels le site politique du Dauphiné Libéré, Quelcandidat.com, s'est évidemment associé.

Si le défi était relevé, ce serait une première dans l'histoire des médias.

mardi 3 avril 2007

News at Seven : le journal TV généré par ordinateur

Imaginez un "JT" qui ne soit pas fait par la main de l'homme. Dont le montage, les images, le présentateur soit généré automatiquement par un ordinateur. C'est le projet étonnant de l'Intelligent Information Laboratory à la Northwestern University. News at Seven diffuse chaque jour sur le Net un journal télévisé centré autour d'un sujet d'actualité. L'ordinateur combine les infos glanées sur le Net autour des sujets sujets les plus populaires, compile les opinions et les images vidéo.
Une présentatrice virtuelle lit les textes automatiquement et les images sont diffusées en fond, derrière elle.
Après la revue de presse algorithmique de Google News, voici le JT centré automatiquement sur l'utilisateur, qui lui diffuse les news qui l'intéressent, sans mise en scène journalistique. "Parce que tout est automatique, il n'y a aucune limite. Le contenu et la présentation sont complètement customisables. Les utilisateurs peuvent exprimer leurs souhaits et se voir offrir un JT taillé sur mesure..."
L'équipe télé est virtuelle, les journalistes aussi, tout comme le studio...



A l'inverse, le show Rocketboom parie, lui, sur l'éditorial et la personnalité de la présentatrice... humaine. Enorme succès.

lundi 2 avril 2007

Jean-Pierre Pernaut s'ouvre au Web2.0 local


La vague du média participatif vient de toucher l'immuable journal de 13h sur la chaîne française TF1. Son présentateur vedette, Jean-Pierre Pernaut, a annoncé aujourd'hui le lancement de "Devenez reporter de votre vie", menée à partir de la plateforme collaborative "WAT". Un service lancé par TF1 l'été dernier sur le modèle de YouTube et MySpace (600.000 visiteurs uniques par mois).
Les internautes sont invités à envoyer leurs films sur la vie de leur village, sur leurs traditions, sur leurs recettes de cuisine ou sur leurs fêtes locales. Les meilleures vidéos seront diffusées sur le site du 13h de TF1, et même au journal de 13h.

Une façon de prouver qu'avec Internet, le média national peut aussi devenir média local. Et faire "concurrence" aux quotidiens régionaux sur leur créneau : la locale miroir.

samedi 31 mars 2007

Pierre Haski, Pascal Riché, et Laurent Mauriac dévoilent leur futur média participatif


J'ai profité d'un passage à Paris ce vendredi pour aller rendre visite à Pierre Haski, Pascal Riché, et Laurent Mauriac. Avec une poignée de confrères, les trois journalistes de Libération quittent le grand quotidien français pour se lancer dans l'aventure passionnante du média participatif : un site internet d'actualités co-écrit par les internautes, un réseau d'experts et une quinzaine de journalistes.

Prévu pour l'automne prochain, Rue89 est aujourd'hui en pleine phase de tests.
En attendant de vrais bureaux, l'affaire se monte dans la cuisine de Pierre Haski. Ambiance "back to the roots", comme aux premiers temps de Libé.
Ordinateurs portables posés en vrac sur la table en bois, au milieu des papiers et des caméras. Ici, on refait le journalisme.

Rencontre en vidéo :





(Vous pouvez suivre le making off de "Rue89" sur le blog du projet)

mardi 27 mars 2007

85% des rédacteurs en chef sont optimistes sur l'avenir de leur journal

C'est le résultat étonnant d'une enquête présentée aujourd'hui par le World Editors Forum, Reuters et Zogby, et réalisée auprès de 435 cadres dirigeants de la presse écrite dans le monde.
Selon ce premier "baromètre de la rédaction", les rédacteurs en chef ont donc plutôt confiance en l'avenir de leur titre. Même parmi les journaux qui ont vu leur diffusion diminuer au cours des cinq dernières années, 80 pour cent des journaux sondés restent optimistes."
Et même si 35% seulement "estiment que le journal imprimé conservera sa suprématie".

"51% sont convaincus que la qualité du journalisme va s'améliorer." 3/4 d'entre eux pensent que le renforcement de l'interactivité entre lecteurs et médias va dans le sens de cette amélioration.
Les 2/3 pensent "que les pages d'opinions et d'analyses prendront de l'importance", ce qui va dans le sens du web et de la conversation.
A ce propos "huit journaux sur dix considèrent le Web et les nouveaux médias comme un complément souhaitable au journal."
"40 pour cent des rédacteurs en chef pensent que le Web deviendra le moyen le plus courant pour s¹informer d'ici dix ans ." Un sur dix pensent qu'il s'agira plutôt du téléphone portable, et 7% citent le e-paper (le papier électronique).

Sur la gratuité : "les journaux interrogés sont divisés presque équitablement entre ceux qui pensent que la plupart des informations, tant imprimées qu'en ligne, seront
gratuites dans l¹avenir et les autres."

La conviction est là, reste la mise en oeuvre. Pas simple. Bonne nouvelle : les rédacteurs en chef "réalisent que le contenu est plus important que jamais et que la diminution des ressources éditoriales n'est pas du tout une solution efficace", constate Bertrand Pecquerie, directeur de World Editors Forum. "Le remodelage de l'information se fera avec les journalistes, plutôt qu'à leurs dépends."

Il faut donc former, c'est désormais une priorité des cadres dirigeants de la presse. Mais aussi recruter de nouveaux journalistes et les mettre au coeur de ces nouveaux moteurs d'information. Il ne faut plus voir Internet comme une machine à distribuer l'information du journal, mais comme une plateforme nouvelle, intégrant le papier, mais avec des modes de fonctionnement éditoriaux spécifiques.
"La grande majorité des rédacteurs en chef estime que le rôle des journalistes est de "converser" avec les lecteurs plutôt que de leur "donner des leçons"", complète Monique Villa, directrice générale de Reuters Media. On est au-delà de la conversation, je pense : converser avec l'internaute mais aussi éditer et valoriser ses contributions à l'information.

Cette étude est publiée dans le dernier numéro de l'étude annuelle "Trends in Newsrooms",qui vient de paraître.