mardi 18 avril 2006

Citizen journalism : Dan Gillmor's Bayosphere devient Backfence

Dan Gillmor se retirant du projet (lire mon précédent post sur le sujet ici), on s'inquiétait de l'avenir de l'expérience "Bayosphere". On y voyait même un mauvais présage pour l'évolution du "citizen journalism", terme très en vogue pour désigner la participation des "citoyens" à la production de l'information.
Pour rappel, "Bayosphere" (on peut toujours accéder à l'ancien site ici) était le site hyperlocal rédigé par et pour la communauté de la baie de San Francisco. C'était également l'une des pierres de construction du grand dessein du "pape" du citizen journalism, Dan Gillmor (l'auteur de "We the media"). Mais en janvier dernier, Gillmor tirait un bilan plutôt négatif de son expérience. Annonçant sa volonté d'abandonner l'aventure (lire à ce propos le billet de Francis Pisani du 25 janvier, ici), il évoquait les difficultés qu'il avait à bâtir un modèle industriel et économique autour de son projet.
Dan Gillmor, qui a décidé de se consacrer à la création de son "center for citizen media" (une association à but non lucratif dont le but est d'aider et de former les citoyens aux pratiques journalistiques) a donc finalement cédé "Bayosphere" à la société "Backfence.com". Dans son blog (ici), qu'il continuera de publier sur le site de Backfence, Gillmor se réjouit de cette transition, tirant les leçons de son "échec" : Nous avons été plus "global" que "local", explique-t-il en substance, les internautes passant plus de temps à parler de l'Irak qu'à échanger des infos locales utiles à la communauté.
Backfence, qui possède déjà plusieurs sites du même genre dans la région de Washington DC, devrait donc combler cette lacune. La société est justement "pionnière" dans l'information hyperlocale, explique Gillmor. Le rachat de Bayosphere, qui va être relooké et réorganisé selon le modèle "Backfence" (voir ici), est donc plutôt une bonne nouvelle pour l'avenir du citizen journalism local, preuve que l'on peut bâtir des modèles économiques autour de ce type d'expérience à condition de rester local, justement... et utile.
Et en jetant un coup d'oeil aux sites de Backfence, on se dit en effet qu'il y a sans doute quelque chose à faire dans le domaine: "infos" hyperlocales, partages de photos, trucs et astuces, coups de pouce, petites annonces, pages jaunes commentées par les internautes (ce restaurant est pas mal, mais leur plat du jour est à éviter etc.)...
Les sites sont vivants, mais les infos partagées tournent plus autour de la conversation et de l'info pratique (échanges d'idées, de bonnes adresses, ventes de particulier à particulier) que des news proprement dites. Je n'ai pas trouvé de rubrique faits divers, par exemple, à part un article de quelques lignes sur le site d'Arlington où un citoyen se demande ce que font les policers stationnés sur la route 66, "does everybody knows ?", ce à quoi un autre citoyen répond qu'il les a vus lui aussi...). Et la rubrique "politique locale" est restée désespérement vide.

Je finalement trouve plus convaincantes les expériences d'infos hyperlocales ouvertes à la conversation, mais construites sur un squelette de news émanant des journalistes professionnels, associées à celles des habitants de la commune (c'est le postulat de Wicked local, par exemple).
Je ne vois pas l'intérêt du "tout citoyen" (comme du "tout journaliste", d'ailleurs). Journaliste ou citoyen, peu importe : l'essentiel est que l'info soit diffusée et qu'elle soit utile. L'important, c'est finalement la qualité et la quantité d'informations que l'on sert à la communauté. Tout le reste n'est qu'idéologie.

(Sources: Editors Weblog, "Backfence Bay Area")

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