"Les médias ont du mal à gagner de l'argent avec Internet. La publicité sur Internet, même si elle augmente, n'a pas atteint le niveau de revenus auquel la presse écrite est habituée. De plus (sauf quelques cas isolés) les journaux ont généralement du mal à faire payer leur contenu sur Internet."John Bruke s'interroge sur ce qui peut pousser un consommateur à payer pour une info.
"Les gens n'ont pas envie de payer une info relayée par tous les médias et qu'ils peuvent lire d'un seul clic de souris. Cependant, les journaux produisent également des contenus originaux qu'ils pourraient monétiser sur le Net" comme des billets d'analystes renommés ou l'info locale (lire à ce propos mon post sur la déconstruction de la presse).Encore faut-il que ces analyses ou cette info locale ne soient pas déjà données gratuitement sur Internet. La professionnalisation grimpante des blogs fragilise cette théorie et risque de réduire ce contenu "original" à une peau de chagrin. Et donc les revenus, déjà pauvres, de la presse payante en ligne.
"Il est vrai qu'Internet fait exploser le modèle d'abonnement traditionnel dans le sens où le lecteur n'a plus envie de payer pour l'ensemble du contenu. Mais cela signifie de nouvelles opportunités pour les journaux", poursuit John Burke. "Ils doivent expérimenter, ne faire payer que certaines sections, ou certains éditorialistes, ou même juste certains articles. Les lecteurs les remercieront de ne les faire payer que ce pour quoi ils veulent bien payer".
Le même John Bruke évoque dans un autre post (ici) le "problème" posé par le site Digg.com, un agrégateur d'infos postées gratuitement par des internautes (et hiérarchisées par eux). Et il se pose la question, non sans humour : si les lecteurs deviennent les éditeurs, qui va payer pour le journalisme ?
On aura toujours besoin des journalistes, il y aura donc toujours des gens pour les payer. Reste cependant à s'entendre sur le business model.
Finalement, il n'y a que la presse traditionnelle pour se torturer l'esprit sur la question de la vente du contenu. Un vieux réflexe de vendeur de papier.
Les entreprises issues du Net, comme Yahoo, ont pris le problème à l'envers : j'ai des services à vendre sur mon site, je l'enrichis avec des infos gratuites pour le rendre plus attractif. Ou alors, je donne une info gratuite et je propose un service payant derrière, lié à cette news.
Il y a effectivement encore un business model de l'info en ligne à inventer.
2 commentaires:
"Encore faut-il que ces analyses ou cette info locale ne soient pas déjà données gratuitement sur Internet. La professionnalisation grimpante des blogs fragilise cette théorie et risque de réduire ce contenu "original" à une peau de chagrin."
Pas si sûr. D'abord parce que des contenus originaux, il n'y en a pas qu'un. Et que les blogs peuvent être aussi contrebalancés par d'autres opinions, d'autres informations.
Ensuite parce que rien ne dit que des modèles économiques ne vont pas s'imposer, au contraire. On peut tout à fait imaginer des vidéocasts introduits par des écrans publicitaires ou des podcasts les intégrants. On peut tout à fait imaginer des dossiers ou des archives vendues à l'unité... Et ce, dans les 2 camps.
Des business models sont possibles, nombreux. Reste de pouvoir mesurer leur échelle : ils auront du mal à remplacer, à même niveau, celui du papier. C'est le processus industriel qui me semble pouvoir être remis partiellement en cause (partiellement, car les 2 supports peuvent cohabiter également pour des publics différents ou complémentaires).
Oui, vous avez raison, les blogs ne sont pas fondamentalement une menace pour la presse. Sauf si cette dernière se braque. Les blogs poussent les médias traditionnels à se remettre en cause et à s'adapter. Je crois plus, d'ailleurs, à des modèles de convergence entre blogeurs et médias traditionnels (qui existent déjà) qu'à une concurrence (ils suffit de voir le projet Wikio de Chappaz, ou les blogueurs professionnalisés par les sites d'infos).
Je suis plus réservé par contre sur les modèles économiques. Bien sûr, ils existent. Mais je ne les trouve pas à la hauteur du phénomène Internet. Je pense qu'il y a de nouveaux modèles à inventer à travers de nouveaux outils liés à l'information. Sinon, nous serons toujours confronté à ce problème : l'info que je veux vendre a-t-elle déjà été publiée ailleurs ? Un vrai casse-tête, toute info pouvant être publiée gratuitement, chacun ayant son propre modèle économique.
Nous devons donc aussi travailler sur le concept d'outil : mode de publication de l'info, mode d'emploi de l'info, mode d'accès à l'info. Des tas de sociétés sont en train de s'y mettre (mais je ne vois pas beaucoup de médias traditionnels s'y impliquer)...
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