Juste avant de reprendre l'avion, quelques idées force en vrac, retenues tout au long du Congrès mondial des journaux et du World Editors forum qui viennent de s'achever à Moscou. Faites votre marché...
1- La tendance générale : il y a unanimité pour faire d'Internet le coeur de la stratégie de développement des journaux. Très en vogue également : la prise en compte du citizen journalism (participation des lecteurs à la production de l'information) et l'intégration des rédactions Web et "papier" dans un seul staff multi-média.
2- Pas d'idéologie, il faut garder l'esprit "pratique" façon Google : ne pas raisonner "Internet", "papier", "payant" ou "gratuit", mais aller chercher le lecteur là où il se trouve et lui apporter ce dont il a besoin, ce qui nécessitera sans doute de combiner gratuit, payant, web et print en fonction de l'usage.
3- Il faut être là quand le lecteur a besoin de nous. Et "être omniprésent tout au long du cycle de consommation du lecteur" (notamment en ligne).
4- Internet peut aider à augmenter l'audience d'un journal écrit s'il cible le bon lectorat (plutôt jeune et local) et s'il est capable d'organiser la conversation.
5- L'avenir est aux producteurs de contenu et aux portails internet agrégeant plusieurs producteurs de contenu. Les journaux doivent s'occuper de leur communauté.
6- Les quotidiens payants doivent se lancer dans les gratuits. Mais en ciblant clairement leur lectorat et en évitant de faire un "journal au rabais".
7- Une solution : un quotidien hyperlocal gratuit à lancer sur une commune de taille moyenne et associé à un site internet centré autour de la communauté. C'est aux quotidiens régionaux d'organiser cette production parce qu'ils sont les seuls à pouvoir les financer, les coûts étant marginaux pour eux.
8- Les petites annonces sont le coeur du modèle économique des journaux : il faut donc investir un maximum sur la stratégie dans ce domaine, et placer les meilleurs éléments à ces postes clefs. Ceux qui l'ont fait ont augmenté leur chiffre d'affaires, même sur le print.
9- "Le "print" a de l'avenir. Non seulement les journaux ne sont pas morts, mais ils peuvent encore renforcer leur diffusion. Une solution : augmenter l'audience et la portée de la marque en investissant sur les marchés segmentés, c'est à dire en allant chercher de nouvelles cibles de lectorat, comme par exemple les adolescents ou les minorités culturelles et leur proposer des publications (print et/ou web) spécifiques.
10- "Nous avons en plus une seconde chance avec Internet ! Le marché local en ligne est libre, la presse quotidienne peut s'en emparer." (Eugen Russ, patron du quotidien autrichien "Vorarlberger Nachrichten")
11- Il ne faut pas avoir peur de se réinventer, d'expérimenter sans cesse et essayer de savoir régulièrement ce que veulent les lecteurs.
12- Il faut se concentrer sur le contenu, pas la technologie.
13- Web/ Print : il y a peut-être aussi des solutions intermédiaires, comme une lecture adaptée sur le papier électronique. Peut-être. L'essentiel, encore une fois, est de faire tomber ce type de barrières pour répondre aux besoins réels des lecteurs.
14- Pas seulement augmenter la diffusion papier, mais augmenter l'audience globale. Cela peut passer par la création d'un journal gratuit, ou par celle de médias papier ou online spécifiques aux communautés culturelles.
15- Il y a bien deux cultures différentes, celle du papier (unidirectionnelle) et celle du Net (bidirectionnelle). Il faut embrasser la culture du Net et éviter le copier-coller. Il ne s'agit donc pas de vendre le journal en ligne. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir de couche payante.
16- Il faut aider le lecteur : sur le Net, il faut raisonner comme un portail plutôt que comme un diffuseur unique de contenu. Il faut donc offrir un maximum d'informations au lecteur, en multipliant par exemple les liens vers des articles d'autres médias à la fin de chaque news (Esten Saether, du quotidien norvégien Dagbladet).
17- Il ne faut pas raisonner en terme de "revenus", mais en "marge". Le CA du pionner de l'Internet Yahoo est 43% moins important que celui de Gannett l'un des groupes de presse les plus rentables, mais le pionnier de l'Internet gagne beaucoup plus d'argent (1,9 milliards de dollars contre 1,2 milliards) ! Sa marge bénéficiaire est de 36% contre 16% pour Gannett (Innovation-mediaconsulting).
2 commentaires:
17 fois raison !!! Mais avec une nuance pour le 5 et le 17, car pour moi la véritable différence c'est que Gannett paye pour créer son propre contenu alors que Yahoo!, et dans une plus grande mesure Google, payent pour développer des pompes à contenus pour fabriquer du service, bien plus rentable.
Par exemple, Google, à partir de son index a compilé la liste exhaustive de tous les restaurants français (adresse, numéro de téléphone et parfois données descriptives). Ce service (http://maps.google.fr , utiliser l'onglet entreprise et taper restaurant Bordeaux par exemple) a donc été réalisé à partir des contenus originaux produits par une quinzaine d'éditeurs, sans qu'il leur soit versé le moindre cents (me dites pas que Google Maps génère du trafic ;o). Je n'ai pas encore lu quoi ce soit la dessus alors si le coeur vous en dit, ça vaudrait vraiment le coup !
En résumé, un développeur génère plus de marge qu'un journaliste ;)
Vrai pour Google (même si rien n'empêche les médias d'utiliser les Google Maps à leur compte pour réaliser leurs propres pages jaunes et autres mash-ups), un peu moins pour Yahoo qui embauche des journalistes, produit du contenu et paie les agences de presse.
Néanmoins, à ces nuances près, vuos avez globalement raison.
Développeur est un beau métier (et mieux payé)...
Enregistrer un commentaire