J'étais hier à Paris où j'étais allé, entre autres, écouter Pierre Chappaz, ex fondateur de Kelkoo, parler de l'avenir des médias dans l'univers anarchique du Web 2.0. Qu'est-ce que le Web 2.0 ? C'est le consommateur, le télespectateur ou le lecteur qui prend le pouvoir.
Pierre Chappaz est venu présenter son nouveau jouet, "Wikio", le moteur de recherche d'infos, dont la sortie officielle est annoncée pour lundi prochain. Wikio propose une approche destructurée de l'info, en abolissant toute hiérarchisation par les journalistes (ce sont les internautes qui votent pour les sujets les plus pertinents), et en mêlant les actus provenant des médias traditionnels et celles des blogs. Pour l'avoir vu fonctionner, le système a été suffisamment bien pensé pour éviter le désordre façon "digg.com". Au contraire, Wikio apporte un vrai "plus" aux internautes, en élargissant leur horizon d'informations et d'expertise. "Les blogueurs ne sont pas journalistes, mais ils peuvent apporter une vraie expertise sur certains sujets qu'ils connaissent, et il serait dommage de s'en priver", commente Chappaz, qui a équilibré son moteur de recherche par tout un système de pondérations et de sources pré-sélectionnées (dont 10.000 blogs). Après son lancement en France, Wikio s'attaquera cet été au marché britannique, allemand, italien et espagnol. Puis à celui, déjà très concurrentiel, des Etats-Unis.
Pierre Chappaz est aussi venu parler de son protégé Netvibes, l'une des plus belles progressions de l'histoire de l'Internet, en terme d'utilisateurs. Et les deux projets, s'ils sont très différents, suivent la même voie. Netvibes est un bureau virtuel sur Internet, une sorte de page d'accueil qui vous permet d'installer tout ce dont vous avez besoin : infos nationales, locales, météo, photos de vos amis. C'est un super lecteur RSS, doublé d'une application multitâches, personnalisable à l'infini.
Et si vous supperposez les deux outils, vous comprenez que le futur se situe quelque part par là. Car si vous y regardez de plus près, vous vous dites : mais où est-ce qu'ils mettent les médias, dans tout ça ? Où plutôt : quelle place allons-nous, lecteurs, laisser aux médias, si nous pouvons nous fabriquer notre propre média ?
Eh bien, suggère Pierre Chappaz, les médias vont disparaître sous leur forme actuelle. "Le média 2.0 ne sera plus un diffuseur de contenu" (ce sont les agrégateurs comme Netvibes et les moteurs de recherche qui joueront ce rôle). "Le média sera un producteur de contenus, une marque".
"Le média, c'est vous", c'est d'ailleurs le slogan de Wikio.
Avec le web 2.0, "les médias sont confrontés à une nouvelle distribution des contenus", explique Pierre Chappaz. "Le média n'est plus tout seul, il est au milieu d'un océan. Mais il peut mettre des crochets sur le chemin de navigation de l'internaute" Les crochets étant les flux RSS, les podcasts et le référencement auprès des moteurs de recherche, qui permettent à l'internaute, depuis son Ipod, sa page d'accueil Netvibes ou depuis son bureau Vista, d'accèder à son information sans passer par la homepage des médias traditionnels.
Puisque la distribution leur échappe, l'avenir est aux médias qui ne se contenteront pas de fournir du contenu, mais qui sauront se rendre utiles :
- en aidant l'internaute à naviguer dans cet océan d'infos, c'est à dire en lui proposant de nouveaux outils. Et je fais confiance à l'imagination légendaire des patrons de rédaction pour s'investir dans ce challenge.
- en s'occupant de leurs communautés, s'ils en ont une, en investissant dans le "social networking".
Avec son projet "Buzz", TF1 est d'ailleurs en train de préparer une petite révolution dans ce domaine...
2 commentaires:
Bonjour, juste une précision qui a son importance: la distribution des contenurs medias devient aussi indirecte via les rss et des services à valeur ajoutée tels que wikio ou netvibes, mais n'oublions pas que pour LIRE un article, il faudra toujours aller sur le site de l'éditeur.
Au final, les media seront donc mieux référencés sur internet, et leur audience en bénéficiera. Il n'y a aucune opposition entre l'émergence de services de recherche (wikio) ou de super-lecteurs rss (netvibes), et le développement de l'audience des medias. Je crois même avoir expliqué en quoi les medias s'ils choisissent l'ouverture dans deux domaines: 1/ l'interaction avec les internautes= possibilité de commentaires sur les articles et de blogs et 2/ stratégie efficace de distribution indirecte, peuvent être les potentiels gagnants du web2.
Merci pour ce long post anyway.
Je n'ai pas dit le contraire. Des services comme Wikio où Google News servent de "Une" électronique aux infos fournies par les médias. Avec d'ailleurs presque autant de règles éditoriales que l'on en a pour un journal papier. Un representant de Google France m'expliquait d'ailleurs la semaine dernière que pour que les
internautes cliquent sur l'info (et aillent donc sur le site de l'éditeur) il fallait un titre et au moins deux ou trois lignes. Pas moins. "Il faut un
minimum de contenu pour donner envie au lecteur d'en savoir plus."
On sait que les moteurs de recherces sont une source colossale d'audience pour les sites d'éditeurs. La plupart des internautes ne passent d'ailleurs plus par la homepage des journaux. Ce qui oblige ces derniers à revoir complètement l'architecture de leurs sites.
Les médias sont bien en train de perdre le contrôle
de la distribution.
Mais il y a évidemment aussi énormément d'opportunités à saisir pour eux, vous avez raison.
Enregistrer un commentaire