A lire ce matin le dernier édito -émouvant et historique- du patron co-confondateur de Libération (ici). Serge July quitte le journal et dresse en guise de révérence un portrait assez juste et pessimiste de la presse quotidienne française.
Juste mais, il me semble, tellement arc-bouté sur le papier... Le "Papier", cette matière magique à laquelle nous sommes encore, nous les gens de la presse, irrationnellement attachés.
Le quotidien d'informations "n'est plus viable économiquement dans sa forme ancienne", constate Serge July. "Il a besoin d'être soutenu financièrement par des activités bénéficiaires externes".
C'est le mot "externe" qui me gène. Tout comme me gênait le concept du bi-média tel qu'il avait été inventé par Libé. Bi comme deux, et pas un... : Le "multi-média" (dans le sens de multi-supports) est-il tellement externe au concept de journal qu'il ne parviendrait pas à en être le moteur, la philosophie de développement principal ?
Libération "affronte, comme tous les quotidiens généralistes payants dans le monde, le maelström de la révolution numérique, qui est, en plus intense, en plus violent, en plus rapide, ce que furent toutes les révolutions industrielles, lorsque chaque jour venait bouleverser l'ordre précédent des choses. C'est le propre de toutes les révolutions véritables, ce qui les rend à la fois dramatiques et excitantes." Libé, ex-quotidien révolutionnaire, survivra-t-il à cette révolution-là ? Il n'en prend pas le pas. Même si un certain nombre de fonctionnalités web 2.0 vont bientôt apparaître sur le site du quotidien (lire le post de Pierre Chappaz ici).
La "production de contenus signés Libération" coûte cher, calcule July. Elle ne suffira pas, d'ailleurs. Des marques aussi emblématiques que Libé ne peuvent pas se contenter de n'être que des producteurs de contenus.
Il est intéressant de noter que la plupart des journaux qui, dans le monde, ont choisi l'audace face à Internet (production multimédia, network social, web 2.0, commentaires, citizen journalism...), sont aujourd'hui en pleine croissance : ils gagnent de l'argent et augmentent leur pénétration du marché. Pourquoi pas la presse française ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire