C'est la motivation initiale de ce blog. Tester de nouvelles formes de journalisme. Comprendre comment Internet et la blogosphère peuvent remettre en cause et/ou enrichir notre métier.
La question est devenue banale. Le quotidien Libération, entre autres, la pose régulièrement à ses lecteurs. Normal: leurs ventes baissent et Libé est un journal qui se veut dans l'air du temps. Sauf qu'acheter un journal, ce n'est plus vraiment dans l'air du temps. Alors on s'interroge, maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait de ça ? Parce que s'il reste des quotidiens qui parviennent encore à remonter leurs chiffres de vente, tout le monde sait qu'il y a quelque chose de pourri dans le système et que, à terme, il faudra bien trouver une solution.
Car la question n'est plus seulement celle de la gratuité de l'info sur le Net (et aussi sur le papier, d'ailleurs, mais ce n'est qu'une conséquence de l'effet Internet), mais surtout celle de la notion même d'information qui est en train d'évoluer. On le sait, et j'enfonce encore de grosses portes ouvertes, le journaliste n'a plus le monopole de l'information, il n'est plus le témoin privilégié (et éclairé) de l'événement. On lui refuse même maintenant le monopole de l'analyse de l'actualité. Quand Paris Match a publié des pages entières de photos d'amateur des attentats de Londres, prises avec un téléphone portable, nous avons tous compris qu'une étape avait été franchie. Rien de scandaleux, d'ailleurs, les documents étaient bons et avaient valeur d'info.
Cyril Fievet, redac chef du mag Pointblog sur Internet (Libération 20/08/2005): Les photos et textes des amateurs n'ont aucune valeur journalistique, dit-il, «mais cela ne veut pas dire qu'elles n'ont pas de valeur. Ces images ou ces textes ont la valeur de ce qu'on vécu des citoyens. Le citoyen relate ce qu'il voit. »
Soit.
Au journaliste donc de traiter, de recouper cette nouvelle matière informative. Rien de vraiment nouveau, d'ailleurs, la presse régionale (PQR) le fait depuis cinquante ans. La grande majorité des articles publiés par la PQR sont écrits par des correspondants locaux, c'est à dire par des non professionnels. Ces articles amateurs sont censés être repris par des journalistes professionnels avant publication.
Oui mais ...
Oui mais il y a dans le phénomène Internet (dans lequel j'inclus les forums, les blogs, les podcast, les sites Wiki...) un ferment qui révolutionne complètement notre manière d'aborder et de produire l'info. Les médias traditionnels sont non seulement en train d'être ringardisés mais, surtout, ils prennent de plus en plus le risque de passer à côté de l'information, parce que la notion même d'information a changé. L'info n'est plus une donnée qu'on s'échange, elle est déjà un échange. Elle inclut les notions de réseau, de lien, de vécu inividuel... bref, tout ce qu'on ne trouve pas dans un quotidien.
Notre problème à nous, journalistes, n'est pas de savoir comment nous pouvons sauver notre métier ou nos supports. Mais de nous interroger sur cette matière vivante qu'est devenue l'info et d'essayer de comprendre comment nous pouvons l'aborder, l'enrichir et même la stimuler. Car si notre rôle n'est plus d'informer il est encore de traiter, de décrypter, de donner à réfléchir, à savoir... et à s'émouvoir.
Au fond, il y a encore un grand vide dans tout ça. Et donc une vraie terre d'exploration pour les journalistes de demain. D'où qu'ils viennent: de l'info amateur, ou des médias traditionnels.
Question: comment on fait ?
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