lundi 30 janvier 2006

Medias, la révolution numérique

J'ai participé en novembre 2005 à un colloque, organisé par les Echos, sur les médias et le numérique. Cher, mais passionnant, malgré le ton très grand public et conf de presse donné à l'ensemble de la journée. On a surtout assisté à des échanges symptomatiques de la "rupture" entre iconoclastes du numérique, et gestionnaires prudents campés sur leur territoire.

Morceaux choisis :

Sur la publicité:

Michel Granjean, Pdg de MPG France :

"En matière de publicité, le concept de l'audience est condamné d'ici deux à
trois ans (il sera remplacé par celui d'efficacité)".


Gérard Noël, vice PDG d'UDA :

"Nous avons encore notre révolution culturelle à faire sur Internet"


Fred, de la boîte de pub "Marcel" :

"La vraie publicité, c'est le site Internet qui génère de l'audience (ex la pub
Internet pour le poulet de Burger King). La pub traditionnelle est morte.
Plus personne n'est obligé de regarder une pub. La pub, c'est le moment le plus
chiant à la télé. C'est le seul espace où l'on va à l'encontre des règles
de l'audimat. Il faut créer un programme qui doit être intéressant au-delà
du produit. On assiste aujourd'hui un rapprochement entre le monde de
l'entertainment et celui de la pub".


Xavier Romatet, Pdg Tribal DDB :

"Internet n'est pas qu'un média. C'est un événement encore plus important
que l'arrivée de la télé. C'est à la fois un espace de diffusion, un espace de
vente, et un espace de rencontres. La tendance d'aujourd'hui est d'inverser la
vapeur: le Web devient au coeur de la campagne pub."


Xavier Romatet :

"Je me demande pourquoi il y a encore des directions Internet dans les
entreprises" (Internet est aujourd'hui au coeur des stratégies des
entreprises)
Matthieu de Lesseux, Duke Interactive : "30% des gens qui
achètent une voiture en Europe ont fait le choix sur Internet. Chez Nissan, 80%
des contacts concessionnaires viennent d'Internet. Les entreprises ne peuvent
plus ignorer cette réalité".


Michel Grandjean :

"Avec la 3G, le mobile va devenir un média de masse".


Sur la presse


Quelques chiffres :
- Site du Financial Times : principe base
gratuite + service payant. Ressources 1/3 abonnement, 1/3 publicité,
1/3 redistribution de contenus (archives...). 4 millions de visiteurs
uniques / mois, 82.000 abonnés (version papier: 430.000 ex./ jour, 1 million de
lecteurs).
- Site du Monde.fr: principe base gratuite + service payant.
Ressources 40% abonnement (à 6€ par moi), 38% publicité, 22% redistribution de
contenu. 4,5 millions de visiteurs uniques, 77.000 abonnés. Chiffre d'affaires:
8,6 millions d'euros (prévision année prochaine: 10 à 11 millions d'euros).
-
Yahoo France : principe d'info/ entertainment, parfois
exclusive, achetée à des tiers (AFP, médias traditionnels,
pigistes) mais diffusée gratuitement. Ressources 35% services payés
par internaute, 65% publicité. 9 millions de visiteurs uniques (mais 18 millions
de francophones). 2 millions viennent sur Yahoo pour les infos (la majorité
vient pour le moteur de recherche, les autres pour le service mail, et enfin
pour l'info).


Débat :

Bruno Patino, président du Monde.fr, auteur de "Une presse sans Gutenberg", ed. Grasset :

"Internet, c'est l'univers de la concurrence pure et parfaite. Il y a donc une
tendance vers la gratuité, si et seulement si le contenu est substituable" (autrement dit, si l'info est exclusive, on peut faire payer. Analyse
contestée par la plupart des intervenants qui prévoient tous la
gratuité).


Olivier Fleurot, Managing Director, Financial Times Group :

"Le débat gratuit/ payant on l'a eu parce qu'on avait le même contenu sur le
papier et sur le Web. Les nouveaux produits spécifique Web que nous allons
développer seront gratuits".

Olivir Fleurot : "

Ce que nous connaissons aujourd'hui ne sera sans doute pas le modèle de demain.
Au débeut, nous avons mis nos mots sur le Web et on essayait de trouver un
équilibre économique viable. Nous allons désormais aller vers une deuxième phase
de développement et utiliser les capacités réelles du Web. En développant
l'interactivité et en porposant une plateforme permettant aux lecteurs
d'interagir entre eux (créer une communauté)."

Olivier Fleurot :

"L'internaute est né avec les jeux vidéo, il n'aime pas rester passif face à
l'info".


Olivier Fleurot :

"Au Financial Times, nous ne parlons plus de journaux ou de site Web, nous
voulons être la meilleure source d'information et d'analyse". (concept de
multicontenu et multidiffusion)

Olivier Fleurot :

"Actuellement, 10% de nos revenus viennent du numérique. En 2008, ce sera sans
doute 40%."

Olivier Fleurot :

"Quand on cherche une info, on va d'abord sur un moteur de recherche, pas sur
le site d'un journal".

Antoine Duarte, Directeur général de Yahoo France :

"L'achat de contenu, c'est le deuxième poste chez Yahoo (plus de 600 sources
d'infos). Donc sur l'avenir du contenu journalistique, je crois qu'il n'y a pas
de débat. L'information a un coût. Mais ce n'est pas une raison pour le faire
payer à l'internaute".

Antoine Duarte (à propos d'une réflexion de Bruno Patino sur le fait de faire payer l'info parce qu'elle est exclusive et de qualité) :

"Je ne crois pas que l'on puisse parler de bonne ou de mauvaise info à ce sujet.
Si les internautes viennent en majorité chez nous pour lire des infos, c'est
qu'ils estiment qu'elle est de qualité".

Aucun commentaire: