dimanche 29 janvier 2006

Gratuité chérie

Pourquoi acheter un journal alors que je peux trouver l'essentiel de l'info gratuitement sur Internet, à la télé, ou dans les journaux gratuits ?
Quelle plus-value apporte aujourd'hui la presse payante pour justifier l'achat d'un quotidien ?
Cet argument selon lequel la presse gratuite serait du sous-journalisme ne tient plus. Parce qu'aujourd'hui, les gratuits se comportent de plus en plus comme de vraies rédactions et que les payants s'embourbent dans des modes de fonctionnement qui plombent leur créativité. La qualité n'est plus l'apanage de la presse payante.
Pire, les journaux gratuits ont démasqué la pauvreté rédactionnelle de certains journaux payants. Les pages d'informations générales (actualité nationale et internationale) d'un quotidien régional sont constituées à 80% de dépêches AFP, et ses pages locales sont assurées, dans les mêmes proportions, par des correspondants locaux (non professionnels). Où est la plus-value ?
Et demain, ne nous voilons pas la face, l'actualité hyperlocale (des petites communes) sera proposée gratuitement sur Internet. On en trouve déjà quelques exemples.

Nous survivons aujourd'hui grâce à un lectorat fidèle, mais vieillissant. La nouvelle génération ne suit pas. Ou achète le journal occasionnellement.

Pour s'en sortir, la presse locale doit donc offrir autre chose. De l'info exclusive, de l'info qui dérange, de l'info utile à la communauté.
Il ne s'agit plus seulement d'être un "bon" journal, d'être "complet", d'offrir "plus d'infos". Nous ne sommes plus un service public, si nous l'avons jamais été.

Une seule révélation à la Une peut justifier l'achat d'un journal. Et une par jour, c'est suffisant. Une révélation se valorise et mérite son prix. Pas la peine de la vendre en vrac avec d'autres révélations.
Dans un quotidien, un seul bon titre en Une est capable de faire varier très sensiblement les chiffres de vente, et de capter les lecteurs occasionnels (qui ne seront sans doute jamais fidèles). Que va me révéler mon journal aujourd'hui ? Qu'allons nous révéler à nos lecteurs demain matin ? Rien ? Alors pourquoi vendre nous ? Pourquoi ne pas le donner ?

Nous devons donc faire en sorte que ce que le lecteur paie, c'est bien l'info exclusive et non pas l'info qu'il peut trouver gratuitement ailleurs. Maintenant, allez acheter votre journal local, et faites vos comptes...

Nous devons passer du journalisme local exhaustif et pépère au journalisme local de "coup".

Voilà pour la première étape. La seconde ? Pourquoi vos anciens lecteurs disaient-ils "mon journal" lorsqu'ils parlaient de leur quotidien régional ? C'est quoi "mon journal" pour le lecteur d'aujourd'hui ? Voilà un bon sujet de réflexion.

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