La presse quotidienne vit une véritable crise. Ce n'est pas nouveau. Elle est comme un paquebot géant, puissant mais difficile à manoeuvrer. Et également capable de couler d'une traite sitôt la coque entamée. C'est le syndrôme du Titanic. Nous en vivons les prémices.
Rares sont les journalistes qui, en presse quotidienne régionale, ont pleinement conscience du danger. Rares sont ceux qui voient venir l'iceberg. Leur journal peut-il disparaître un jour ? Personne n'ose n'y croire. Et pourtant... Voyez le Progrès de Lyon. On n'a jamais été aussi proche du point de rupture, du point de non retour. Affaibli par se nouvelle formule (qui a agi comme un révélateur), il est comme une tortue sur le dos. Vieux malgré l'habillage. Fier, puissant, mais incapable de bouger rapidement devant l'obstacle. Il y a toute une culture à modifier. Et il est peut-être déjà trop tard.
Pour autant, la messe est-elle dite en PQR ? Non. Le seul modèle viable aujourd'hui doit se construire sur la base de trois pivots: payant/ gratuit / communauté numérique.
1/ Une tête de pont, le journal papier payant. Qui peut et doit survivre, parce que le lecteur a besoin d'un média palpable, concret, structurant. Un média d'excellence et léger, qui lui apporte l'éclairage, l'exclusivité, le lien. Mais ce n'est pas ce média qui fera vivre l'entité journal demain. Par contre, il faut continuer de le soutenir.
2/ Pour ce faire, il y a d'abord le second pivot: la presse gratuite, dont la PQR doit s'emparer. Parce qu'elle correspond aussi à une demande, spécifique, plus diluée. Presse quotidienne ou hebdomadaire, elle doit permettre au média de maîtriser le marché et de s'y adosser pour ne conserver dans le payant que l'essentiel et la révélation. C'est là notamment que l'on doit retrouver l'info service gratuite, le zapping de l'actualité.
3/ Enfin, le média doit s'appuyer sur le maillage numérique du territoire. Un portail régional qui porte une communauté, apporte de nouveaux services, une nouvelle interactivité et de nouveaux utilisateurs.
Ces trois pivots doivent fonctionner ensemble. Dialoguer ensemble. Le premier doit rester la tête de pont du paquebot, les deux autres vont aller chercher la matière et le maillage nécessaire pour rendre l'entreprise rentable. La publicité doit se tourner vers ces deux nouveaux médias, c'est là qu'est l'avenir. L'identité du journal, elle, passera par le média papier payant, dépouillé, fier et nerveux.
On pourrait ainsi imaginer une solution basée sur un tri-média. Un quotidien condensé, nerveux, combatif, qui donne de l'exclusivité, donne la parole, réveille le débat et révèle l'actualité. Un média hebdo ou quotidien gratuit aspirateur de pub et de lectorat, mais qui soit structurant et complémentaire. Et un maillage numérique ambitieux, via un portail internet basé sur l'échange, l'agrégation d'infos, et la communauté. C'est un modèle économique viable, qui redonnerait de la souplesse, de la fierté, de l'énergie et de la puissance à l'ensemble.
1 commentaire:
A vos ordres mon capitaine, alors quand est-ce qu'on met les voiles vers ta destination médiatique idéale?
Enregistrer un commentaire