A lire, le post de Jeff Mignon sur les blogs d'infos hyperlocales (ici).
Il y évoque
passionnante de cette ancienne chroniqueuse du NY Times qui a lancé, avec deux collaborateurs, le blog local "Barista of Bloomfield ave." (ici).
Le site est alimenté à la fois par les journalistes et par les lecteurs/internautes ": Lorsqu'il se passe quelque chose, ils vont voir sur le site si nous avons l'info. Si nous ne l'avons pas, il nous envoient une note", raconte l'éditorialiste (ici). Le succès de ce blog est le résultat d'une alchimie qui pourrait faire pâlir d'envie tout vrai journaliste local (info de voisinage, impertinence, interactivité, info pratique). Mais il vient aussi et surtout de la "manière" avec laquelle l'info est abordée.
Debra Galant, la redac chef, raconte l'un des ses premiers papiers: elle prend en photo les maîtres nageurs en train de jouer aux cartes ensemble au lieu de surveiller les enfants. Et elle poste la photo, titrant "c'est tellement mieux de se surveiller les uns les autres"... Les maîtres nageurs n'ont pas apprécié. Les mamans du quartier ont adoré. On retrouve ici la fraicheur, la pertinence qui manque aujourd'hui cruellement aux pages locales des quotidiens régionaux.
Est-ce à dire que les blogs sont mieux adaptés que les journaux pour créer cette dynamique d'info locale ? Oui, mais pas seulement. Ce que je remarque en premier lieu, c'est que le blog est tenu par des journalistes. Ce sont eux qui lui donnent son dynamisme et sa pertinence. Et ils le font parce que ce sont des journalistes que j'appelle "conversationnels", dans le sens où ils sont en échange permanent avec les habitants. On peut évidemment appliquer cet état d'esprit (qui est aussi une méthode de travail) en presse quotidienne régionale. Mais le journalisme hyperlocal est compliqué à développer en presse régionale parce qu'il demande de redéployer un nombre important de journalistes sur la petite locale (et de les faire travailler autrement, ce qui est encore plus compliqué).
Ce qui revient à dire: on remet les journalistes là où l'on a besoin d'eux. On les met dans les quartiers, les petites communes, et on les fait enquêter sur tout ce qui intéresse vraiement les habitants, sur tous ces petits tracas qui polluent notre vie quotidienne ("pourquoi il se passe cela et personne ne fait rien ?", "Qui est censé s'en occuper ?", "pourquoi ce gamin de 11 ans traine-t-il toujours dans la rue ?", "le maire a dit ça, mais dans ma rue il se passe tout le contraire" etc.). Et on en tire en général des histoires incroyables... Et on règle parfois des problèmes. Et le journal devient enfin "utile" à ses lecteurs. Sauf qu'il faudrait plus de journalistes. Plus la sauce prendra, plus il faudra de journalistes. Ce qui n'est pas rentable. Ce qui manque donc, c'est le modèle économique. En PQR, en tout cas.
Et c'est justement ce que je trouve intéressant dans l'expérience du blog hyperlocal. C'est qu'il dispose d'un vrai modèle économique, avec une autonomie qui lui permet d'adapter ses moyens au trafic généré par le site (et à tous les services que l'on peut imaginer autour de ce trafic).
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