Les chiffres de l'Audit Bureau of Circulations (l'équivalent de l'OJD français) révèlent une forte rupture entre les destins des petits journaux de "province" et ceux de leurs grands frères. Outsell explique cette différence de vitalité par l'impact d'Internet. Là où les infos locales sont disponibles sur Internet, les grandes villes, les versions papier des journaux ont du mal à se vendre. Par contre, là où les quotidiens ont le monopole de l'info, les petites villes, les chiffres sont meilleurs :
"In these areas there isn't much alternative to the local newspaper for local news, and the news aggregators--Yahoo Local or MSN Local, for example--really need to have a local news partner to have an effective local news offering" (Ken Doctor, analyste chez Outsell).On ne peut pas s'empêcher de faire la comparaison avec la presse quotidienne régionale française, dont l'essentiel des éditions correspond à cette définition de presse hyperlocale. Elle conserve, pour l'instant, un monopole sur l'information dans les petites villes.
Doit-elle donner l'accès gratuitement à cette info sur le Net , afin d'occuper le terrain, alors qu'elle est encore la seule à la délivrer ? Le débat est ouvert.
En France, la plupart des quotidiens régionaux ont choisi l'option payante pour la petite locale, quand ils la publient sur le Net. La plupart... sauf le plus gros d'entre eux: Ouest France, qui donne presque tout (via ses sites "Ma ville") et a freiné, dans le même temps, l'érosion de ses ventes. A voir aussi, le site de Sud Ouest, qui propose sa petite locale gratuitement, ou encore "La dépêche du Midi" qui offre les articles du jour. Le Bien public diffuse aussi de la petite locale gratuitement.
Sur son blog, Jeff Mignon liste les arguments en faveur du passage au gratuit (ici), et délivre quelques chiffres :
"Beaucoup de quotidiens locaux qui ont parié sur la gratuité, dès le départ, gagnent de l'argent. Par exemple, les sites des quotidiens américains ont dégagé en 2004 une profit moyen de 68 % sur leurs opérations internet après impôts, amortissements et dépréciations. Seulement 35 des 1500 sont payants. (...) Les annonceurs semblent suivre. Les sites des journaux américains ont capté 4 milliards de dollars des 17 milliards dépensés en ligne (+34% en 2005)"Sur le cannibalisme de l'Internet sur le papier :
"Une façon d'analyser le sujet est de regarder la progression des ventes des journaux sur 20 ans. Aux US et en Europe du Nord, où l'info locale est gratuite sur la majorité des sites, on ne note pas de rupture particulière dans l'évolution des ventes depuis l'arrivée du gratuit en ligne. L'un des journaux pour lequels nous avons travaillé aux US a réalisé une étude sur le sujet. Il a trouvé que moins de 5% des lecteurs de son site internet lisent un journal papier payant. Qui plus est, son audience en ligne explose alors que ses ventes restent au même niveau."
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