lundi 19 juin 2006

Après Wikio, Netscape attaque le nouveau marché des news interactives

Sommes nous à l'aube d'une nouvelle ère de médias Internet ?
Alors que le moteur de recherche de news, Wikio, créé par Pierre Chappaz, ouvre ses portes ce matin (lire mes posts ici et ici), le navigateur mythique des premiers temps d'Internet, Netscape, annonce sa reconversion dans l'info interactive.
Ce "Netscape 2.0" permettra aux internautes de proposer des news (articles, photos, vidéos), qui seront ensuite sélectionnées par une équipe de journalistes avant d'être mises en ligne. Les news seront ensuite soumises au vote des internautes pour hiérarchiser la "Une". AOL (qui a racheté Netscape) a embauché 8 journalistes à plein temps et 15 à mi-temps, pour animer le site, vérifier les informations, converser avec les contributeurs (citizen journalists) et développer éventuellement l'information.

Wikio se démarque un peu de ce principe, puisque les news (texte et podcasts) ne sont pas sélectionnées par une rédaction mais récupérées automatiquement par algorythme à partir d'une liste de sources (environ 10.000), avant d'être soumises au vote des internautes. Néanmoins, le service comporte lui aussi un volet "citizen journalism" : les membres inscrits ont la possibilité de soumettre leurs articles.
Wikio, qui se veut exhaustif, manque encore un peu de précision sur les news spécialisées mais il est le premier en France à combiner les articles des médias traditionnels (façon Google News) et les posts des blogs (façon Digg).
Quoi qu'il en soit, il faut s'attendre à voir se développer à l'avenir ce nouveau type de média interactif. Pas impossible non plus que les journaux s'y mettent. Ou s'en inspirent...

- Site de Wikio : ici. Lire également sur le sujet l'analyse publiée sur "Le web 2.0 en action" (ici), Techcrunch (ici) et celle de Pierre Chappaz (ici).
- Site beta de Netscape : ici. Lire également les posts de Publishing 2.0 sur Netscape (ici) et de jouranlism.co.uk (ici)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que nous ne sommes pas à l'aube d'une nouvelle "ère de médias" pour une raison simple: tous ces services apportent essentiellement des alternatives en matière de distribution de l'information mais ne répondent pas à la question de sa production (le volet citizen journalist étant à mon avis le moins convaincant de leur offre).
Bref on améliore chaque jour la fluidité des circuit de diffusion, on s'adapte aux nouveaux supports mais le modèle économique de la valeur ajoutée de l'information se décide toujours en amont de ces services. A quoi bon avoir toujours plus de distributeurs si les sources d'information exclusives se font toujours plus rares.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis complètement d'accord avec le commentaire d'Emmanuel. La nouveauté apportée par les technologies web, 1.0 ou 2.0, est la désintermédiation et l'émergence d'acteurs qui se contentent de distribuer des contenus sans intervenir dans leur production.
Il y a sans doute pas mal de choses qui ont évolué dans les rédactions côté production avec l'introduction des NTIC : utilisation du mail, des newsletters et autres fils RSS; dans les rédactions web, écriture plus concise et directe, rubricage, utilisation du multimédia (audio, vidéo, infographies, etc.).
Il reste que pour que l'ensemble tienne debout, on a toujours besoin (et peut-être plus qu'avant) de journalistes professionnels, capables de produire une information pertinente, bien écrite, vérifiée et bien balancée.

Par ailleurs, ces outils sont très séduisants, mais ils doivent trouver leur place par rapport à des aggrégateurs de flux tels que Netvibes ou Live, qui permettent d'accéder aux contenus sélectionnés par le lecteur.
A l'usage, je les trouve intéressant pour la découverte, l'exploration d'infos, ce qui est trop consommateur en temps pour l'utilisateur lambda qui souhaite "savoir ce qui se passe" au moment de sa connexion.
Mais peut-être avez-vous un avis différent du mien ?!

Benoit Raphael a dit…

Je suis d'accord, sauf lorsque vous dites "qui se contentent de distribuer". Ce n'est pas rien !

La distribution du contenu fait partie intégrante du modèle économique des médias actuels.

Nous avons toujours vécu avec un modèle de médias à la fois producteur et distributeur du contenu. On assiste aujourd'hui à une redistribution majeure des rôles. C'est en cela que l'on peut parler, je pense, de "nouvelle ère".

Reste le contenu, dont ne s'occupent effectivement pas ces super lecteurs RSS et autres moteurs de recherche de news comme Netvibes, Google ou Wikio. Ils jouent d'ailleurs plutôt le rôle d'apporteur d'audience pour ces contenus (lire à ce propos le commentaire de Pierre Chappaz sur mon post de mercredi dernier (ici)).

Evidemment, il reste toujours la question du contenu. Sans contenu pas de distribution.Et il faudra toujours des journalistes pour le produire, nous sommes bien d'accord.
D'ailleurs, ce ne sont pas les journalistes qui sont en crise aujourd'hui, mais les médias...
L'avenir est donc certes aux journalistes, mais il est aussi aux médias traditionnels (les quotidiens régionaux en tête, j'en suis convancu) qui auront su trouver leur place dans ce nouvel ordre médiatique.